Des » code-barres » ADN pour recenser les arbres tropicaux
Des espèces végétales et animales s’éteignent tous les jours à travers la planète. Parvenir à un inventaire à grande échelle de la biodiversité des plantes se révèle essentiel pour le développement de stratégies en matière de conservation.
Alors comment identifier rapidement des fragments de plantes ? Dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique, l’utilisation d’une technique de code-barres ADN a été proposée pour identifier ces différentes espèces .
Une méthode à l’image des codes-barres inscrits sur nos produits de consommation
Elle consiste à séquencer, à partir du tissu, de courts fragments d’ADN qui contiennent une quantité énorme d’information. Ces fragments sont ensuite comparés à des collections de référence afin d’identifier leur provenance.
En août 2009, après plusieurs années de discussion, un consensus international mené par le groupe de travail sur les plantes du Consortium for the Barcode of Life (CBoL) a déclaré que deux marqueurs ADN (deux régions sur les gènes baptisés rbcL et matK) seraient suffisants pour caractériser 250 000 espèces de plantes.
L’équipe de Jérôme Chave du laboratoire Evolution et diversité biologique (Université Toulouse 3 / CNRS / Ecole nationale de formation agronomique) a testé cette technique dans la forêt tropicale de la station CNRS des Nouragues (Guyane française), lieu privilégié pour l’étude du fonctionnement des forêts tropicales et de sa biodiversité .
Leur étude, publiée dans la revue PlosOne, montre que cette technique s’avère plutôt difficile pour les plantes.
Des avancées énormes malgré une identification compliquée
En collaboration avec des partenaires guyanais, les chercheurs du CNRS ont effectué le premier test de cette méthode de code-barres ADN en milieu tropical forestier.
8 candidats code-barres ont été testés sur plus de 200 espèces d’arbres échantillonnés. Plus de 2 000 séquences d’ADN ont ainsi été générées pour ce projet. Les avancées en termes de discrimination des espèces végétales s’avèrent gigantesques.
Cependant, le succès d’identification n’a pas dépassé 70 %
Les résultats indiquent également que l’un des deux marqueurs proposé par CBoL (Consortium for the Barcode of Life ) s’est révélé très difficile à séquencer.
» À l’interface entre recherche fondamentale et appliquée, ces travaux suggèrent qu’en dépit de l’outil inestimable que constituent les code-barres ADN pour l’identification des espèces végétales, la méthode proposée internationalement pose des problèmes dans des familles de plantes exclusivement tropicales. Les résoudre permettrait, entre autres, de recenser et de suivre la biodiversité des plantes amazoniennes beaucoup plus efficacement « , indique le Centre national de la recherche scientifique.
Emilie Villeneuve