Accueil / Articles / Alimentation bio / L’aspartame est-il toxique ?
alimentation

L’aspartame est-il toxique ?

Avatar photo

Mis à jour le

Publié le

Par Bioaddict

L'aspartame est incorporé dans de très nombreux produits allégés. Mais beaucoup de scientifiques doutent de son innocuité.

Qu’est-ce que l’aspartame?

L’aspartame provient du mélange de deux acides aminés, l’acide aspartique et la phénylalanine. Ces acides aminés sont présents dans les oeufs, les viandes, les fromages, les céréales, les fruits et le lait. L’aspartame se dégrade en méthanol (10%), en acide aspartique (40%) et en phénylalanine (50%) une fois ingéré. On le trouve entre autres dans Canderel, Nutrasweet, ou Equal. Il est également présent dans des milliers de produits alimentaires allégés.
En France, il est codé en tant que E 951 dans la classification des additifs. (1)

Son succès s’explique par sa saveur sucrée très supérieure à celle du saccharose (le sucre), de l’ordre de 200 fois, et qui permet donc de remplacer celui-ci dans les aliments et les boissons, sans apporter de calories en quantité appréciable. (2)

La dose journalière acceptable (DJA) d’aspartame est actuellement fixée à 40 mg par jour et par kilogramme de poids corporel pour l’homme au sein de l’Union européenne et à 50 mg/kg aux Etats-Unis. Mais il est en pratique impossible de gérer cette dose au quotidien étant donnée la diversité des produits consommés.

Des effets secondaires potentiellement graves

Le Ministère de la Santé a jusqu’à présent rejeté les résultats d’études qui associaient consommation de produits contenant de l’aspartame à divers troubles de la santé car les effets de l’édulcorant s’estomperaient à l’arrêt des prises.

L’aspartame serait cependant impliqué dans des phénomènes allergiques, suspecté de provoquer des migraines, nausées, vertiges, troubles de la vue et cancers, et pourrait, lorsqu’il est chauffé, former des composés critiques ou développer des résidus toxiques. (3)
 » Pendant des années, on a assisté à de vraies batailles d’experts, les expériences entreprises par les industriels aboutissant dans pratiquement 100 % des cas à des conclusions rassurantes, celles des chercheurs indépendants s’avérant beaucoup plus alarmistes, chacune influençant plus ou moins les avis et décisions des autorités sanitaires « , selon l’auteur du  » Dico-guide des étiquettes alimentaires « , Laurence Wittner.

Pour le Docteur Laurent Chevallier, médecin nutritionniste, attaché au CHU de Montpellier,  » il n’y a pas de preuve de la nocivité de l’aspartame au sens scientifique du terme. Ce ne sont que des affirmations. Mais cela devrait alerter sans aucun doute les Pouvoirs publics « . (4)

Que disent les études ?

En 2005, des chercheurs italiens de la Fondation européenne d’oncologie et de sciences environnementales B.Ramazzini de Bologne, ont publié les résultats d’une étude à long terme sur l’aspartame menée sur des rats. Selon eux, l’aspartame pourrait provoquer le cancer, notamment des leucémies et des lymphomes, chez les rats femelles. (5)
Les doses d’aspartame administrées sur les animaux correspondaient pour l’homme à des prises allant de 0 à 5.000 mg/kg. Ces travaux n’ont par ailleurs montré aucune augmentation significative des cancers du cerveau chez les rongeurs.(6)

Les chercheurs avaient donc conclu que les directives sur l’utilisation et la consommation de cet édulcorant devaient être réévaluées.

La méthodologie de l’étude fut cependant contestée par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Et dans un communiqué du 4 mai 2006, l’Efsa reconfirmait la sécurité de l’aspartame :
 » Il n’y a pas lieu de réexaminer l’avis scientifique précédent sur la sécurité de l’aspartame ni de revoir la dose journalière acceptable (DJA) d’aspartame de 40 mg/kg de poids corporel. L’Efsa considère que les résultats de cette nouvelle étude sur l’aspartame n’apportent pas une base scientifique pour reconsidérer son utilisation dans les aliments. « 

Les scientifiques qui ont analysé l’étude ont estimé que la légère augmentation de l’incidence de lymphomes et de leucémies était sans rapport avec l’aspartame et était  » sans doute  » attribuée à l’incidence sous-jacente élevée d’une affection pulmonaire inflammatoire.
Les résultats concernant les reins, l’uretère et la vessie, observés principalement chez les rats femelles, n’étaient pas non plus, selon eux, spécifiques de l’aspartame. De telles lésions seraient normalement le résultat d’une irritation ou de déséquilibres en calcium propres au métabolisme des rats. (7)

Pour le Docteur Laurent Chevallier,  » il ne s’agit pas d’un risque de toxicité au sens classique du terme, sinon le produit serait bien sûr interdit à la vente. Mais de nouvelles formes de toxicités apparaissent de nos jours avec les produits chimiques. Elles ne sont pas nécessairement liées à la dose mais à de faibles expositions répétées ».

En septembre 2007, une nouvelle étude de la fondation Ramazzini, publiée dans  » Environnemental health perspective « , démontrait le risque d’augmentation de cancer lié à une imprégnation d’aspartame pendant la vie foetale, via l’alimentation de rates. (8)

Le groupe scientifique ANS de l’Efsa (Additifs alimentaires et sources de nutriments ajoutés aux aliments) a rendu un avis scientifique sur cette étude en mars 2009, suite à une demande de la Commission européenne.  » Rien n’indique un quelconque potentiel génotoxique ou carcinogène de l’aspartame et il n’y a pas de raison de réviser la DJA établie antérieurement pour l’aspartame à 40 mg/kg p.c./jour.  » (9)

En avril 2009, l’EFSA a organisé une réunion d’experts nationaux désignés par leurs États membres sur le sujet de l’aspartame  » en vue de répondre de manière exhaustive aux préoccupations persistantes du public « . Le rapport des experts, accompagné d’un résumé des retours d’information de la consultation, sera présenté par l’EFSA au début de 2010. (10)

 » Et si ce produit présentait des effets secondaires non mis en évidence, surtout lorsqu’il est associé à d’autres molécules chimiques ? Nous avons très peu de recul en terme de santé publique. Faudra-t-il attendre une génération pour donner des précautions d’emplois ? « , s’inquiète le docteur Laurent Chevallier.

Le praticien n’hésite pas d’ailleurs à citer dans son livre  » Impostures et vérités sur les aliments  » Charles Wart, chimiste au sein de l’industrie alimentaire en Belgique, en France et en Suisse, pour qui  » l’aspartame en excès détruit les neurones en engendrant une augmentation des radicaux libres. Le risque est accru pour les nourrissons, les femmes enceintes, les personnes âgées ou souffrant de maladies chroniques. Une des plaintes les plus fréquentes chez les victimes de l’aspartame est la perte de mémoire.  » (11)

A noter que le Japon interdit l’aspartame depuis 1969 et que l’Australie bannit également cet édulcorant…

Emilie Villeneuve

Info+

L'aspartame est interdit chez les personnes qui présentent une phénylcétonurie, une maladie génétique rare. La prise de cet édulcorant intense augmente en effet les niveaux de phénylalanine. C'est pourquoi les aliments qui contiennent de l'aspartame doivent indiquer obligatoirement la mention " contient une source de phénylalanine ". L'emploi chez l'enfant de moins de 3 ans est déconseillé, précaution mentionnée sur l'étiquetage de l'aspartame de table.

Partagez cet article