Au cours des quatre dernières décennies, de nombreux pays ont créé des cadres juridiques, des autorités réglementaires et d'autres mesures visant à réduire les risques liés aux produits chimiques.
Les fabricants de produits chimiques ont également développés de nouvelles méthodes et de nouvelles lignes directrices visant à renforcer ces efforts.
Sur le plan international, l'Approche stratégique de la gestion internationale des produits chimiques du PNUE et la Conventions sur les déchets et les produits chimiques dangereux de l'ONU constituent des cadres réglementaires et volontaires pour la promotion de la gestion rationnelle des produits chimiques.
Mais en dépit de ces progrès, le rapport "Global Chemicals Outlook" souligne que des efforts supplémentaires sont nécessaires à tous les stades de la chaîne d'approvisionnement des produits chimiques. L'objectif contenu dans le Plan d'application de Johannesburg (qui doit être atteint en 2020) et les avantages associés, ne sera en effet réalisé que si des efforts supplémentaires sont entrepris.
Le rapport du PNUE liste ainsi les approches clés pour une transition mondiale vers une meilleure gestion des produits chimiques, plus particulièrement dans les pays en voie de développement et dans les économies émergentes:
- Intégration - Une gestion saine des produits chimiques doit être complètement intégrée dans les plans nationaux économiques et sociaux. Les responsabilités en la matière sont souvent partagées entre plusieurs organismes, ce qui conduit à des réponses fragmentées et inefficaces.
- Les nombreuses parties prenantes - Dans beaucoup de pays, se sont les sociétés commerciales qui disposent des capacités techniques et de l'information la plus complète sur les produits et les déchets chimiques. Par conséquent, les producteurs, les fabricants et les importateurs devraient être en première ligne en ce qui concerne la gestion sécurisée des produits chimiques, ils devraient aussi jouer un rôle actif dans l'élaboration des politiques gouvernementales.
- Prévention - Les gouvernements nationaux des pays émergents et des pays en voie de développement devraient élaborer des politiques publiques qui mettent l'accent sur la prévention des risques et la promotion des alternatives plus sûres, plutôt que de se concentrer uniquement sur l'assainissement des sites pollués.
- Renforcement des capacités - Les coûts qui résultent d'une gestion efficace des produits chimiques et des déchets demeurent un obstacle pour de nombreux pays. Il existe un besoin urgent d'aide financière venant des pays développés et des donateurs internationaux. Les gouvernements des pays émergents et des pays en développement devraient promouvoir l'innovation et l'utilisation de produits chimiques plus sûrs afin d'attirer les investissements.
Le Brésil a créé une Commission nationale sur la sécurité chimique pour améliorer la coordination entre les organismes gouvernementaux. Le Costa Rica a également mis en place un organe similaire.
En Ouganda, une initiative soutenue par l'ONU a supervisé l'intégration des priorités en matière de gestion des produits chimiques dans le Plan national quinquennal de développement.
"L'agriculture durable, les bâtiments verts et la gestion des déchets et des produits chimiques sont tous des ingrédients essentiels pour tous les secteurs liés à la transition vers une économie verte", a déclaré Achim Steiner, le Directeur exécutif du PNUE.
[media]"Mais pour tirer parti des avantages économiques de la gestion rationnelle des produits chimiques, il faudrait une coopération plus étroite et une meilleure planification entre les ministères, les secteurs public et privé, et les autres acteurs de la chaîne d'approvisionnement des produits chimiques."
"Des efforts globaux et ambitieux, soutenus par des financements stratégiques seront nécessaires. Une telle action pourrait permettre de mettre le thème de la gestion des produits chimiques au sommet de l'agenda politique international et contribuerait à assurer un développement durable", a ajouté M. Steiner.
Le rapport "Global Chemicals Outlook" propose d'autres recommandations spécifiques destinées aux pays, aux entreprises et à la société civile, et ce pour accélérer les progrès vers l'objectif de 2020. Il s'agit notamment de :
- Construire des approches et des analyses cohérentes pour surveiller les taux d'expositions chimiques et leurs effets sur l'environnement et la santé.
- Analyser systématiquement le coût économique des effets qu'ont les produits chimiques.
- Adopter et mettre en ouvre des instruments juridiques qui définissent les responsabilités du secteur public et privé en matière de contrôle des produits chimiques.
- Générer un ensemble de références harmonisées concernant les effets des produits chimiques sur la santé et sur l'environnement, et rendre cette table de références accessible au public.
- La société civile devrait participer activement aux prises de décisions sur la sécurité chimique, et ce à tous les niveaux.
Mathilde Emery
Le rapport complet "Synthesis Report for Decision-Makers - Global Chemical Outlook: Towards Sound management of Chemicals" est disponible à l'adresse suivante : www.unep.org/hazardoussubstances/
Pour des plus amples informations sur la branche du PNUE dédiée aux produits chimiques, visitez le site : www.unep.org/themes/chemicals/
La troisième session de la Conférence internationale sur la gestion des produits chimiques aura lieu à Nairobi, du 17 au 21 septembre 2012. Pour plus d'informations, visitez le site : http://www.saicm.org/index.php?option=com_content&view=article&id=96&Itemid=485