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"I am Greta" : la formidable histoire de Greta Thunberg portée au cinéma

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Par Bioaddict

Bioaddict.fr est partenaire de "I am Greta", le documentaire évènement de la rentrée qui sort au cinéma le 29 septembre. "J'aime beaucoup le film et je pense qu'il donne une image réaliste de moi-même et de ma vie quotidienne. J'espère que celles et ceux qui le verront pourront ainsi comprendre que les jeunes ne protestent pas simplement pour s'amuser. Nous protestons parce que nous n'avons pas le choix". Interview avec Greta Thunberg et avec le réalisateur, Nathan Grossman.

« I am Greta » : entretien avec Greta Thunberg

« I am Greta », un film de Nathan Grossman, est un documentaire captivant, inspirant, impressionnant, émouvant. Il montre comment, en l’espace de quelques mois, Greta Thunberg, une lycéenne suédoise de 15 ans, est devenue une icône planétaire à l’initiative de la mobilisation mondiale de la jeunesse dans la lutte contre l’urgence climatique et la protection de l’environnement.

Que l’on aime ou non la personnalité, les propos de Greta Thunberg et la manière dont elle s’exprime, ce film raconte l’histoire d’une jeune fille au destin hors du commun, et qui, derrière la notoriété qui impressionne ou qui agace, sacrifie une partie de sa vie pour défendre une cause qui la dépasse (comme tant d’autres lanceurs d’alertes ! ). Tantôt acclamée, tantôt injuriée, considérée comme une icône par certains et comme une « bête de foire » par d’autres, la jeune fille aux frêles épaules, atteinte du syndrome d’Asperger, doit porter le lourd fardeau de la gloire. Son abnégation, sa détermination, sa maturité déconcertante, son charisme, sont admirables, hors du commun, et forcent le respect. Greta Thunberg, une « Jeanne d’Arc » de l’écologie ? Le film « I am Greta » est à voir absolument pour mieux comprendre et mieux juger celle qui incarne la révolte d’une génération sacrifiée sur l’autel de la course aveugle à la croissance.

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Interview avec Greta Thunberg

Pourquoi avez-vous accepté de faire ce documentaire ?

Nathan m’a suivie depuis le début et j’ai pensé que ce serait intéressant pour les générations futures de pouvoir comprendre comment tout ça est arrivé. Les gens se posent aussi beaucoup de questions à propos de mon quotidien, de qui je suis. Je me suis dit que leur donner accès à ce quotidien leur permettrait de voir que ma vie est bien plus ordinaire qu’ils ne l’imaginent. Mon histoire est au centre du documentaire et je suis bien sûr la dernière personne qui a besoin de davantage d’attention, mais si cela permet aux gens d’écouter ce que la science a à nous dire et de parler de la crise climatique, c’est probablement une bonne chose.

Selon vous, quel est le message du film ?

L’un des messages est que nos dirigeants sont en train d’échouer. Ils refusent de considérer la crise climatique en tant que telle. C’est pour cela que j’ai co-écrit récemment une lettre ouverte aux dirigeants du monde où nous leur demandons de reconnaître l’urgence climatique. Cette lettre a été signée par plus de 125 000 personnes, parmi lesquelles des scientifiques spécialistes du climat, des activistes et des célébrités. En août, nous avons présenté la lettre et les signatures à la chancelière allemande Angela Merkel à Berlin, nous espérons pouvoir la présenter à d’autres dirigeants.

Qu’est-ce que vous espérez que les spectateurs retiendront à propos du dérèglement climatique ?

J’espère que les gens vont commencer à écouter et à comprendre les scientifiques spécialistes du climat. C’est lorsqu’il y aura assez de personnes qui comprennent la gravité de la situation, que notre société commencera à traiter cette crise pour ce qu’elle est. Les personnalités politiques, les médias et quiconque bénéficiant d’une grande force de diffusion ont une responsabilité particulière. J’espère aussi que le film inspirera les gens et les incitera à se battre pour ce qui leur tient à coeur. Si quelqu’un comme moi peut provoquer un changement, alors tout le monde le peut aussi. On n’est pas obligés de se mettre en grève ou de manifester, mais on peut faire quelque chose. Le pouvoir appartient au peuple.

Pensez-vous que le documentaire puisse provoquer un changement dans la perception que nous avons du dérèglement climatique ?

