D’où vient notre coton ?
Le cotonnier a besoin de chaleur (25°-35° pendant 150 jours) ainsi que de beaucoup de soleil et d’eau, surtout pendant la floraison. Dans de nombreux pays d’Afrique, la culture du coton ne bénéficiant que de l’eau de pluie, la récolte annuelle ne dépasse pas 400 à 600 kilos de coton brut par hectare. Mais les pays industrialisés qui pratiquent la culture intensive du coton avec des engrais chimiques et des champs irrigués récoltent plus de 3 tonnes de coton brut par hectare selon Helvetas, première organisation privée suisse de coopération au développement. » A l’échelle mondiale, la récolte totale s’élève à quelque 25 millions de tonnes de fibre par an, ce qui représente 60 milliards de T-shirts » précise Helvetas.
La culture la plus polluante au monde
A l’échelle mondiale, l’irrigation concerne 55 % des surfaces cotonnières qui fournissent les trois quarts de la récolte mondiale ; 30 % des surfaces cotonnières sont irriguées en Inde, 43 % aux Etats-Unis, 75 % en Chine (source : CIRAD Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).
La culture cotonnière est la troisième culture la plus consommatrice d’eau d’irrigation, après le riz et le blé, mais avant le maïs et les fruits et légumes . Environ 5 263 litres d’eau sont nécessaires pour produire 1 kg de coton. (Source : CNRS).
Outre le gaspillage de l’eau, la culture de cette plante nécessite énormément d’engrais et de pesticides.
» Les produits chimiques ont longtemps été la solution universelle aux problèmes posés par les insectes. Certains d’entre eux développent même des résistances à leur action. Malgré cela, dans certains pays, on continue à pulvériser beaucoup d’insecticides sur les champs de coton, jusqu’à 20 traitements par an ! » (Les dossiers du CIRAD 2008)
Par ailleurs, les usines textiles rejettent leurs eaux usées et contaminent ainsi les eaux de surface et souterraines. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, cette culture serait responsable de 22 000 morts par intoxication chaque année.
Dans de nombreux pays producteurs, les agriculteurs se tournent vers la lutte » intégrée » qui cumule plusieurs techniques à la fois pour réduire l’emploi des insecticides. Ce qui explique en partie le succès des cotonniers génétiquement transformés pour résister aux chenilles de la capsule, d’après le CIRAD. 80% du coton cultivé aux USA est génétiquement modifié (OGM ) (source : WWF).
Une fois le coton récolté, ses fibres sont lavées, filées puis blanchies, notamment au chlore. Le coton est ensuite teinté à l’aide de métaux lourds comme le plomb et le chrome. Or, ces substances peuvent provoquer des cas de cancers et de saturnisme. Pour finir, le tissu doit encore subir d’autres traitements chimiques, dont fait partie le cyanure, qui le rendront par exemple imperméable ou infroissable.
Le coton bio : une alternative écologique et sanitaire
La culture du coton biologique tient compte des ressources naturelles. Elle n’admet ni engrais chimique, ni pesticides, ni OGM. Les pesticides naturels sont de mise : urine de vache, piège à phéromones… Le coton bio est fertilisé avec des engrais organiques tels que le fumier et le compost. Les sols se renouvellent plus facilement et les espèces animales ne sont pas menacées. Des millions litres d’eaux sont épargnés car les producteurs ne pratiquent pas d’irrigation intensive… La transformation se fait quant à elle au moyen de produits biodégradables et le mécanisme de rétrécissement est mécanique.
» Les effets négatifs connus sur la santé et l’environnement qui découlent de la culture conventionnelle du coton n’apparaissent pas avec la culture bio. En économisant les frais élevés que représente l’achat de pesticides et d’engrais, le risque financier que prennent les paysans diminue aussi fortement. » » Les bonnes raisons d’acheter du coton bio « , Helvetas
Enfin le coton bio est anallergène du fait de l’absence de produits chimiques dans sa fabrication.
Lors de la 6ème conférence mondiale du commerce du coton bio de l’année dernière, Organic Exchange, qui a pour objet de développer le coton biologique depuis sept ans, a publié dans un rapport le volume du coton bio produit dans 22 pays. En 2007/2008, il a augmenté de 152 %. L’Inde est le premier pays producteur de coton bio. Organic Exchange prévoit une augmentation des volumes produits d’environ 54 % pour 2008/2009. Le prix du coton bio payé aux producteurs est supérieur d’au moins 20% au cours du coton conventionnel.
Les fabricants proposent entre 15 et 30 % plus cher les articles en coton biologique. Un exemple : si vous souhaitez vous démaquiller avec du coton bio, la marque Bocoton propose 40 disques biologiques, Ecocert contrôlé, pour 1 euro 34 contre les 40 disques non biologiques de Demak’up à 1 euro 30.
Il existe des labels qui certifient le coton bio:
• Bio Equitable
Fondée en 2002, l’association française Bio équitable réunit des petites et moyennes Entreprises du secteur agrobiologique, soucieuses de produire selon des critères de développement économique.
• Biore
Sous le label Biore®, l’entreprise suisse Remei AG vérifie depuis 1991 que les fils et vêtements soient en coton biologique et respectent des critères sociaux et écologiques de la transformation à la commercialisation.
• Demeter
Fondé en 1997, Demeter International est un label de certification qui suit un cahier des charges stricte sur l’agriculture biologique des fibres naturelles.
•Eco-label européen La Fleur
Les produits portant la l’écolabel la Fleur ont été vérifiés par des organismes indépendants quant à leur conformité à des critères écologiques stricts et à de critères de performance rigoureux. Ce label a été administré en 1992 par le Comité de l’Union européenne pour le label écologique (CUELE)
• Ecocert
Ecocert a choisi de s’associer à la démarche d’harmonisation internationale des standards et d’adopter le référentiel GOTS (Global Organic Textile Standard) pour le contrôle des textiles biologiques . La fibre brute doit être certifiée en agriculture biologique, et tout le processus de transformation doit être contrôlé.
• GOTS (Global Organic Textile Standard)
Un groupe de travail international est à l’origine de ce label:
– International association natural textile industry IVN (Allemagne)
– Soil association SA (Royaume-Uni)
– Organic trade association OTA (Etas-Unis)
– Japan organic cotton association JOCA (Japon)
95% des fibres doivent être d’origine biologique. Les 5 % restants peuvent être en fibres synthétiques ou artificielles.
• Eko (ou l’Öeko) délivré par Skal
Skal est un organisme hollandais précurseur dans la certification du coton bio puisqu’il a été crée en 1985. Le label Eko concerne uniquement la phase de production agricole.
• Naturtextil IVN (en allemand)
D’origine allemande, ce label a été créé par l’organisation professionnelle International association natural textile industry (IVN) en 1991. Pas d’OGM, pas de chlore… rien de chimique pour ce label qui se base également sur les conventions fondamentales de l’Organisation internationale du travail (OIT).
• ÖKO-TEX (ou Oeko-Tex) 100
Depuis 1992, cette assocation internationale regroupe un ensemble d’instituts de contrôle indépendants qui appliquent un catalogue de critères pour l’évaluation des éventuelles matières à problèmes dans les textiles.
Emilie VILLENEUVE