Au Royaume-Uni, paradis des mets à base d’huile de friture, les restaurants rejettent chaque année entre 50 et 90 millions de litres de ce potentiel combustible. Malgré une loi interdisant aux professionnels de la restauration de se débarrasser de ces huiles dans les ordures ménagères ou les éviers, des millions de litres finissent au tout à l’égout, endommageant les canalisations et causant de graves problèmes sanitaires.
1000 taxis roulent déjà à l’huile de friture
Or, la mairie de Londres semble avoir trouvé une solution intéressante ! Pourquoi ne pas transformer cette huile en biodiésel ? Cette technologie permet de réutiliser un déchet encombrant tout en rémunérant les professionnels qui font l’effort de le collecter.
Deux stations de carburant provenant des huiles alimentaire usagées ont ainsi ouvert leurs portes à Londres. Uptown Oil et Pure Fuels sont les deux sociétés qui récupèrent l’huile usagée, donnant ainsi une seconde vie à la friture du « fish and chips » ou du « eggs and bacon » du petit déjeuner. Près de 30.000 litres de carburant sont ainsi fabriqués chaque semaine par ces deux « pompistes « .
Les clients sont traditionnellement des taxis indépendants (environ un millier sur les 21.000 taxis que compte la capitale), ravis de payer leur carburant vingt deux centimes d’euros moins cher que le diesel et sensibles à l’idée d’utiliser un carburant recyclé et produit localement.
Biodiésel : quel bilan environnemental ?
Les émissions de CO2 du carburant à base d’huile usagée seraient inférieures d’environ 80% à celles du diesel, et les particules fines émises par les véhicules seraient réduites de 60%, assurent les fabricants de ce biocarburant. Mais certaines études, dont une de l’Ademe ne sont pas si enthousiastes. En effet, on lui reproche d’endommager les moteurs, « du fait de la viscosité importante de l’huile » qui entraîne la formation de dépôts dans la chambre de combustion et sur les injecteurs. De plus, on lui reproche d’émettre autant de particules polluantes que l’essence classique.
Comme c’est le cas en France, les obstacles réglementaires et l’incertitude sur le régime fiscal de ce « biodiesel » empêchent le marché de se développer pour tous les véhicules routiers et les transports en commun. De plus, les deux opérateurs londoniens n’ont à eux-deux qu’une capacité de production de 60 000 litres de carburant par semaine, ce qui empêche pour l’instant la généralisation du service dans la capitale anglaise.
Les voitures qui roulent à l’huile de friture, ce n’est donc pas pour demain ! Dommage, car en dépit des inconvénients cités, il est certain que leur bilan carbone est plus intéressant que celui des biocarburants de première génération. Ces derniers nécessitent des cultures intensives qui supplantent les cultures alimentaires dans des pays en voie de développement.
L’huile de friture elle, a déjà été utilisée dans la restauration, avant de finir dans les réservoirs.
Olivia Montero