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La claque du film de Nicolas Hulot : " le Syndrome du Titanic "

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C'est aujourd'hui que sort dans les salles le " Syndrome du Titanic ", film de Nicolas Hulot et de Jean-Albert Lièvre, qui au-delà du constat environnemental, nous interroge sur le sens du progrès. Un véritable électrochoc.

La claque du film de Nicolas Hulot :  » le Syndrome du Titanic « 

Ce n’est plus la peine de présenter Nicolas Hulot. Photo-reporter, journaliste à France Inter puis rédacteur en chef de VSD Nature, créateur de la Fondation qui porte son nom pour la nature et l’Homme, présentateur et producteur d’Ushuaïa, initiateur du Pacte écologique et de la taxe carbone… Le symbole français de la défense de l’environnement co-signe aujourd’hui avec Jean-Albert Lièvre un long-métrage qui, à travers 11 mois de montage, dévoile une réalité choc de nos sociétés économiques et culturelles.

L’idée au départ de Nicolas Hulot était d’utiliser le cinéma pour apporter une autre dimension à son engagement, à partir d’un livre écrit en 2004, qui porte le même nom que le film. A ceci près qu’à l’arrivée, celui-ci en est assez éloigné, le livre étant dans le constat de la crise écologique .

 » Il m’a semblé important de ne pas se cantonner à la dimension écologique. Il y a dans ces crises que nous traversons, une dimension culturelle. Je voulais essayer de comprendre pourquoi à un moment nos actions ont échappé à nos intentions. A quel moment il y a eu scission entre ce couple que l’on pensait indissociable ; avenir et progrès « , explique Nicolas Hulot lors de l’avant-première du film le 23 septembre dernier, au cinéma Le Majestic, à Paris.

Vous ne pourrez pas sortir indifférent de ce Syndrome. En sortant de la salle de cinéma, vous n’aurez d’autres choix que de poser un autre regard sur le monde.

La révolution des esprits

Le Syndrome du Titanic c’est ça : une combinaison d’images qui vous laisse pantoie, qui parlent d’elles-mêmes de l’absurdité de la surconsommation et des écarts de la richesse humaine à travers la planète, sur une bande musicale originale et tout aussi riche et travaillée. Le tout accompagné du monologue de Nicolas Hulot qui, en parlant en son propre nom, apporte la dimension politique à son cri d’alerte à la raison.

 » Cette combinaison de crises dont on ce serait bien passé, est aussi une opportunité presque inespérée pour nous reposer les bonnes questions, pour redéfinir ensemble les fins, pour nous demander à quoi on destine le génie humain. « 

D’où la fameuse phrase d’Einstein que Nicolas Hulot a mis en exergue dans son livre et qu’il reproduit dans son commentaire de film :  » Notre époque se caractérise par la profusion des moyens, la confusion des intentions. « 

 » Cette phrase porte en elle l’espoir et le désespoir, un peu comme ce film d’ailleurs « , souligne le défenseur de la cause planétaire.

 » Je ne suis pas né écologiste, je le suis devenu « 

Ce film n’entre pas dans la lignée d’Ushuaïa qui exploite la beauté des paysages pour nous faire part de l’inquiétude de Nicolas Hulot. C’est un appel à la raison qui vous attire par ses plans fixes de lumières dans les mégapoles, et qui vous absorbe par sa vision esthétique des ravages de l’Homme sur la nature.

Comment rester stoïque devant la démesure de la consommation des uns dans le plus grand centre commercial du monde aux Etats-Unis, tandis que d’autres, à seulement quelques kilomètres, n’ont qu’une voiture comme toit au dessus de la tête ;

Comment ne pas se poser de questions devant la profusion de high-tech d’une génération branchée tandis que certains vivent au jour le jour sans nourriture…

 » Dans les lieux de souffrance ou de misères les plus rudes, vous avez la plupart du temps une petite fenêtre sur le reste du monde qu’on appelle internet ou télévision.
On ne peut pas demander aux gens de pas profiter du développement et en plus, en nous observant par ces petites fenêtres, de rester dans une situation de spectateur attentif. Parce que quand vous ajoutez à la misère un élément explosif que l’on appelle l’humiliation, il est de la nature humaine comme de la nature en général, de réagir. Voila pourquoi, qu’on le veuille ou pas, on est contraint de prendre en charge les priorités que sont les contraintes planétaires et sociale « , développe Nicolas Hulot.

Un appel à la raison

D’où la notion de choix que suggère le  » Syndrome du Titanic  » sur le modèle économique et politique à venir, ainsi que sur les révisions comportementales des uns et des autres.

 » Il faut que nous franchissions un cap, ou en tout cas un étage, dans la réflexion et la proposition. La notion de développement durable , et je dis cela sans aucune ironie, est une notion très sympathique, très nécessaire, en terme de transition. Mais on voit bien que la traduction concrète de la prise de conscience sur ces sujets là, est disproportionnée par rapport à l’emballement des phénomènes que l’on essaye de combattre. « 

Et donc il ya une supplique à ce film, qui porte une part de naïveté, d’espoir et de désespoir : la mutation de nos sociétés doit aller beaucoup plus loin.

 » D’autant plus que cette mutation qui peut effrayer, n’est effrayante que si on laisse le temps nous la dicter « .

 » Je suis plutôt un optimiste de nature mais je suis devenu un pessimiste de raison « 

Ne dites pas à Nicolas Hulot que c’est un pessimiste chronique. Il vous dira qu’il essaye d’ouvrir  » l’armoire des utopies  » :

 » Quand je dis dans le film qu’il va falloir revisiter notre imaginaire jusqu’aux frontières de l’Utopie, je ne dis pas qu’il faut jeter tout ce que nos sociétés ont fait, loin de là. Je dis aussi qu’il faut s’ouvrir à d’autres possibilités. Il faut aller très loin dans les remises en cause. Le système dominant n’est plus la solution, il est le problème. Et on devra dans le domaine de l’énergie comme dans le domaine agricole, passer par une diversité de solutions. Il y a des solutions d’ailleurs qui sont déjà éprouvés sur le terrain mais faut-il encore les observer et ne pas les regarder avec une forme de condescendance comme des petites expériences locales qui ne peuvent pas avoir d’autres échelles. « 

 » Je ne cherche pas à nous culpabiliser, ce film n’est pas un procès « 

Je pense que nos sociétés n’ont pas toujours « pensé à mal ». Curieusement, c’est parce qu’on a trop bien réussi et que le progrès nous a échappé. Sauf que les premières victimes sont celles qui y sont pour rien, que ça aggrave les inégalités. Par cette puissance, que sont le commerce et la communication, on a malheureusement bouleversé tous ces équilibres.

Bar à oxygènes à chiens contre vieillards vivant dans des cages métalliques de quelques mètres carrées, voitures de luxe neuves des pays riches contre vieux bus des pays pauvres…
Le match des inégalités nous en met plein la vue, mais dans le mauvais sens du terme.

On ne sort pas indemne de ce film. On se sent même coupable de participer à notre niveau à la destruction de la planète. Mais on en ressort aussi motivé. Motivé de vouloir changer les choses, aussi petites qu’elles nous paraissent à notre échelle.

Parce que Nicolas Hulot se dire croire en l’Homme et en chacun de nos actes,  » parce qu’on peut enfin parler de choses qui étaient totalement inconvenues il y a quelque temps. « 

Emilie Villeneuve

Découvrez la bande-annonce sur le site officiel du « Syndrome du Titanic », en salle à partir du 7 octobre 2009.

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