J’espère que de plus en plus de gens vont comprendre qu’il faut traiter ce problème comme une crise. J’espère aussi que les gens se mettront en colère contre nos dirigeants qui font si peu. Personnellement, c’est un documentaire sur la crise climatique que j’ai vu à l’école qui a éveillé ma colère, je pense donc que les films peuvent avoir un impact puissant sur le public.

Depuis quelque temps, le dérèglement climatique a été moins traité par les médias que la crise sanitaire autour du coronavirus. Le film peut-il aider à remettre le climat sur le devant de la scène ?

La crise du coronavirus nous a permis de découvrir ce qu’il se passe quand la société entière se met à traiter une crise pour ce qu’elle est. Le monde, les institutions prennent des dispositions propres à une situation de crise, on écoute les recommandations des experts et des scientifiques puis on agit. Certains pays s’y sont mieux pris que d’autres, évidemment. Je le répète, nous devons enfin traiter le dérèglement climatique comme une situation de crise. Mais pour l’instant, nous sommes encore dans le déni de cette crise climatique.

Avez-vous vu le film ?

Oui, Nathan, le réalisateur a eu la gentillesse de le présenter à ma famille et moi-même avant qu’il ne sorte au cinéma.

Qu’avez-vous pensé du résultat ?

Certains événements m’ont paru un peu différents parfois à l’image, mais l’ensemble est très fidèle à ce qui s’est passé pour moi l’année dernière, à ce qu’a été l’histoire du mouvement et de ma campagne.

Qu’est-ce que cela vous fait de se voir à l’écran ?

C’était un peu étrange, au début, je craignais de ne pas me reconnaître, j’avais peur que le film fasse de moi quelqu’un d’autre que je ne suis pas. Mais finalement, je suis satisfaite du résultat, je me reconnais. Nathan a su adopter mon point de vue dans ce portrait.

Est-ce que vous avez pu être en désaccord avec quelque chose ?

La seule scène pour laquelle j’ai demandé un changement concerne une dispute que j’ai à un moment avec mon père, la séquence était très courte et il me semblait qu’il fallait ajouter un peu de contexte pour que le public puisse comprendre le motif de notre désaccord. Nathan a simplement rallongé la séquence. En dehors de cet ajout, rien n’a été modifié.

Avez-vous pu rester vous-même, malgré la présence de la caméra ?

Je ne suis pas vraiment affectée par le fait d’être filmée par une caméra. Nathan m’a suivie si longtemps que j’étais tout à fait habituée à sa présence.

Est-ce qu’on y voit la vraie Greta ?

Je pense que le film présente une image très réaliste. J’espère qu’il montrera aux gens que je suis une personne ordinaire avec une vie ordinaire même si l’année où le film a été tourné a évidemment été exceptionnelle.

Dans le film, on vous voit la plupart du temps voyager avec votre père Svante. Quel rôle a-t-il joué dans votre démarche militante ?

Toute ma famille m’a énormément soutenue. Mon père m’a accompagnée lors de la plupart de mes voyages et cela m’a beaucoup aidée. On a passé beaucoup de temps dans des trains, des voitures électriques et des bateaux à voile, nous avons donc eu le temps de discuter, de rire et de nous disputer parfois. Bien sûr il y a énormément d’autres personnes qui m’ont aidée ! J’ai reçu des soutiens de toutes parts, depuis les scientifiques qui vérifiaient les informations que je présentais dans mes discours aux activistes avec qui nous discutions et planifions nos campagnes.

Il y a quelque temps, on a appris que vos posts Facebook étaient publiés depuis le compte de votre père. Est-ce la personne responsable de vos réseaux sociaux ?

J’écris tout ce qui est posté sur les réseaux sociaux, comme j’écris mes discours. Jamais je ne laisserais un tel contrôle à quelqu’un d’autre. Concernant ma page Facebook, il m’est arrivé de reposter à partir du compte de mon père des contenus qui se trouvaient sur mon compte que j’ai supprimé depuis. Ma page Facebook ne sert plus qu’à reposter des contenus que je publie sur Twitter et Instagram.

Selon vous, quel est l’avantage d’avoir un film qui parle de votre vie ?

Si ce documentaire peut attirer l’attention sur la crise climatique, ce sera une bonne chose. J’espère que cela pourra faire une différence.

Comment se fait-il que Nathan ait été présent pour filmer dès le premier jour de votre grève scolaire ?

