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L’insecticide Cruiser reconduit en 2010 : la colère des apiculteurs

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Suite à l'avis favorable de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA), le ministère de l'Agriculture a annoncé mardi le renouvellement pour un an de l'autorisation du pesticide Cruiser pour la campagne 2009-10 de semence du maïs. Alors que la toxicité du produit est prouvée, les associations de défense de l'environnement, les apiculteurs et la Confédération paysanne crient au scandale.

Un insecticide extrêmement dangereux pour l’environnement et la biodiversité

Le produit, utilisé pour le traitement des semences de maïs pour lutter contre le Taupin, avait déjà été autorisé en 2008-2009, encadré toutefois par des mesures de précaution.

Un nouveau dossier de demande d’autorisation de mise sur le marché pour la campagne 2009-2010 a été évalué par l’AFSSA, qui a rendu, le 1er décembre 2009, un avis favorable au renouvellement de cette autorisation pour un an, assorti des mêmes conditions de précaution. Sur la base de cet avis, le Ministère de l’Agriculture a décidé de délivrer une autorisation de mise sur le marché à la préparation CRUISER 350 sur le maïs ensilage, le maïs grain et le maïs porte-graine femelle, mais pas sur le maïs doux et le maïs porte-graine mâle.

La préparation Cruiser, à base de thiametoxam, un insecticide très toxique en enrobage de semence, est ainsi une fois de plus autorisée sur notre territoire. Une décision qualifiée de  » pitoyable  » par Henri Clément, le président de l’Unaf, l’Union nationale de l’apiculture française.  »L’UNAF est scandalisée par la décision du Ministère de l’Agriculture qui sacrifie les abeilles et l’environnement en renouvelant l’autorisation du Cruiser, puissant neurotoxique nocif à tous les êtres vivants », s’indigne-t-il.

Le Cruiser est notamment jugé nocif pour les abeilles par les apiculteurs et par de nombreuses organisations écologistes. « Le Cruiser (produit proche du Gaucho et du Régent), est un insecticide classé dangereux pour l’environnement, dangereux pour les abeilles, les oiseaux et les mammifères sauvages, et très toxique pour les organismes aquatiques », précise l’association France Nature Environnement (FNE) qui propose une pétition pour le faire interdire.

L’autorisation délivrée est limitée à une durée d’un an et devra faire l’objet d’une nouvelle évaluation de l’AFSSA avant d’être renouvelée.

Le Ministre de l’agriculture a demandé à ses services que des mesures soient prises pour limiter la dispersion de poussières au moment du semis.  » Une nouvelle mesure d’interdiction de semis par grand vent viendra renforcer l’obligation de mise en place de déflecteurs sur les semoirs pneumatiques imposée au début 2009 « .

Le plan de suivi comprendra un nouveau dispositif de surveillance des effets non intentionnels sur la biodiversité, en particulier pour vérifier l’absence de risque sur les papillons et les insectes pollinisateurs.
La direction générale de l’alimentation devra présenter ce dispositif à l’ensemble des syndicats professionnels agricoles et apicoles et animera le comité de suivi de ce dispositif.

 » Le ministère à la botte de l’agrochimie  » pour la Confédération paysanne

La Confédération paysanne qui ne  » s’interroge plus sur l’honnêteté intellectuelle et l’indépendance  » de l’Afssa, renouvelle sa demande d’interdiction du Cruiser.

Pour elle, il convient de constater que :

– les études d’effet à long terme sur l’abeille fournies par Syngenta donnent des résultats inquiétants sur plusieurs sites d’étude, mettant en évidence les effets nocifs du Cruiser sur les abeilles :

Dans un site sur trois, la moitié des colonies ont des reines qui ne pondent que des oeufs donnant des mâles. Ce sont des colonies « bourdonneuses » qui sont condamnées à mourir à brève échéance. Le même phénomène a été observé lors d’études sur du colza traité au Cruiser.

Dans un autre site, il est mentionné que deux années de suite, en 2006 et 2007, les colonies exposées sont plus sensibles aux maladies.

Ce n’est pas la 1ère fois que l’AFSSA fait une présentation partielle des études disponibles.

 » Dans son rapport « Mortalités, effondrements et affaiblissements des colonies d’abeilles « , présentée comme étant une étude « quasi exhaustive des investigations scientifiques françaises et européennes conduites sur le sujet « , aucune référence bibliographique n’est faite aux publications des chercheurs Arnold, Belzunces, Bonmatin, Colin et Suchail démontrant les effets nocifs des pesticides systémiques sur l’abeille, pas plus que ne sont mentionnés les rapports du Comité scientifique et technique de l’enquête multifactorielle des troubles de l’abeille pour les produits Gaucho et Régent « , souligne la Confédération paysanne.

La Confédération Paysanne renouvelle ainsi sa demande d’interdiction de ces insecticides. « Outre les multiples dangers (destruction des abeilles, persistance dans l’eau, les sols) qu’ils présentent, ils constituent un non sens agronomique (la rotation longue reste la meilleure alliée des producteurs de maïs) », a t’elle précisé.

 »Nous n’acceptons pas la main mise de l’industrie agrochimique sur l’apiculture française », a également déclaré la Fédération Française des Apiculteurs Professionnels (FFAP).

Afin de mieux comprendre ce que deviendrait l’humanité sans les Abeilles, je vous conseille le film documentaire « Le titanic apicole » dont vous pourrez voir un extrait sur le haut de cet article. Réalisé par Dominique Guillet et Ananda Guillet, ce film est un véritable cri d’alarme des apiculteurs et un réquisitoire implacable contre les « empoisonneurs publics », les Monsanto, les Bayer, les Basf et les Syngenta.

Emilie Villeneuve

Lire notre article « Mort des abeilles : une catastrophe écologique est déclenchée « .

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