+24% d’exploitations bio en France en 2009
L’année 2009 a été une année très faste pour le bio. Beaucoup d’agriculteurs l’ont adopté. Par intérêt, certes, car le bio, comme on dit, est un créneau porteur. Mais aussi par conviction. De plus en plus d’exploitants agricoles ont en effet pris pleinement conscience de l’impact global négatif de l’utilisation massive des produits chimiques de synthèse, pesticides ou engrais. Impact négatif pour la santé des consommateurs et pour leur propre santé en tant qu’utilisateurs de ces produits. Impact désastreux pour la biodiversité et l’environnement. Et ils ne veulent plus continuer à empoisonner leurs terres, leurs animaux et la planète. Ils se tournent donc de plus en plus nombreux vers le bio comme le montrent les chiffres qui viennent d’être publiés par l’Agence Bio, l’Agence Française pour le Développement et la Promotion de l’Agriculture Biologique. Et ceci malgré les contraintes réglementaires draconiennes.
300 nouvelles exploitations engagées en bio par mois
En 2009, près de 3800 nouvelles exploitations se sont engagées en agriculture bio, soit environ 300 de plus chaque mois, ce qui représente une augmentation de près de 24% par rapport à 2008. L’engagement de ces nouvelles exploitations dans le bio a entrainé un bond de 86% des surfaces de terres en conversion. Et cette tendance à la hausse s’est consolidée pendant les 4 premiers mois de l’année avec près de 1500 nouveaux producteurs engagés dans l’agriculture biologique.
Ces chiffres sont très importants car s’engager en agriculture bio, ce n’est pas rien. Ce n’est pas une décision qui se prend à la légère. C’est une décision qui a une portée non seulement économique, mais aussi environnementale, écologique, morale et éthique. S’engager en agriculture bio c’est s’engager à produire moins, et donc prendre le risque de gagner moins. C’est s’engager à convertir ses terres pour obtenir après deux ou trois années de travail et d’attente, le temps que les terres soient débarrassées de leurs produits toxiques, le droit de produire des fruits et légumes certifiés bio. Pendant cette durée de conversion les produits n’ont pas droit à l’appellation bio. C’est donc très contraignant et très long.
S’engager en agriculture bio c’est aussi s’engager à protéger la santé humaine et la biodiversité. Toutes ces dimensions doivent être prises en compte. Et les agriculteurs qui prennent cet engagement méritent le respect.
Quels sont les engagements des agriculteurs et éleveurs bio
Les engagements des agriculteurs bio
Pour que les produits agricoles bénéficient de l’appellation » bio » les agriculteurs bio doivent s’engager :
– à exclure les engrais chimiques de synthèse;
– à exclure les pesticides de synthèse (insecticides, herbicides, fongicides) ;
– à exclure les OGM
– à favoriser la biodiversité– à préserver la biologie naturelle des sols ;
– à recycler les matières organiques naturelles ;
– à assurer la rotation des cultures ;
– à utiliser des engrais verts, naturels ;
– à prévenir ou traiter les maladies des plantes et les parasites en n’utilisant que des produits naturels ;
– à exclure l’ionisation (irradiation ) pour la conservation des produits.
– à exclure l’hydroponie (agriculture hors sol).
– enfin, avant de pouvoir bénéficier du label bio, il faut que le terrain sur lequel les fruits et légumes sont produits ait été cultivé selon le cahier des charges bio pendant au moins trois ans pour donner le temps à la terre de se débarrasser des produits toxiques.
Les engagements des éleveurs d’animaux bio
Quant aux éleveurs d’animaux bio les contraintes sont tout aussi draconniennes. Ils doivent s’engager à respecter le cahier des charges très strict :
– La production animale hors sol est interdite.
– L’utilisation de médicaments vétérinaires allopathiques chimiques de synthèse, ou d’antibiotiques, à des fins de traitement préventif est interdite.
– L’utilisation de substances destinées à stimuler la croissance ou la production ainsi que l’utilisation d’hormones ou de substances analogues, en vue de maîtriser la reproduction sont interdites.
– Les produits phytothérapiques, les produits homéopathiques, les oligo-éléments doivent être utilisés de préférence aux médicaments vétérinaires allopathiques chimiques de synthèse ou aux antibiotiques.
– Les additifs, auxiliaires technologiques, et autres substances et ingrédients utilisés dans la transformation d’aliments pour animaux doivent être conformes aux règles de la production biologique.
– Pour que des végétaux et produits végétaux destinés à l’alimentation animale soient considérés comme biologiques, les règles doivent avoir été mises en oeuvre sur les parcelles concernées pendant une période de conversion de deux ans au moins avant l’ensemencement ou, dans le cas des pâturages et des fourrages pérennes, de deux ans au moins avant l’utilisation des produits comme aliments pour animaux provenant de l’agriculture biologique.
Les règles de conversion s’appliquent à la totalité de la surface de l’unité de production sur laquelle des aliments pour animaux sont produits.
– L’alimentation des animaux bio est à base d’herbe fraîche, de foin et de céréales bio l’hiver. Elle est donc 100% biologique, sans utilisation de farines animales, et sans OGM.
Toujours plus de bio en France
Le hit parade des régions bio
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur est la 1ère région en part de surface agricole utilisée (SAU) bio avec 9% de SAU bio en 2009.
Mais c’est le Languedoc-Roussillon qui a enregistré la plus forte augmentation de sa SAU bio entre 2008 et 2009 : +27,5% .
La région Midi-Pyrénées est quant à elle la première région en surface bio en 2009 (77 385hectares).
Enfin la région Rhône-Alpes se situe en tête en nombre d’exploitations bio (1919).
Le top 5 des départements bio
En termes de surfaces en agriculture bio, c’est la Loire Atlantique qui arrive en 1ère position suivie par l’Aveyron, la Drôme , le Maine et Loire et le Gers.
En ce qui concerne le nombre d’exploitations certifiées, c’est la Drôme qui se place en tête suivie du Gard, du Vaucluse, de l’Hérault, et de la Loire-Atlantique.
En termes de part du bio par rapport à la surface agricole cultivée, c’est encore la Drôme qui prend la 1ère place suivie de la Guyane, des Pyrénées-Orientales, des Bouches-du-Rhône et des Hautes-Alpes.
Les filières les plus dynamiques
Les vignerons donnent l’exemple : la vigne est toujours en tête en terme de rythme de développement des sufaces bio avec près de 40% de croissance entre 2008 et 2009.
Les fruits et légumes sont également en forte augmentation + 20% de surface bio , ainsi que les grandes cultures ( céréales, oléagineux, protéagineux) +13%, et les fourrages +14%.
Augmenter la production pour réduire les importations
Malgré le contexte de crise ; malgré les prix du bio plus élevés, trop élevés ; malgré les critiques sur l’intérêt du bio… la culture bio progresse fortement. Mais elle ne représente malheureusement encore que 2,46% de la surface agricole utilisée (SAU) en France. Et si les surfaces certifiées bio ont augmenté de 5% en 2009, les exploitations bio ne représentent encore que de 3,14% du nombre total des exploitations agricoles françaises.
C’est dire le chemin qui reste à parcourir pour répondre à la demande des consommateurs et réduire les importations massives de produits bio, très couteuses en CO2.
José Vieira