Quel est l’impact environnemental des jeux de société ?
La réponse à cette question est loin d’être anodine : aujourd’hui, le marché du jeu de société est en pleine expansion (+19% en 2020 par rapport à 2019), avec plus de 30 millions de boîtes vendues en 2020 et un chiffre d’affaires cumulé de 600 millions d’euros, selon les chiffres de l’Union des Éditeurs de Jeux de Société (UEJ), l’association professionnelle qui regroupe les entreprises francophones d’édition de jeux de société.
Cela peut sembler étonnant mais il n’existe aucune étude récente sur l’impact environnemental des jeux de société ! La dernière enquête sur le sujet a été effectuée il y a 10 ans, par l’éco-entreprise ECO CO2. Elle s’intéressait alors au Bilan carbone de leur jeu de société « T’es au courant ? » et révélait timidement les prémices des actions possibles à mettre en place. Elle avait toutefois le mérite d’exister et de proposer une démarche pertinente.
Alors que l’impact environnemental des produits est devenu une donnée majeure pour les consommateurs, les acteurs du marché des jeux de société souhaitent aujourd’hui s’impliquer dans la transition écologique. Mais comment procéder quand il n’existe aucune information claire quant à l’impact de leur activité sur l’environnement ?
Dans ce contexte, l’UEJ a commandé à un cabinet spécialisé la 1ère étude sur l’impact écologique des jeux de société, basée sur l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) de 3 formats de jeux de plateau.
Le jeu de société : un loisir plus « éco-friendly » que la plupart des divertissements
L’étude, dont les résultats ont été publiés en août 2021, livre un enseignement majeur : les émissions de CO2 du jeu de société sont bien moindres en comparaison à de nombreuses autres pratiques de divertissement, qui impliquent des déplacements répétés, ou bien l’utilisation de machines énergivores.
On apprend ainsi que la fabrication d’une seule PS4 a autant d’impact environnemental que la fabrication de 22 boîtes de jeux de société. De plus, le jeu de société n’a pas besoin d’énergie ou de matériel supplémentaire.
L’analyse du cycle de vie des jeux de société montre qu’ils ont une longévité record :
- la plupart d’entre eux ne sont pas recyclés… tout simplement parce qu’ils sont gardés ou transmis : ils rejoignent généralement les circuits de seconde main ou les armoires familiales ;
- de nombreux éditeurs responsables s’engagent à fournir gracieusement les pièces qui viennent à manquer car perdues ou usées. Ils offrent aussi leurs invendus aux associations ;
- enfin, il existe des initiatives citoyennes qui proposent les pièces de seconde main (ou jeux complets) à faible prix (en vente par exemple sur Le bon Coin ou eBay).
Comment favoriser l’éco-conception des jeux de société ?
La longévité est une bonne chose. Mais les points clés pour réduire l’impact environnemental des jeux de société sont bien le lieu de fabrication, et les choix des matériaux qui les composent et leur provenance. L’UEJ suggère ainsi plusieurs solutions pour adopter de façon concrète et rapide des pratiques encore plus vertueuses :
- Préférer les matériaux recyclables et durables : éviter le plastique, privilégier le bois et le carton (deux matériaux facilement recyclables), préférer un papier labellisé PEFC et/ou FSC (des certifications qui garantissent la gestion durable des forêts) et des encres végétales.
- Optimiser les procédés de fabrication : limiter les matériels et emballages superflux et réduire, dès sa conception, le format et le contenu du jeu.
- Opter pour une fabrication française ou tout du moins européenne et réduire la distance avec les lieux de distribution. Cette approche est à la fois écologique et éthique puisqu’elle permet de réduire la pollution liée au transport tout en contribuant à dynamiser l’économie locale. S’il est difficile de fabriquer en France l’ensemble des composants, certains éditeurs de jeux y parviennent, divisant ainsi l’impact environnemental du transport par 10 !
L’étude donne ainsi l’exemple de l’impact carbone d’un grand jeu de plateau mesurant 30 x 30 x 7cm pour un poids de 1,85 kg et fabriqué en Chine (transport inclus). Le bilan carbone associé à la fabrication d’un tel jeu représenterait l’équivalent d’un trajet en voiture de 41 km, de l’envoi de 215 emails ou encore de 20h de visionnage de vidéo sur une plateforme de streaming !
Il faut savoir que (selon les chiffres de l’UEJ), la France compte aujourd’hui 150 éditeurs de jeux de société qui proposent plus de 1500 nouveautés par an. Plus de 10 millions de jeux d’origine francophone sont vendus chaque année dans plus de 50 pays ! L’implication écologique du secteur est ainsi très importante !
« Nous voulons mettre à disposition des éditeurs un outil méthodologique qui les aide à initier des démarches d’écoconception afin de réduire leur impact sur l’environnement » explique l’UEJ qui n’exclut pas la création prochaine d’un label écoresponsable pour les jeux de société.
En attendant, si vous souhaitez privilégier le local, vous pouvez consulter le site de l’association des créateurs-fabricants de jouets français (ACFJF) qui propose une carte regroupant les sociétés et marques « made in France ».
Et pour l’engagement local ET écologique, l’éditeur fabricant le plus connu est Bioviva (basée à Montpellier) qui, depuis 1996, conçoit, produit et commercialise des jeux liés à la thématique de la protection de l’environnement et à l’épanouissement de l’enfant, exclusivement fabriqués en France selon une démarche respectueuse des hommes et de l’environnement.