Biodiversité : les franciliens sont invités à recenser les plantes sauvages en ville
Les sauvages de ma rue, le nouveau projet de science participative du Muséum national d'Histoire naturelle et de Tela Botanica, vise à permettre aux citadins de reconnaître les plantes sauvages qui poussent dans les rues de leur quartier.
La qualité de la vie des citadins dépend aussi de la qualité de leur flore
Les villes concentrent sur des surfaces restreintes une proportion grandissante de citoyens et une nature urbaine tout à fait particulière. Cette biodiversité, à travers les services qu'elle rend est indispensable à la vie des citadins : elle tempère les ilots de chaleur, elle aide à la dépollution de l'air et de l'eau, à la détoxification des sols... Elle offre également à certains citadins la seule relation avec la nature qu'ils peuvent avoir. En conséquence, de son bon état dépend la qualité de vie des citadins, de leur bien être et même de leur santé.
Les chercheurs ont besoin de données sur la villeAvec l'essor de l'écologie urbaine, l'écosystème urbain est de mieux en mieux connu. A l'échelle de la ville, les espèces présentes, animales ou végétales, sont répertoriées depuis plus ou moins longtemps même si elles restent lacunaires. À une échelle encore plus fine, celle de la rue, les listes d'espèces n'existent pas. Pourtant, ces données sont indispensables pour comprendre comment les " micro-habitats interstitiels " : pieds d'arbres, espaces engazonnés..., les structures urbaines et les modes de gestion influent sur la qualité de la biodiversité.
Participer au projet Sauvage de ma rue
Le projet des " sauvages de ma rue " a pour but de permettre aux citadins de reconnaître les espèces végétales qui poussent dans leur environnement immédiat, les plantes qu'ils croisent quotidiennement dans leur rue, autour des pieds d'arbres, sur les trottoirs, dans les pelouses... Même s'ils n'ont aucune connaissance en botanique, grâce à l'utilisation du guide des 100 plantes les plus communes dans Paris et les villes d'Île-de-France, ils peuvent faire la liste des espèces qui poussent dans leur rue et envoyer les données grâce au site internet www.sauvagesdemarue.fr.
Il s'agit ainsi de "comprendre le fonctionnement de la biodiversité en milieu urbain" où elle est malmenée car "les populations de plantes sont plutôt petites et déconnectées des unes et des autres", a ainsi expliqué à l'AFP Nathalie Machon, professeur au Muséum et coordinatrice de l'observatoire.
Des données pour améliorer la connaissance de la biodiversité

Les données arriveront dans les bases de données du Muséum national d'Histoire naturelle et de Tela Botanica qui pourront les analyser. Elles permettront d'avancer sur la connaissance de la répartition des espèces en ville et l'impact de ces " micro-habitats interstitiels " sur la qualité de la biodiversité. Les données pourront éventuellement être fournies aux communes et autres collectivités territoriales qui désirent en savoir plus sur leur diversité végétale.
Selon le directeur-général du Muséum Thomas Grenon, l'objectif d'un tel projet est double. D'abord, permettre aux citadins de se réconcilier avec la nature. "La perte de connaissance est liée à cette perte d'intérêt", estime-t-il. Il s'agit également d'offrir un précieux coup de main aux scientifiques qui peinent à rassembler les données dont ils ont besoin pour comprendre le vivant.
En 2011, le projet concerne uniquement les espèces qui peuplent les villes et villages de la région parisienne et alentours, mais il sera étendu à d'autres régions de France dès 2012.
Sauvages de ma rue lance ainsi un appel aux citadins pour observer la nature. Pas besoin d'être un expert pour participer, tout le monde peut devenir observateur ! Chacun pourra donc choisir une rue dans sa ville, noter ce qui y pousse sur une fiche et l'envoyer à l'observatoire sur le site www.sauvagesdemarue.fr. Les inscriptions seront disponibles à partir du 3 mai !
Alicia Muñoz
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Info +
Vigie-Nature, au Muséum national d'Histoire naturelle
Vigie-Nature est un dispositif coordonné au niveau national et déployé au niveau régional de suivi de l'état de santé de la nature ordinaire à travers des groupes indicateurs de biodiversité (oiseaux, papillons, chauve-souris, plantes et amphibiens), s'appuyant sur les réseaux naturalistes volontaires.
Plus de 10.000 "observateurs naturalistes volontaires" ont déjà participé au programme Vigie-Nature, coordonné par le Muséum national d'histoire naturelle. En 1989, dans sa première version, il s'agissait simplement d'observer les oiseaux. Puis, les missions se sont diversifiées : inventaire des papillons et des escargots dans les jardins, enregistrement des ultra-sons émis par les chauves-souris, recensement des bourdons,...
Pour participer, rien de plus simple : les volontaires s'inscrivent gratuitement sur un site Internet, puis remplissent des fiches de comptage - environ une par mois - qui sont ensuite traitées par les chercheurs du Muséum. On a ainsi pu apprendre que l'escargot Petit-Gris s'accommode fort bien de l'urbanisation, ou encore que les papillons sont plus abondants dans un jardin où poussent orties et lierre sauvage.
L'Europe compte déjà 600 réseaux et 100.000 volontaires de ce type. Ces initiatives de "science participative" permettent de mieux comprendre l'évolution et la dynamique de la biodiversité.
Retrouvez plus d'infos sur le site www.vigienature.fr