Depuis le 1er juillet 2011, 168 entreprises se sont lancées dans l’expérimentation de l’affichage environnemental, sous la tutelle du ministère de l’Ecologie. Résultat : une grande variété de produits de consommation courante, bio mais surtout non bio, bénéficient de cet affichage sensé renseigner sur plusieurs indicateurs environnementaux (émissions de gaz à effet de serre, impacts sur l’eau et l’air, consommation des ressources naturelles).
Lors d’une conférence de presse au ministère, transformé pour l’occasion en mini supermarché, la ministre Nathalie Kosciusko-Morizet a salué une initiative » pionnière » en Europe qui » répond à une vraie attente des Français et qui peut s’avèrer bénéfique pour l’emploi et la compétitivité des entreprises françaises. » A ses yeux, la généralisation de cet affichage permettrait de valoriser la démarche des entreprises locales et de favoriser » les circuits courts et la proximité « . Néanmoins, la ministre a souligné les bénéfices d’une généralisation de cet affichage à l’échelle européenne.
Belle idée que cet étiquetage, sensé faciliter le choix du consommateur sensible à la protection de l’environnement. Dans les faits, on constate que les étiquettes sont très (trop ?) différentes, d’une entreprise à l’autre. Graphiques, pictogrammes, tableaux, échelles à chiffres ou à lettres, note globale ou note détaillée selon divers critères… Certains cabinets de conseils n’ont pas manqué d’idées… pour rendre l’étiquetage très jargonneux ! A titre d’exemple, le traditionnel « bilan carbone » – le seul critère obligatoire de l’étiquetage – est représenté sous douze expressions différentes : CO2, climat, émissions de gaz à effet de serre, etc.
Une première analyse de cette expérience par le cabinet Ethicity a d’ailleurs mis en évidence une forte diversité dans la mise en forme de ces étiquettes qui peut perdre le consommateur. En effet, la diversité actuelle des critères d’évaluation et la taille réduite du pannel de produits ne permet pas pour l’instant de comparer deux produits de même catégorie. Même s’il ne s’agit que de la phase « d’essai », on peut regretter ce manque de visibilité. Au-delà de la complexité de l’affichage, Ethicity remarque que l’impact sur les ressources naturelles et la biodiversité est le grand absent de cette phase test. Et pour cause, il est difficile de transformer la complexité des écosystèmes en chiffres.
Les entreprises qui participent à l’initiative devront rendre un bilan de leur expérience au ministère de l’Ecologie le 30 juin 2012. L’avis des associations de consommateurs sera sollicitée et la DGCCRF (direction générale de la consommation de la concurrence et de la répression des fraudes) contrôlera la lisibilité et la véracité des informations données. En attendant, les consommateurs sont invités à donner leur avis sur la nouvelle plateforme de consultations publiques en ligne du ministère. Certes, des améliorations et une uniformisation des étiquettes sont encore nécessaires, mais il s’agit d’un premier pas encourageant qui ne peut qu’intéresser les consomm’acteurs.
Alicia Muñoz