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Climat : les enjeux de la COP26 à Glasgow

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Par Bioaddict

Six ans après la COP21 et les fameux accords de Paris, la COP26 met à nouveau les dirigeants au pied du mur. L'urgence d'agir n'a jamais été aussi grande. Et pourtant, on craint que les résultats ne soient, comme souvent hélas, pas à la hauteur des enjeux.

La COP26, c’est quoi ?

La COP26, la 26ème conférence internationale sur les changements climatiques organisée par les Nations unies, se déroule en ce moment (du 31 octobre au 12 novembre 2021) à Glasgow, en Écosse. Des Chefs d’Etat mais aussi des dizaines de milliers de représentants de gouvernements, de villes, de régions et d’acteurs non-étatiques (entreprises, investisseurs, ONG…) participent à ces deux semaines de négociations.

Depuis 1995, ce sommet réunit chaque année les États signataires de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

Des signaux de plus en plus alarmants

Lister de manière exhaustive les impacts connus du réchauffement climatique est impossible tant ils sont nombreux.

Les incendies géants qui ont eu lieu aux Etats-Unis, en Australie ou en Europe du Sud, les vagues de chaleur dans des zones habituellement froides (Sibérie, Arctique, Groenland…), la fréquence et la violence croissante des cyclones et des sécheresses, la disparition des forêts des zones tropicales… Un rapport de l’Organisation météorologique mondiale explique que les catastrophes météorologiques ont été multipliées par cinq depuis 50 ans.

Côté océans, leur niveau moyen a augmenté de 20 centimètres en un siècle et le phénomène est en pleine accélération.

Le coeur du problème : l’activité humaine

Dioxyde de carbone, protoxyde d’azote et méthane constituent les fameux  » gaz à effet de serre  » qui permettent de retenir la chaleur du soleil. Ils sont donc indispensables, mais l’activité humaine en produit en trop grandes quantités… Le cas du CO2 est le plus connu : du fait de l’utilisation des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), nous en émettons plus de 50 milliards de tonnes par an, alors qu’on estime que moins de 12 milliards sont absorbés par la nature.

Une étude du Global Carbon Project montre que les émissions de méthane ont augmenté de 9 % entre 2000 et 2017. Or l’impact du méthane sur le réchauffement est 28 fois supérieur à celui du CO2. Les responsables ? La forte augmentation de l’élevage de bovins, en Asie et en Afrique, certaines cultures comme le riz, et qui sont toutes deux des activités agricoles fortement productrices de ce gaz, mais aussi le traitement des déchets (et là, l’Europe a une forte responsabilité, car elle produit énormément de déchets).

L’objectif : limiter la hausse des températures

Du fait de l’augmentation des gaz à effet de serre, les températures ont augmenté 1,1°C depuis 1850 et cette augmentation devrait atteindre 1,5°C entre 2030 et 2040, voire plus tôt pour certains modèles.

L’Accord de Paris, signé en 2015 lors de la COP21, a engagé 194 états et l’Union Européenne à  » contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et en poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation de la température à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels « . Mais cet engagement n’est pas contraignant, ce qui rend peu crédible un réel respect de cet accord, les priorités nationales étant en général considérées comme largement prioritaires par les dirigeants.

L’objectif principal de la COP26 est donc de préciser comment les états vont s’y prendre pour atteindre les objectifs définis dans les Accords de Paris.

Quels sont les principaux enjeux de la COP26 de Glasgow ?

1) La définition par chaque pays signataire des NDC (Nationally Determined Contributions, soit  » détermination des contributions nationales « ), qui sont les des plans nationaux (non contraignants) mettant en évidence les actions climatiques, y compris les objectifs liés au climat pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, les politiques et les mesures que les gouvernements visent à mettre en oeuvre en réponse au changement climatique et en tant que contribution, pour atteindre les objectifs mondiaux fixés dans l’Accord de Paris.

Or au 12 octobre, soit à 2 semaines de l’ouverture de la COP26, seuls 140 pays (représentant 57% des émissions de gaz à effet de serre) avaient déposé (ou mis à jour) leurs NDC.

De plus, si on se réfère à ces NDC (non contraignantes, on le rappelle), les émissions devraient augmenter de 16% d’ici à 2030 par rapport à 2010, alors qu’elles devraient diminuer de 45% si l’on veut limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C. On voit mal comment on pourrait y arriver avec des engagements aussi limités…

D’autant que certains pays majeurs tels que la Chine, l’Inde et l’Allemagne, sont en pleine accélération sur leur usage du charbon, qui reste la source d’énergie la plus émettrice de CO2 (1 123 kg par tonne équivalent pétrole), devant le pétrole (830), le gaz naturel (651), le solaire photovoltaïque (316), l’éolien (32) et le nucléaire (19).

2) Les  » compensations carbone «  : l’Accord de Paris a prévu des mécanismes de compensation entre états, mais aussi entre entreprises, de manière régulée par l’ONU. Or la mise en oeuvre concrète de ces mécanismes n’a toujours pas pu être définie, tant elle est complexe.

Le principe est simple : pour atteindre la  » neutralité carbone « , chaque état, chaque entreprise, doit acheter des  » droits à produire du CO2  » en donnant de l’argent qui sera utilisé pour des projets qui vont  » compenser  » ces productions. Mais aujourd’hui l’efficacité de ces compensations et très fortement contestée, les plus fréquentes consistant à planter des arbres, or c’est très peu efficace : il faut 20 ans avant qu’un arbre commence à stocker des quantités importantes de CO2 et surtout cela implique que sa croissance se passe dans de bonnes conditions. La plupart des campagnes massives de plantation d’arbres annoncées par des états ont été de pures opérations de communication, la plupart des arbres n’ayant pas survécu. On est donc plus dans le greenwashing que dans l’efficacité réelle.

De plus, l’absence de règles claires pour ces mécanismes entraîne toutes sortes d’effets négatifs, comme le fait que les compensations soient comptées deux fois : par le pays vendeur ET par le pays acheteur. L’enjeu est donc ici de mieux réguler et d’exiger des mesures réellement efficaces. Mais les obstacles sont nombreux tant certains pays ont à y perdre financièrement.

3) L’aide financière aux pays du sud : l’aide des pays développés aux pays en développement pour les aider à tenir es objectifs de l’Accord de Paris devait se chiffrer à 100 milliards de dollars par an dès 2020. Or cet objectif n’a pas été atteint et ne le sera qu’en 2023. Mais ce qui est plus problématique, c’est que ces fonds ne suffiront pas à compenser les coûts liés aux impacts du réchauffement climatique pour ces pays, souvent les plus durement touchés alors qu’ils ne produisent que peu de gaz à effet de serre. Cerise sur le gâteau, comme l’explique l’association Oxfam, ces  » aides  » sont pour 80% des prêts et devront être remboursés… Alors comment convaincre les pays en développements de respecter des accords dans lesquels ils savent qu’ils sont déjà largement défavorisés ?

Alors, la COP26 sera-t-elle forcément un échec ?

Comme à chaque COP, les problèmes ne seront pas réglés, loin de là ! Mais ces événements ont le mérite de mettre les enjeux climatiques au centre de l’attention de tous, ce qui a pour effet d’accentuer la prise de conscience par les citoyens et -de ce fait – la pression sur les dirigeants et les hommes politiques.

Espérons juste que cette pression sera assez forte pour faire changer les choses avant qu’il ne soit trop tard. C’est notre responsabilité à tous pour les générations à venir.

Christophe Duhamel

Crédits photos @UNFCCC_COP26_KiaraWorth

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