Environnement et vérité : la menace pèse sur les journalistes
L’organisation cite treize cas de journalistes et de blogueurs tués, agressés, emprisonnés, menacés de mort ou censurés pour avoir traité de problèmes environnementaux .
Elle rappelle la nécessité d’une presse libre pour résoudre les défis écologiques .
Lai Baldé, journaliste guinéen, vit sous la menace. Tamer Mabrouk, blogueur égyptien, fait l’objet d’une procédure judiciaire. Le journaliste russe Grigory Pasko a passé quatre années en prison. Son confrère ouzbek, Solidzhon Abdurakhmanov, vient d’être condamné à dix ans de prison. Victime d’une agression, Mikhaïl Beketov, un journaliste russe, a perdu une jambe et plusieurs doigts. Maria Nikolaeva, reporter en Bulgarie, a été menacée d’être aspergée d’acide. Joey Estriber, journaliste philippin, a disparu depuis 2006… autant de journalistes qui tentent ou ont tenté de faire leur travail correctement sans le pouvoir.
Gaspillage des ressources naturelles : un sujet sensible
» En Birmanie, la question est réglée de façon plus radicale encore. Le Bureau de la censure militaire supprime des journaux toute référence gênante à la déforestation . Pour le plus grand bénéfice des entreprises chinoises « , note RSF .
Aux Philippines, Joey Estriber, animateur du programme radio « Pag-usapan Natin » (Parlons de ça !) sur la radio locale DZJO, dans la province d’Aurora (nord-est de Manille), a disparu depuis mars 2006. Kidnappé par quatre hommes, il n’a jamais reparu. Joey Estriber était connu pour ses dénonciations de la déforestation. Dans son programme, il revenait sur l’abattage intensif d’arbres mené par des entreprises bénéficiant de soutiens au sein de l’administration.
Autre exemple de gaspillage catastrophique de ressources naturelles que les autorités locales tentent de masquer : la destruction de la mer d’Aral. En juin 2008, le journaliste ouzbek Solidzhon Abdurakhmanov est arrêté au Karakalpakstan (Ouest), région autonome de l’Ouzbékistan. Accusé de trafic de drogue, il est condamné séance tenante à dix ans de prison.
Dénonciation de pollutions : source de menaces
En Chine, Wu Lihong a été condamné à trois ans de prison pour avoir alerté les médias chinois et internationaux de la pollution qui frappe le lac Taihu, le troisième plus grand lac de Chine. Il dénonçait sur Internet l’asphyxie du lac par des rejets industriels sauvages.
Rigory Pasko a reçu le prix Reporters sans frontières, Fondation de France en 2002 pour son combat contre la censure. Ce journaliste russe travaillait pour le magazine écologique Ekologiya i pravo. Il a été incarcéré pendant vingt mois, entre 1997 et 1999, avant même d’avoir été jugé, puis condamné en 2001 à quatre ans de prison ferme pour espionnage et haute trahison. La justice l’a reconnu coupable d’avoir illégalement participé à une réunion de l’état-major de la marine afin de recueillir des informations classées secrètes et de les transmettre à des médias japonais. Il avait rendu publiques des images de déversement de déchets radioactifs liquides par la flotte russe en mer du Japon.
» Partout, des journalistes prennent des risques pour éveiller les consciences. Il faut qu’ils puissent continuer, malgré les pressions. Ce rapport vise à dénoncer l’indifférence de certaines autorités qui négligent trop facilement la protection des journalistes qui défendent le droit des citoyens à être informés sur les atteintes à l’environnement « , souligne RSF dans son rapport.
Téléchargez le rapport » Journaliste environnementaliste, un combat périlleux » et retrouvez le dans l’album » 100 photos de Nature pour la liberté de la presse « .
Emilie Villeneuve