Des parfums populaires à l’effluve toxique
Un parfum conventionnel peut s’avérer être dangereux de part la présence de composés chimiques industriels, notamment les phtalates et les muscs synthétiques (fixateurs de parfum).
Lire « Qu’est-ce qu’un parfum bio ?«
Un nouveau rapport, publié le 12 mai dernier par l’ONG Défense environnementale du Canada et la Campaign for sale cosmetics aux États-Unis, met encore les parfums sous les feux des projecteurs ; de nombreuses marques de parfum parmi les plus vendues, dont Curious de Britney Spears, Eternity de Calvin Klein, Fierce d’Abercrombie & Fitch et Old Spice, contiendraient au moins une dizaine de produits chimiques secrets non divulgués sur l’étiquette, potentiellement dangereux pour la santé.
Ces substances chimiques provoqueraient des réactions allergiques (maux de tête, respiration sifflante, asthme et dermite de contact) voire des perturbations du fonctionnement endocrinien.
Défense environnementale Canada et la Campaign for Safe Cosmetics aux États-Unis affirment que la sécurité de bon nombre de ces substances n’a jamais été vérifiée par les comités d’autosurveillance de l’industrie : sur les 91 repérés dans le cadre de l’étude par le biais de tests de laboratoire ou de l’étiquette de produit, seulement 19 ont fait l’objet d’une évaluation par la Cosmetic Ingredient Review et 27 par l’Association mondiale des matières premières pour la parfumerie et la Research Institute for Fragrance Materials (RIFM), deux organismes chargés de fixer des normes volontaires en matière de contenu des parfums.
Des substances nocives pour la santé
Un laboratoire indépendant de Californie a testé 17 parfums, achetés au Canada et aux États-Unis. 12 d’entre eux contiennent du phtalate de diéthyle, un produit associé au développement anormal des organes génitaux chez les bébés de sexe masculin et aux anomalies du sperme chez les hommes adultes.
Chaque produit testé renferme en moyenne 14 substances chimiques secrètes. Selon l’étude intitulée « Not Too Sexy : The health risks of secret chemicals in fragrance » (Rien pour séduire : les risques associés aux substances secrètes contenues dans les parfums), ces composants ne sont pas indiqués sur l’étiquette en raison d’un vide juridique qui permet aux fabricants de les regrouper sous l’étiquette « parfum« .
Les parfums jugés les plus dangereux
D’après les auteurs de l’étude, ces parfums sont « Halle » de l’actrice Halle Berry, « Quiksilver » (acheté au Canada) et « Lo Glow » de Jennifer Lopez: ils contiennent chacun sept substances capables de perturber le système endocrinien, dont six qui imitent l’oestrogène et une qui influencerait la glande thyroïde.
La palme revient à « Seventy Seven » d’American Eagle, un parfum acheté au Canada qui en contient 24, le nombre le plus élevé constaté dans le cadre de l’étude.
Quant à Aqua di Gio de Georgio Armani, il contenait 19 substances sensibilisantes distinctes, plus que tout autre produit testé dans le cadre de l’étude.
Pour Jane Houlihan, première vice-présidente de la recherche à l’ONG Environmental Working Group : « Les substances chimiques contenues dans les parfums sont inhalées ou absorbées par la peau ; un grand nombre aboutissent dans l’organisme dont celui des femmes enceintes et des nouveau-nés ».
« La validité scientifique de ce rapport est sérieusement sapée par son échec à inclure des mesures quantitatives de ces prétendus ingrédients « secrets » réplique Mike Patton, porte parole de l’association canadienne des cosmétiques, produits de toilette et parfums.
Par ailleurs, dans une analyse récente, l’EWG a découvert, dans le sang ombilical de la majorité des bébés faisant partie de l’échantillon, du galaxolide et du tonalide, deux sortes de musc synthétique qui pourraient être toxiques pour le système endocrinien. Parmi les produits recensés par l’étude Not So Sexy, un seul n’en contenait pas.
Un argument de choc qui nous pousse à se parfumer en bio !
Lire : Qu’est ce qu’un parfum bio ?
Lire l’étude sur www.toxicnation.ca.
Emilie Villeneuve