Comment connaître quotidiennement la qualité de l’air en ville ?
La surveillance de la qualité de l’air ambiant est assurée en France par des associations indépendantes, chargées pour le compte de l’État et des pouvoirs publics, de la mise en oeuvre des moyens de surveillance.
Un bulletin quotidien est réalisé par le département Air de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), à partir des données transmises par ces associations. Il fournit une information synthétique à destination du public sur le site www.buldair.org, en indiquant l’indice ATMO du jour et en créant un lien vers les cartes d’observation et de prévision de la qualité de l’air pour les jours à venir. L’indice ATMO est un indicateur de la qualité de l’air calculé chaque jour à partir de la surveillance de quatre polluants (dioxyde d’azote, ozone, dioxyde de soufre, particules de type PM10).
Il est également possible d’accéder à des prévisions et des cartographies de la qualité de l’air en France et en Europe grâce au système de prévision PREV’AIR qui délivre des prévisions et des cartographies sur le Globe, l’Europe et la France pour l’ozone, sur l’Europe et la France pour le dioxyde d’azote et les particules.
Le site de la Fédération des associations agréées de surveillance de la qualité de l’air propose un accès aux cartographies existantes, régionales et locales.
Bilan annuel de la qualité de l’air en France
Chaque année, le ministère de l’Ecologie établit un bilan de la qualité de l’air en France, avec la contribution de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) et de l’Institut National de l’Environnement industriel et des risques (INERIS). Ce bilan est établi notamment à partir des données transmises par les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) à la base nationale de données sur la qualité de l’air. Des informations complémentaires sont également disponibles sur les sites Internet www.buldair.org et www.prevair.org ainsi que des bilans locaux sur le site de la fédération des AASQA www.atmofrance.org.
Pour les habitants d’Ile-de-France
En Ile-de-France, Airparif est l’association référente, chargée de contrôler la qualité de l’air par le biais de 68 stations de mesures. Créée en 1979, ses missions répondent notamment à des exigences réglementaires qui se déclinent en quatre fonctions :
1) Surveiller la qualité de l’air grâce à un dispositif de mesure et à des outils de simulation informatique et contribuer ainsi à l’évaluation des risques sanitaires et des effets sur l’environnement et le bâti.
2) Informer les citoyens, les médias, les autorités et les décideurs :
– en prévoyant et en diffusant chaque jour la qualité de l’air pour le jour même et le lendemain,
– en participant au dispositif opérationnel d’alerte mis en place par les préfets d’Ile-de-France en cas d’épisode de pollution atmosphérique, notamment en prévoyant ces épisodes pour que des mesures de réduction des émissions puissent être mises en place par les autorités.
3) Comprendre les phénomènes de pollution
4) Evaluer ces phénomènes grâce à l’utilisation d’outils de modélisation et à l’efficacité conjointe des stratégies proposées pour lutter contre la pollution atmosphérique et le changement climatique.
Les différents polluants présents dans l’air
L’air constitue le premier des éléments nécessaires à la vie. Chaque jour, environ 14000 litres d’air transitent par nos voies respiratoires.
L’air est composé principalement d’azote (78 % en volume), d’oxygène (21 % en volume) et d’argon (0,95 %).
L’homme introduit dans l’atmosphère des substances ayant des conséquences préjudiciables pour la santé et l’environnement.
Les espèces polluantes émises ou transformées dans l’atmosphère sont très nombreuses. Même à des concentrations très faibles (de l’ordre du microgramme par mètre cube), elles peuvent avoir un impact négatif sur la santé.
Les principaux polluants atmosphériques se classent dans deux grandes familles bien distinctes : les polluants primaires et les polluants secondaires. Mais certains polluants comme le dioxyde d’azote et les particules sont à la fois des polluants primaires et secondaires.
Les polluants primaires sont directement issus des sources de pollution humaines. En voici quelques uns :
– oxydes de carbone.
– oxydes de soufre.
– oxydes d’azote.
– hydrocarbures légers.
– composés organiques volatils (COV).
– particules (PM10 et PM2.5).
– métaux (plomb, mercure, cadmium…).