Nathan avait entendu parler de ma grève par un des ses amis qui est aussi un réalisateur et un ami de ma famille. À l’origine, il pensait faire un court métrage qui présenterait plusieurs portraits d’activistes. Ni l’un ni l’autre, ni personne n’aurait pu imaginer que des millions de personnes se joindraient aux manifestations, que cela prendrait les proportions d’un mouvement mondial, ni que le film deviendrait un long-métrage documentaire.

Vous affirmez n’avoir aucun intérêt financier mais ce film va générer de l’argent. Quelle est votre position à ce propos ?

Personnellement, je ne retirerai aucun argent du film. La production du film a déjà reversé la moitié des recettes à la fondation que j’ai créée et qui concerne les domaines de l’environnement, du dérèglement climatique et de la santé mentale. Les fonds serviront à soutenir des organismes et des projets qui se battent pour un monde durable, qui défendent la nature et les personnes qui subissent déjà les pires conséquences du dérèglement climatique et de la crise écologique.

Que ferez-vous de l’argent que recevra la fondation grâce au film ?

La fondation a pour but de promouvoir une écologie, un climat et une société durable ainsi que la santé mentale, dans une perspective globale. L’argent ira à des projets qui sont en accord avec cette mission.

Qu’aimeriez-vous que les spectateurs retiennent de ce film ?

Je pense que ce film donne une image réaliste de moi-même et de ma vie quotidienne. J’espère que celles et ceux qui le verront pourront ainsi comprendre que les jeunes ne protestent pas simplement pour s’amuser. Nous protestons parce que nous n’avons pas le choix. S’il y a eu quelques changements depuis que j’ai commencé à faire la grève, nous en sommes malheureusement toujours au même point. Les évolutions et le niveau de prise de conscience nécessaires sont toujours invisibles aujourd’hui. Tout ce que nous demandons est que la société traite la crise climatique comme telle et nous offre un véritable futur. Je pense que le film montre combien les changements sont loin d’avoir été amorcés et à quel point l’urgence du message scientifique n’est pas entendue.

Interview avec Nathan Grossman, réalisateur du film « I am Greta »

Entretien avec Nathan Grossman, réalisateur du film « I am Greta »

C’est fascinant de voir l’évolution de Greta, de sa grève solitaire en Suède à son statut d’icône planétaire. Comment avez-vous entendu parler d’elle ?

Un de mes amis avait rencontré la famille Thunberg qui lui avait raconté que Greta prévoyait de faire une grève pour le climat, parce qu’elle avait l’impression que personne ne faisait rien. Les élections suédoises approchaient et elle voulait attirer l’attention sur le problème du dérèglement climatique. Nous avons pensé que nous pourrions tourner un jour ou deux et voir ce qui se passait.

Quand je l’ai vue assise seule avec sa pancarte, je lui ai demandé si je pouvais lui poser un micro et la suivre pendant la journée. Je lui ai dit :  » Écoute, on ne sait pas vraiment ce que l’on va faire.

Peut-être qu’on pourrait faire un court-métrage ou une série qui suivrait des enfants activistes dont tu ferais partie « . Et puis tout est allé très vite. Ce jour-là, les gens ont commencé à s’arrêter, à lui poser des questions, et à chaque fois elle se montrait très éloquente. Trois semaines après, une fois les élections passées, elle a décidé de poursuivre sa grève tous les vendredis. Le mouvement s’est soudainement répandu dans toute la Suède, puis en Finlande et au Danemark. Nous filmions depuis un mois. Je me suis dit que je voulais continuer à travailler sur ce projet à plein temps et voir si on pouvait faire un sujet sur elle et sur ce mouvement qu’elle avait créé. J’étais fasciné par sa personnalité et son histoire.

Cela a-t-il été difficile de se rapprocher de Greta et de sa famille ?

Je suis un réalisateur de documentaires et je viens du monde du cinéma. La première semaine, j’étais tellement hypnotisé par sa façon de s’exprimer que j’avais juste envie d’enlever la caméra du trépied et de m’asseoir avec elle dans la rue. Ça a commencé comme ça, et nous avions de plus en plus de discussions. Elle était très timide, mais j’avais compris que tant qu’on parlait des sujets qui l’intéressaient, elle serait ouverte à la discussion. Je pense que son père et elle avaient compris que nous partagions le même point de vue et le même engagement pour le dérèglement climatique, et c’est ainsi qu’a débuté notre amitié. Lorsqu’ils ont commencé à voyager dans d’autres pays, je leur ai dit que j’avais envie de venir avec eux. Je crois qu’ils trouvaient que j’étais une personne assez facile à vivre.

