Présentation
En France, le secteur du bâtiment est celui qui consomme le plus d’énergie après le transport : 43 % de la consommation française. Celle-ci ne cesse d’augmenter avec plus de 1,4 % par an en moyenne depuis 10 ans. Cela représente 25 % des émissions de gaz à effet de serre.
(source : Ademe, Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie )
La société d’ingénierie climatique et électrique Elithis a fait appel à l’architecte Jean-Marie Charpentier pour » relever le défi de créer un bâtiment conciliant esthétisme, intégration urbaine, confort, performance énergétique et environnementale « .
Haute de ses 33,50 mètres, cette tour se veut être à ce jour le bâtiment tertiaire » le plus sobre au monde sur le plan énergétique et environnemental « , notamment en matière de rejets de gaz à effet de serre (GES). Cette tour consommera six fois moins de CO2 qu’un bâtiment classique.
» La tour a coûté 7 millions d’euros soit 1.400 euros (hors taxes) au mètre carré. C’est le même prix qu’un bâtiment standard qui consomme lui 220 kWh par mètre carré et par an « , souligne la société Elithis.
Utiliser les sources de production d’énergies renouvelables
Actuellement, les immeubles du secteur tertiaire aux normes actuelles consomment entre 230 et 250 kWh/m2/an (kilowatt-heures par mètre carré et par an) selon l’Ademe. Pour réduire ce chiffre à zéro pour ses 5 000m2, la tour Elithis doit minimiser la consommation et mettre en place une technologie de production.
Sa façade est composée de bois, d’isolants recyclés comme la ouate de cellulose, l’aluminium étant utilisé au minimum. La récupération des eaux de pluie en toiture alimente un réseau indépendant pour l’alimentation des toilettes.
Les nombreuses baies vitrées favorisent la lumière naturelle et évitent ainsi la consommation de l’éclairage artificiel. Un » éclairage nomade » assure néanmoins les besoin des postes de travail et les locaux sont équipés de luminaires à économies d’énergies.
Un bouclier thermique transparent en résille d’acier, déployé selon la trajectoire du soleil, évite les éblouissements et les apports de chaleurs trop importants. C’est un système de ventilation qui recycle la chaleur et permet le rafraîchissement gratuit des locaux. Ce système » triple flux « , breveté par Elithis, permet d’économiser de l’énergie en récupérant celle émise par les ordinateurs, photocopieurs… et permet de lutter contre les hausses de température jusqu’à 27° sans utiliser le système de refroidissement.
Le toit de la tour est quant à lui transformé en pile géante : 560 m2 de panneaux photovoltaïques fournissent 82 000 kWh d’électricité par an.
Une charte éco-comportementale
Les consommations énergétiques sont affichées quotidiennement sur un totem au pied de la tour ainsi que les économies réalisées (en kWh et en tonnes de CO2) par les usagers du bâtiment. Ces derniers se sont engagés à respecter une charte environnementale, suivie par un comité de pilotage. » Ce sont les utilisateurs qui permettront de gagner les derniers 20 kWh/m2/an nécessaires pour atteindre l’énergie positive « , d’après la société Elithis. Celle-ci a intégré un chercheur en sociologie comportementale pour mesurer l’impact des comportements individuels sur les résultats énergétiques du bâtiment.
L’occasion donc d’expérimenter les gestes éco-citoyens des acquéreurs de la tour. Société Elithis, Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), fabricant de récupérateurs d’eau pluviale, société vendant des pompes à chaleur, dentiste… tous joueront un rôle dans ce nouveau mode de consommation énergétique. Ils seront amenés à prendre les escaliers et éteindre leurs ordinateurs à leur départ par exemple.
Il ne reste plus qu’à connaître les gains réalisés sur les émissions de CO2 de ce » laboratoire d’expérimentation énergétique » grâce aux 1 600 capteurs répartis sur l’ensemble de la structure. Cette initiative peut servir d’exemple pour tous les projets d’immeubles verts qui sont en cours.
Il est prévu d’ici 2015, une augmentation de la pollution de plus de 25 millions de tonnes de CO2, uniquement due au chauffage, selon la FEDRE, la fédération européenne pour le développement durable des régions.
Emilie Villeneuve