En revanche, les polluants secondaires ne sont pas directement rejetés dans l’atmosphère par l’homme mais proviennent de réactions chimiques de gaz entre eux. C’est le cas notamment des particules secondaires, de l’ozone et du dioxyde d’azote…
L’ozone (O3) résulte ainsi de la transformation chimique de l’oxygène au contact d’oxydes d’azote et d’hydrocarbures, en présence de rayonnement ultra-violet solaire et d’une température élevée. L’ozone ainsi que d’autres polluants photochimiques (les PAN ou nitrates de peroxyacétyle, aldéhydes, cétones…) sont à l’origine du « smog », ce nuage brunâtre qui stagne au-dessus des grandes agglomérations comme Paris.
PM (Particules en suspension)
Les microparticules, de la taille du micromètre (µm, un million de fois plus petit qu’un mètre) ne sont pas visibles à l’oeil nu. Ce sont celles qui sont mesurées dans l’air à travers :
– Les particules PM10, de taille inférieure à 10 µm (6 à 8 fois plus petites que l’épaisseur d’un cheveu ou de la taille d’une cellule) et qui pénètrent dans l’appareil respiratoire.
– Les particules fines ou PM2,5, inférieures ou égales à 2,5 µm (comme les bactéries) et qui peuvent se loger dans les ramifications les plus profondes des voies respiratoires (alvéoles).
Ces particules ont des effets sur la santé, principalement au niveau cardiovasculaire et respiratoire.
O3 (Ozone)
A très haute altitude, dans la haute atmosphère, l’ozone protège les organismes vivants en absorbant une partie des rayons UV. Mais à basse altitude, c’est un polluant qui irrite les yeux et l’appareil respiratoire, et qui a des effets sur la végétation.
L’ozone est un polluant, qui pose problème essentiellement en été, car pour produire beaucoup d’ozone la chaleur et un ensoleillement suffisant sont nécessaires. En effet, ce polluant n’est pas directement émis dans l’atmosphère mais se forme par réaction chimique à partir d’autres polluants, en particulier les oxydes d’azote et des hydrocarbures, sous l’action des rayons UV du soleil.
C’est aussi un polluant qui voyage et qui peut traverser toute l’Europe !
SO2 (Dioxyde de soufre)
Les émissions de dioxyde de soufre dépendent de la teneur en soufre des combustibles (gazole, fuel, charbon…). Ce gaz irrite les muqueuses de la peau et des voies respiratoires supérieures.
A plus de 50% il est rejeté dans l’atmosphère par les activités industrielles, dont celles liées à la production d’énergie comme les centrales thermiques. Mais il est également émis par le chauffage résidentiel, commercial ou des entreprises.
COV (Composés Organiques Volatils)
Les composés organiques volatils sont libérés lors de l’évaporation des carburants, par exemple lors du remplissage des réservoirs, ou par les gaz d’échappement. Ils provoquent des irritations et une diminution de la capacité respiratoire, et certains composés sont considérés comme cancérigènes comme le benzo(a)pyrène.
Les COV sont émis par le trafic automobile, par les processus industriels, par le secteur résidentiel, par l’usage domestique de solvants, mais également par la végétation.
CO (Monoxyde de carbone)
Les émissions de monoxyde de carbone sont liées à des combustions incomplètes (gaz, charbon, fioul ou bois), elles proviennent majoritairement des gaz d’échappement des véhicules. A fortes teneurs, le monoxyde de carbone peut provoquer des intoxications.
Les métaux lourds
Cette famille comprend le plomb (Pb), le mercure (Hg), l’arsenic (As), le cadmium (Cd) et le nickel (Ni). Les métaux proviennent de la combustion des charbons, pétroles, ordures ménagères mais aussi de certains procédés industriels.
Le plomb pour sa part était principalement émis par le trafic routier jusqu’à l’interdiction totale de l’essence plombée en 2000, mais avec la suppression de l’essence plombée, il ne pose plus problème dans l’air francilien.
Ces polluants peuvent s’accumuler dans l’organisme, avec des effets toxiques à plus ou moins long terme.
Malheureusement, les polluants atmosphériques sont trop nombreux pour être surveillés en totalité. Certains d’entre eux sont surveillés car ils sont caractéristiques d’un type de pollution (industrielle, automobile ou résidentielle) ou bien parce que leurs effets nuisibles pour l’environnement et la santé sont déterminés et que l’on dispose d’appareils de mesure adapatés à leur suivi régulier. On parle alors d' »indicateurs de pollution atmosphérique » qui eux font l’objet de réglementations.
AM