Travailliez-vous avec une équipe, ou étiez-vous tout seul ?

J’ai tourné 99% des images du film et j’ai pris 95% du son. J’étais très polyvalent. Au départ, nous n’avions pas du tout de budget, et quand je commence un projet, j’essaie de ne pas faire appel à trop de personnes différentes. Celui-ci a démarré si brusquement que j’ai décidé de continuer à filmer seul, même si c’était difficile parce qu’il se passait beaucoup de choses et que le rythme s’est énormément accéléré avec le temps. C’est compliqué d’être à la fois réalisateur, preneur de son et chef-opérateur.

À quels défis avez-vous dû faire face ?

La première difficulté était de décider comment je voulais raconter cette histoire. Au début, c’était un peu confus : Greta allait-elle être la figure de proue de ce mouvement, ou le film serait-il plus sur le mouvement lui-même ? J’ai résolu ce problème grâce au sentiment que ma caméra était aimantée par Greta. Elle a une vision du monde si particulière. Elle n’essaie pas d’adoucir ses propos ou de dire les choses poliment.

Parvenir à entrer dans ses meetings avec des hommes politiques en vue était un autre défi. Par ailleurs, nous ne prenions pas l’avion (exception faite de mon retour des Etats-Unis – un seul voyage à la voile à travers l’Atlantique m’avait suffi). Nous faisions donc de très longs voyages, en voiture électrique et en train, et la plupart du temps je n’étais même pas sûr de pouvoir assister à l’événement en définitive.

Vous avez donc accompagné Greta lors de sa traversée de l’Atlantique à la voile pour aller à New York.

Lorsqu’elle m’a annoncé qu’elle était invitée aux Etats-Unis, je lui ai dit que j’aimerais beaucoup l’accompagner car je sentais que ça pourrait être le but ultime de l’histoire. Nous étions tellement pris dans le récit que je voulais poser ma caméra sur ce bateau. Cela n’a pas été facile pour moi de me décider à aller avec elle, la traversée prend plusieurs semaines et je savais que ce serait éprouvant. Mais je savais que cette histoire méritait cette fin-là.

Certains moments sont difficiles à regarder, comme lorsque Greta traverse une période compliquée à la fin du voyage en bateau, ou lorsqu’elle lit des commentaires haineux sur les réseaux sociaux. Pourquoi pensiez-vous qu’il était important de les montrer dans le film ?

Je suis très impressionné par Greta, mais bien sûr je devais montrer tout ce qu’implique son militantisme, montrer qu’il y a des hauts et des bas. Pour moi c’était essentiel, et j’en ai parlé à Greta.

Je lui ai dit :  » Je dois être capable de continuer à filmer même dans les situations inconfortables. Bien sûr, vous pouvez dire « S’il te plaît arrête de filmer » ou « Sors de la pièce » « . Je voulais saisir tout ce que cela signifiait d’être Greta, et d’être une activiste en proie à de tels problèmes.

Quelle a été la réaction de Greta à la vision du film ?

Elle a trouvé cela très étrange de se voir à l’écran, ce que je comprends parfaitement. Elle ne fait pas tout cela pour devenir célèbre, elle le fait pour que l’on parle du dérèglement climatique et que l’on entende son message.

Greta m’a dit une fois qu’elle avait peur de ne pas se reconnaître, peur que je la fasse passer pour quelqu’un qu’elle n’est pas. Quand elle a vu le film, elle m’a dit qu’elle se reconnaissait. L’entendre dire cela a été un moment charnière pour moi. J’ai eu l’impression d’avoir réussi à accomplir ce qu’elle espérait, puisque le portrait de cette année insensée lui paraissait fidèle.

À votre avis, qu’est ce qui fait que Greta a rencontré un tel écho dans le monde entier ?

Je pense qu’elle est arrivée au bon moment, car le monde attendait depuis longtemps quelqu’un qui exprime sa frustration sur le sujet du dérèglement climatique. Rien ne se passait, la panique montait. Comme on peut le voir dans le film, elle exprime parfaitement où en est le dérèglement climatique à présent. Cela fait des années que nous tâchons d’être positifs, constructifs, créatifs, nous avons éprouvé ces modèles. Nous arrivons aujourd’hui dans une période où nous ne considérons plus la situation de la même manière. Par ailleurs, son histoire personnelle et son syndrome d’Asperger ont pu jouer. Je pense que les gens peuvent s’identifier à elle.

