Nocivité des ondes sur la santé : le doute est confirmé
Depuis 2007, l’Afsset a été chargée de mettre à jour sa dernière étude (datant de 2005) sur les effets de la téléphonie mobile sur la santé . L’agence a étendu son analyse à l’ensemble du domaine des radiofréquences. Elle a passé en revu WiFi, Wimax, téléphones sans fil (à la maison), ou encore radio. Un comité d’experts a épluché 3 500 références publiées depuis quatre ans.
» Il était préconisé d’identifier avec la plus grande attention les préoccupations de la société civile et de contribuer ainsi au débat public sur ce thème « , note l’Afsset qui a montré que » le niveau de preuve n’est pas suffisant pour retenir en l’état des effets dommageables pour la santé comme définitivement établis « . Elle juge néanmoins que ces effets » constituent des signaux indéniables « .
Pour l’Afsset, le travail a fait se confronter les pensées des scientifiques, des parties prenantes et des lanceurs d’alerte.
» Les sciences humaines ont été prises en compte dans le processus d’expertise. Enfin, pour la première fois un observateur issu du monde associatif aura suivi l’intégralité des débats. «
Télécharger le rapport de l’Afsset .
Une réduction des expositions aux ondes électromagnétiques est préconisée
L’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail reconnaît pour la première fois dans ce rapport l’ » incertitude scientifique » liée aux effets des ondes sur la santé. Face à cette incertitude, l’Afsset considère qu’il convient d’agir. Elle recommande donc de développer la recherche, et préconise le principe de précaution.
Les radiofréquences ont des effets sur les fonctions cellulaires
C’est ce que rapporte une dizaine d’études expérimentales, considérées par l’Afsset comme « incontestables ».
» Néanmoins aucun mécanisme d’action entre les radiofréquences et les cellules pour des niveaux d’exposition non thermique n’a été identifié à ce jour. De même le niveau de preuve épidémiologique concernant des excès de certaines tumeurs reste très limité « , ajoute l’agence.
Développer la recherche
Seule la recherche lèvera le voile sur les incertitudes qui demeurent.
L’Afsset recommande ainsi de » se tenir aux aguets des signaux nouveaux qui émergeraient. «
Elle recommande de cibler en priorité les études épidémiologiques, ainsi que les études sur la reproduction et le développement de l’enfant.
Réduire les expositions des populations
Addict de téléphone portable, attention !
Le téléphone portable est la première source d’exposition du public. L’agence recommande donc l’affichage intelligible du débit d’absorption spécifique (DAS) aux particuliers. Les Français pourraient ainsi privilégier les téléphones portables les moins exposants.
Par ailleurs, l’Afsset recommande pour les antennes-relais de rechercher les quelques points du territoire où les niveaux d’ondes de radiofréquences sont nettement plus élevés que la moyenne, de les cartographier et de proposer une procédure pour réduire les niveaux.
» Cette démarche s’inscrit dans une logique environnementale, où, dès lors qu’une exposition peut être réduite, elle doit être envisagée « , souligne le rapport.
Le signal d’alerte est lancé : les associations sont satisfaites
Les associations se montrent plutôt favorables au rapport de l’Afsset et se félicitent » de la rupture induite par ce nouvel avis officiel qui ose reconnaître une incertitude scientifique en matière de téléphonie mobile. «
Pour elles, cet avis est en rupture avec les expertises passées. L’incertitude de l’Afsset sur les effets des radiofréquences doit déboucher selon elles, sur une application du principe de précaution, c’est-à-dire une baisse des seuils d’exposition aux ondes électromagnétiques.
Une « onde de choc »
Janine Le Calvez, Présidente de l’association Priartém (Pour une Réglementation des Implantations d’Antennes Relais de Téléphonie Mobile), et Stephen Kerckhove, représentant de l’association Agir pour l’environnement , ont émis leur satisfaction concernant le nouveau rapport de l’Afsset sur la téléphonie mobile. D’après leur propos, celui-ci constitue une véritable » onde de choc qui va modifier fondamentalement l’appréhension du dossier de la téléphonie mobile en termes de santé publique « .
Ces deux associations, qui ont été invitées en tant qu’observateur à suivre l’intégralité des débats, mettent en avant l’avis de l’Afsset qui pour la première fois, considère la téléphonie mobile comme un domaine » incertain « .
En effet, le rapport souligne » qu’il existe des signaux suffisants d’effets biologiques et dès lors qu’une exposition environnementale peut être réduite, cette réduction doit être envisagée, en particulier par la mise en oeuvre des meilleurs technologies disponibles à des coûts économiquement acceptables. «
Pour les associations, cette proposition de l’Afsset est en droite ligne de ce qu’elles proposaient durant le Grenelle des ondes, sans être entendues par les Ministères.
« Il est aujourd’hui impossible que les pouvoirs publics ne prennent pas en considération une réduction des expositions aux radiofréquences », précisent-elles. » Les associations appellent donc la Ministre de la Santé et les députés à la responsabilité et les invitent à agir rapidement notamment en amendant le projet de loi Grenelle 2. «
Appliquer le principe de précaution pour la téléphonie mobile
L’ association France Nature Environnement est, quant à elle, satisfaite que l’AFSSET se démarque du discours rassurant des opérateurs de téléphonie mobile.
» Ce rapport permet de faire le point sur l’état des connaissances scientifiques et de mettre les politiques devant leur devoir : appliquer le principe de précaution. L’AFSSET se démarque du propos du Premier ministre selon lequel les antennes ne présentent pas de problèmes « , indique Arnaud Gossement, porte-parole de FNE.
Pour José CAMBOU, pilote du réseau santé-environnement de FNE, représentante de France Nature Environnement au conseil d’administration de l’AFSSET et membre du comité de suivi de la table ronde » Radiofréquences, santé, environnement » : » Nous sommes vraiment à un tournant. Pour la première fois, en France, nous avons un avis qui prouve qu’il existe des études sérieuses qui donnent des signaux d’alerte. En matière de santé-environnement, entre les premiers signaux d’alerte et les maladies qui apparaissent, il peut se passer dix ou quinze ans. Voilà pourquoi il est capital, dès aujourd’hui, d’aller plus loin, tant dans la connaissance que dans la protection de l’ensemble de la population, avec une priorité pour les jeunes. «
Ainsi, faute de pouvoir prouver l’inexistence d’un risque, le rapport suggère « l’usage modéré des technologies sans fil « . A bon entendeur….
Emilie Villeneuve