Accueil / Articles / Environnement / Agriculture : une réduction de 30 % des pesticides serait possible
agriculture

Agriculture : une réduction de 30 % des pesticides serait possible

Mis à jour le

Publié le

D'après un rapport présenté par l'INRA (Étude Ecophyto R&D), la réduction de l'ordre de 30% du recours aux pesticides semble possible, sans bouleversement majeur des systèmes de production agricole. Mais l'objectif de 50% souhaité par le gouvernement impliquerait des changements profonds et des baises de production de 12 à 25% selon les cultures.

Plan Ecophyto 2018 : moins de pesticides, c’est possible !

Le plan Ecophyto 2018 a été mis en place par le ministère de l’agriculture et de la pêche à la suite du Grenelle de l’environnement. Il vise à réduire de 50 % l’usage des produits phytosanitaires en agriculture à l’horizon 2018. Il s’agit à la fois de réduire l’usage de ces produits et de limiter l’impact de ceux qui resteront indispensables pour protéger les cultures des parasites, des mauvaises herbes et des maladies.

Ainsi, afin d’évaluer les possibilités techniques et les impacts économiques de la réduction de l’usage de pesticides pour les principales cultures, les ministères du développement durable et de l’agriculture ont confié à l’INRA l’organisation de l’étude Ecophyto R&D. 80 chercheurs, ingénieurs, spécialistes de  » terrain  » et techniciens agricoles ont été mobilisés par l’Institut national de la recherche agronomique (INRA).

Les travaux de l’étude Ecophyto R&D ont été présentés le jeudi 28 janvier 2010 par Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, et montrent « qu’une réduction de l’ordre de 30 % du recours aux pesticides serait possible, avec des changements de pratiques substantiels, sans perte de marges pour les agriculteurs dans un contexte économique analogue à celui de l’année 2006, mais avec une diminution des volumes de production (5 % environ en moyenne). »

 » Les grandes cultures joueraient un rôle majeur dans cette réduction. Pour ces filières, des réductions de l’ordre de 40 % du recours aux pesticides sans réduction de marge seraient possibles « , souligne le ministère.

L’étude met également en avant l’importance de la mise en place d’un réseau de 3000 fermes références, d’expérimentation et de démonstration, permettant d’assurer la collecte et la diffusion de données sur les systèmes agricoles à bas intrants, décidée dans le cadre du Plan Ecophyto 2018. Les efforts de recherche agronomique et d’expérimentation sur les itinéraires à bas intrants sera d’ailleurs maintenu dans les années qui viennent.

Ainsi, pour Chantal Jouanno, « l’étude Ecophyto R&D nous donne aujourd’hui des éléments pour affirmer qu’une réduction de l’utilisation de l’ordre de 30% des pesticides est possible, sans pénaliser le revenu des agriculteurs ».

Le gouvernement souhaite aujourd’hui « replacer l’agronomie au coeur de l’agriculture durable et accompagner les acteurs agricoles dans cette démarche ».

L’agriculture française devrait-elle passer en « production intégrée » ?

Les résultats de l’étude de l’INRA  apportent un éclairage nouveau sur la question de l’utilisation des pesticides et les perspectives envisageables pour la réduction de leur utilisation.

 » Très globalement, il apparaît que les situations sont très contrastées selon les quatre grands types de cultures qui ont été considérés (grandes cultures, viticulture, arboriculture et productions légumières) et les grandes régions du territoire métropolitain, sur plusieurs plans, notamment la pression pesticide, l’existence, la diversification et l’efficacité de stratégies alternatives pour réduire cette pression, et l’existence et la disponibilité de données exploitables pour évaluer ces stratégies « , explique l’INRA.

Les résultats de l’étude font apparaître que l’engagement du Grenelle de l’environnement de réduire les pesticides de moitié en moyenne par rapport au niveau actuel est un objectif ambitieux. Il pourrait correspondre, en année moyenne comme 2006, aux résultats d’une simulation dans laquelle toute l’agriculture française passerait en « production intégrée » : « la baisse de la pression pesticide serait alors estimée  à 50 % en grandes cultures, 37 % en viticulture, 21 % en arboriculture, et 100 % sur les prairies ; des baisses de production (en valeur) seraient observées, estimées à 12 % en grandes cultures, 24 % pour la viticulture et 19 % pour les fruits ».

Pertes de production pour l’agriculture bio

De son côté, la généralisation de l’agriculture biologique, c’est-à-dire la suppression de l’utilisation de produits de synthèse (pour les pesticides et les engrais) se traduirait par des pertes de production importantes, sans doute sous-estimées en grandes cultures (-35 %). Celles-ci concordent avec les résultats des groupes « Productions » qui estiment à 25% la baisse de rendement pour les vignes et à 50 % pour les fruits.

 » Si l’agriculture biologique vendait ses produits aux mêmes prix que l’ensemble des exploitations, les pertes de marge brute avoisineraient 40 %. Il faudrait que les prix des produits biologiques soient plus élevés de l’ordre de 40 % par rapport au prix moyen, pour compenser les baisses des marges dans l’agriculture biologique « , note l’Institut nationale de la recherche agronomique.

Cette étude alimentera les orientations futures de la recherche agronomique, notamment dans le cadre de la concertation lancée par l’INRA sur les orientations envisagées pour son document d’orientation 2010-2014, qui incluent des propositions pour une agro-écologie de la santé des plantes (www.inra2014.info).

Emilie Villeneuve

Info+

Selon François Veillerette, président du Mouvement pour les droits et le respect des générations futures (MDRGF), "ce rapport montre qu'il existe d'importantes voies de progrès pour les différents types de cultures".
" Il y a lieu pour l'Etat de fournir un effort considérable en recherche et développement pour pouvoir mettre au point les méthodes culturales qui permettront demain à tous les professionnels de réduire de 50 % ou plus l'usage des pesticides quel que soit le type de culture", prévient-il.
Partagez cet article :