Irradiation des aliments : ce que les consommateurs doivent savoir
Sommaire de cet article :
- Irradiation des aliments : quels risques pour la santé et l'environnement ?
- Un consommateur dupé ?!
Une soixantaine de pays, dont la France, autorisent l'irradiation des aliments.
En France, on trouve comme produits ionisés : épices, herbes aromatiques surgelées, oignons, ail, échalottes, légumes et fruits secs, flocons et germes de céréales, farine de riz, gomme arabique, viande et abats de volaille, cuisses de grenouilles congelées, sang séché et plasma, blanc d'oeufs, crevettes surgelées ou congelées, décortiquées ou étêtées, caséïne, caséïnates, l'ovabulmine, ces trois derniers produits étant des additifs.
Ainsi, de nombreux produits et ingrédients alimentaires peuvent être " traités par rayonnements ionisants ".
Un contexte réglementaire incohérent
La mention " traité par ionisation " ou " traité par rayonnements ionisants " est obligatoire sur les emballages des produits ionisés au sein de l'Union Européenne (article 6 de la directive 1999/2/CE).
Néanmoins, les contrôles sont rares, la réglementation n'est pas forcément respectée et les consommateurs français ne peuvent pas vraiment savoir s'ils mangent des aliments irradiés ou pas.
" L'étiquetage de ces produits est obligatoire, mais la réglementation européenne est tellement vaseuse et les contrôles si inefficaces que les consommateurs mangent sans doute déjà des produits irradiés sans le savoir quand ils achètent des plats préparés ", estime Véronique Gallais, administratrice d'Action Consommation dans un article du Parisien du 16 octobre 2010.
" Les directives prévoient certes des contrôles au niveau du traitement par irradiation dans les Etats membres (10 pays concernés) et au niveau de la commercialisation, mais les contrôles sont disparates et les volumes de produits commercialisés en réalité inconnus. Nous ne pouvons que constater que la réglementation actuelle au sein de l'Union européenne est incohérente, inefficace et par ailleurs risquée vis-à-vis de l'OMC ", précise la lettre ouverte.
Un consommateur dupé ?!
Les organisations signataires de la lettre ouverte présicent : " L'irradiation des aliments, parce que indétectable à l'oeil nu et peu contrôlée, prive le consommateur de son pouvoir de choisir et renforce le citoyen dans son rôle de consommateur passif. "
"L'évolution des travaux de la commission mixte traitant de l'irradiation des aliments au sein des Nations Unies a conduit à adopter le terme " ionisation " pour l'étiquetage des produits traités. Or l'ionisation est en réalité le résultat de l'irradiation. Ce terme peut par ailleurs induire le consommateur en erreur, en suscitant une connotation positive en référence aux dispositifs d'ionisation de l'air par exemple, de plus en plus couramment utilisés. Il renforce donc l'asymétrie d'information entre consommateurs et industriels, pour autant que les produits soient marqués conformément à la réglementation.
David contre Goliath ?

L'Agence européenne de sécurité alimentaire (Efsa) doit rendre un avis d'ici fin 2010 concernant une extension de la liste des produits ionisés.
" Considérant l'ensemble de ces risques, nous appelons les représentants politiques des citoyens européens et nos institutions à faire face à leurs responsabilités vis-à-vis des générations présentes et futures et à traiter ce sujet dans toute sa complexité ", conclut la lettre ouverte.
Mais cette mobilisation contre l'irradiation des aliments va-t-elle réussir à faire flancher les lobbies puissants et bien organisés de l'industrie agro-alimentaire ?
L'irradiation des aliments permet de relacher les conditions sanitaires en amont du traitement par rayonnement ionisant, d'acheter des aliments à moindre coût dans des pays où les normes sanitaires sont insuffisantes à la vue des nôtres, de stocker et de transporter plus longtemps et plus loin via l'allongement de la durée de conservation, de réduire les coûts de production en délocalisant, tromper le consommateur sur la fraîcheur des aliments etc...
" En réalité, l'irradiation des aliments accompagne idéalement le développement de l'industrie agroalimentaire mondialisée, pour le plus grand intérêt des grandes firmes internationales du secteur ", précise Véronique Gallais, présidente d'Action Consommation.
" Plusieurs réseaux internationaux agissent directement pour l'irradiation des aliments. Le Conseil international pour l'irradiation des aliments (ICFI), créé sous la forme d'une organisation non gouvernementale internationale, offre un espace international dédié à la promotion et la dissémination d'informations " scientifiques " liées à l'irradiation des aliments. L'objectif de cette organisation est de faire en sorte que les consommateurs, les décideurs politiques et les médias acceptent l'irradiation comme mode de conservation des aliments ", rajoute Véronique Gallais.
"Au niveau international, le Codex alimentarius 2003 (FAO/OMS) autorise l'irradiation pour tous types de produits. Il faut savoir que cette norme se réfère à des avis et rapports de la commission mixte FAO/AIEA/OMS, l'AIEA ayant pour mission de promouvoir les usages pacifiques de l'énergie nucléaire ! "
Tabou de l'industrie agroalimentaire, l'irradiation des aliments est ainsi une pratique mondialisée, inhérente au système productif actuel adossé à la globalisation économique et à la grande distribution.
Espérons maintenant que cette mobilisation de plusieurs organisations avec cette lettre ouverte entraine également la mobilisation des consommateurs...
Lire la lettre ouverte aux institutions et politiques de l'UE.
Emilie Villeneuve
Info +
3 000 tonnes de produits alimentaires sont irradiés chaque année dans l'Hexagone
Des produits bio irradiés ?
Le cahier des charges de l'agriculture biologique interdit toute irradiation des aliments ou des semences. " Le traitement des denrées alimentaires ou des aliments pour animaux biologiques ou de matières premières utilisées dans les denrées alimentaires ou dans les aliments pour animaux biologiques par rayonnements ionisants est interdit. "
Règlement européen 834/2007du 28 juin 2007 (article 10)