Qu’aimeriez-vous dire aux spectateurs à propos du film ?

Ce n’est pas tant un portrait de Greta qu’un documentaire sur l’année effrénée qu’elle a traversée – un film qui vous transporte dans l’oeil du cyclone. La façon dont l’influence de Greta et le mouvement de la jeunesse pour le climat ont grandi en une seule année est vraiment incroyable, c’est historique je pense. Je suis donc vraiment heureux d’inviter les spectateurs à ce voyage, qui passe du public à l’intime, qui part de Suède pour traverser l’Europe, et même l’Atlantique !

J’ai dû me voûter pendant deux ans pour tourner ce film, car je voulais me mettre au niveau du regard de Greta. L’angle adopté est le sien, et ce sont ses propres mots. J’ai fait ce film depuis son point de vue, autant que je l’ai pu.

Selon vous, quelles conséquences a eu l’épidémie de Covid-19 sur Greta et le mouvement de grève pour le climat ?

Le mouvement a bien sûr été affecté par l’impossibilité de manifester, Greta et ses pairs s’attachent à suivre les recommandations scientifiques et ont donc arrêté les manifestations physiques. Je crois cependant que ce à quoi nous assistons en ce moment va avoir un effet à long terme sur les jeunes, qui vont se dire que l’on a soudainement pu mettre en place une réaction de crise et débloquer des milliards d’euros et de dollars, alors qu’on leur a répété pendant des années que c’était trop coûteux et trop compliqué de gérer la crise climatique. Les systèmes politiques ont de nouveau prouvé qu’ils n’avaient qu’une vision court-termiste et qu’ils trahissaient les générations futures, ce qui pourrait provoquer à l’avenir des réactions plus fortes encore de la part des activistes.

Qu’aimeriez-vous que les spectateurs retiennent de votre film ?

À mon avis, ce que Greta nous dit du changement c’est qu’il faut parfois voir le monde en noir et blanc, parce que c’est comme cela qu’on se rend compte de ce qui est problématique.
J’espère vraiment qu’après avoir vu le film les gens seront plus respectueux envers ceux qui sont différents, ceux qui ont cette façon de dire ce qu’ils pensent et de pointer du doigt les problèmes au lieu de les passer sous silence. Nous devrions accepter ces personnes, parce que nous avons besoin d’elles pour nous montrer ce qui ne va pas. C’est fantastique que Greta, avec son syndrome d’Asperger et son ton incisif, puisse devenir une icône.

Par ailleurs, le film souligne l’écart grandissant entre l’aggravation de la situation climatique et les avertissements des scientifiques d’une part, et les faits et gestes des leaders mondiaux de l’autre. Greta et la jeunesse demandent que l’on assure leur avenir et que l’on écoute les scientifiques, et la seule réponse qu’ils obtiennent ce sont des discours politiques creux et des menaces individuelles ridicules qui peuvent aller jusqu’à des menaces de mort.

C’est en grande partie la cause de sa frustration, et j’espère que les spectateurs ressentiront ensuite cette même frustration.

Info+

LES DATES MARQUANTES DU COMBAT DE GRETA THUNBERG

Août 2018

Stockholm en Suède
Début de la grève scolaire de Greta Thunberg devant le Parlement suédois

Décembre 2018

Katowice en Pologne
Discours à la Conférence de l'ONU pour le Climat

Janvier 2019

Davos en Suisse
Discours "I want you to panic" au Forum Économique Mondial

Février 2019

Paris en France
Première rencontre avec un président, Emmanuel Macron à l'Elysée et participation à la Marche pour le Climat

Bruxelles en Belgique
Discours au Parlement Européen et Marche pour le climat avec Anuna De Wever et Kyra Gantois de Youth For Climate

Avril 2019

Rome au Vatican
Rencontre avec le Pape

Strasbourg en France
Discours devant le Parlement européen

Londres en Angleterre
Discours devant le Parlement britannique

Août 2019

Traversée de l'Océan Atlantique en voilier en 15 jours, pour intervenir à l'ONU à New York

Septembre 2019 New York aux États-Unis d'Amérique
Discours "How dare you" devant l'assemblée générale de l'ONU

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