Accueil / Articles / Environnement / L’explorateur-médecin Jean-Louis Etienne ausculte le pôle Nord en ballon
changements climatiques

L’explorateur-médecin Jean-Louis Etienne ausculte le pôle Nord en ballon

Mis à jour le

Publié le

A bord du Generali Arctic Observer, l'explorateur Jean-Louis Etienne a décollé à 6h10 hier matin de Longyearbyen, au Spitzberg, pour la première traversée du pôle Nord en ballon pour un périple de 3 500 kilomètres jusqu'en Alaska. Cette aventure aérienne représente le troisième volet de sa trilogie de l'Arctique réalisée d'abord à pied, puis en bateau et enfin dans les airs pour témoigner de la dégradation de la Terre.

L’aventure polaire en ballon de Jean-Louis Etienne

Quelques minutes après son décollage de Longyearbyen, dans l’archipel norvégien du Spitzberg, le médecin-explorateur français Jean-Louis Etienne partageait son bonheur par radio VHF :  » Je n’ai pas eu une petite, mais une énorme émotion au départ. C’était quelque chose d’extraordinaire. C’est un moment d’une grande intensité. Et ça devient petit à petit d’une beauté magnifique. C’est le grand calme maintenant. Je monte progressivement au-dessus de Longyearbyen. C’est absolument magique. Je commence à deviner les montagnes. Il y a un paysage devant moi fait de montagnes et d’eau. C’est d’un calme absolu, c’est magnifique, c’est comme cela que je l’avais imaginé.  »

Avant de franchir les montagnes du Spitzberg, Jean-Louis Etienne déploiera les sondes qui permettront durant tout son voyage de réaliser différentes mesures scientifiques du CO2, du champ magnétique, des particules en suspension et de l’ozone troposphérique. Cette première traversée du pôle Nord en ballon et en solo devrait durer entre sept et dix jours.

Témoigner de la dégradation de la Terre

Cette traversée du pôle Nord en ballon, qui n’a encore jamais été réalisée, sera le dernier acte de la trilogie de ses expéditions en solitaire à cet endroit de la planète.

 » Par cette aventure audacieuse, digne des romans de Jules Verne, je souhaite attirer l’attention du monde sur la régression de la banquise et ses conséquences sur la vie des peuples autochtones, la biodiversité arctique et le chaos climatique à l’échelle planétaire qu’engendrerait sa disparition. La banquise est le meilleur indice de performance des mesures que l’humanité doit engager contre le réchauffement climatique « , déclare Jean-Louis Etienne sur son site.

C’est donc à bord d’une rozière, un ballon mixte hélium / air chaud, du même type que le Breitling Orbiter autour du monde de Bertrand Piccard et Brian Jones, dont la nacelle non pressurisée est spécialement construite pour cette traversée polaire, que l’aventurier effectuera des prélèvements.

Il mesura en continue le CO2 atmosphérique pour le Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (CEA-CNRS) et le champ magnétique terrestre pour l’Institut de Physique du Globe de Paris (LETI-CEA).

Mesurer le CO2 atmosphérique dans une zone vierge de toute émission

Pour la première fois,des mesures instantanées de la teneur en gaz carbonique de l’atmosphère, au-dessus de l’océan Glacial Arctique, vont pouvoir être mesurées.

Le fait que l’expédition se fasse en ballon, un mode de transport écologique, et la période de vol prévue, devraient permettre de recueillir des données fiables sur les quantités de CO2 d’origine exogène sur l’Arctique .

Au printemps, la végétation environnant les latitudes polaires n’a pas encore repoussée. Le gaz carbonique issu de la photosynthèse sur place est ainsi quasiment inexistant. Les mesures de CO2 de Jean-Louis Etienne permettront donc d’identifier de manière rigoureuse quels sont les apports en gaz carbonique que subit l’atmosphère aux alentours du pôle Nord.

Suivez sur le site jeanlouisetienne.com (rubrique Generali Arctic Observer) en temps réel la mission grâce au journal de bord rédigé par l’explorateur et aux données transmises à l’équipe-sol.

La banquise : zone d’intérêt commun pour l’humanité

« La fonte de la banquise a déjà de graves conséquences locales sur la vie des peuples autochtones et l’écosystème polaire, notamment sur l’ours blanc, son plus emblématique représentant. Mais au-delà des conséquences locales, la disparition de la banquise au pôle Nord va nous conduire inévitablement vers une période de chaos climatique, notamment dans l’hémisphère Nord », précise Jean-Louis Etienne.

« La sauvegarde de la banquise est un enjeu majeur pour lequel chaque citoyen à sa part de responsabilité. Faisons de la banquise l’indice de la capacité de l’humanité à juguler les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. »

Ainsi, Jean-Louis Etienne souhaiterait que le gouvernement français, dans le cadre de la Présidence du Conseil de l’Union Européenne, adresse un signal fort à la communauté internationale, afin de proposer à l’Assemblée générale des Nations unies, le vote d’une résolution qui classerait la banquise de l’océan Arctique,  » Zone d’intérêt commun pour l’humanité ».

Sa pétition pour « l’urgence climatique » compte déjà plus de 32 000 signataires. Vous pouvez rejoindre le mouvement et signer vous aussi sur le site www.jeanlouisetienne.com.

Qui est Jean-Louis Etienne ?

Médecin spécialiste de nutrition et de biologie du sport, Jean-Louis Etienne a participé à de nombreuses expéditions en Himalaya, au Groenland, en Patagonie, ainsi qu’à la course autour du monde à la voile sur Pen Duick VI avec Eric Tabarly.

Il a été le premier homme à atteindre le pôle Nord en solitaire, tirant lui-même son traîneau pendant 63 jours (1986).

Entre juillet 1989 et mars 1990, il a été co-leader avec l’Américain Will Steger de l’expédition internationale Transantarctica et a réussit, en traîneaux à chiens la plus longue traversée de l’Antarctique jamais réalisée : 6 300 km.

Infatigable défenseur de la planète, Jean-Louis Etienne a mené entre 1990 et 1996 plusieurs expéditions à vocation pédagogique pour faire connaître les régions polaires et comprendre le rôle qu’elles jouent sur la vie et le climat de la terre.

À bord du voilier polaire Antarctica, il est parti en 1991-1992 pour la Patagonie, la Géorgie du Sud et la péninsule Antarctique. En 1993-1994, c’est l’expédition au volcan Érébus, en 1995-1996, l’hivernage au Spitzberg.

Au printemps 2002, il a réalisé la Mission Banquise, une dérive de trois mois sur la banquise du pôle Nord, à bord du Polar Observer pour un programme de recherche et d’informations sur le réchauffement climatique.

De décembre 2004 à avril 2005, il a dirigé une équipe de chercheurs du Muséum, de l’IRD, du CNRS afin de réaliser un inventaire de la biodiversité et un état de l’environnement marin sur l’atoll français de Clipperton dans le Pacifique.

De janvier 2007 à janvier 2008, il a fait construire un dirigeable pour traversée l’Arctique et mesurer l’épaisseur de la banquise.

De septembre 2007 à octobre 2008, il a été Directeur Général de l’Institut Océanographique – Fondation Albert 1er, Prince de Monaco.

Emilie Villeneuve

Info+

L'expédition, très médiatique, est parrainée par Zinédine Zidane, qui a fait le déplacement au Sptizberg pour le décollage du ballon (et qui partage accessoirement le même sponsor, l'assureur Generali, que Jean Louis Étienne).
Partagez cet article :