Une consommation en hausse
Le marché du lait bio se développe à un rythme de 10 % par an.
Depuis 2002, le lait conditionné représente une part importante des transformations des produits laitiers biologiques, 66% en 2007.
Ces produits laitiers biologiques font parti des produits issus de l’agriculture bio les plus consommés. En 2007, 74% des acheteurs bio en ont consommé, contre 69% en 2006.
(Source : Baromètre Agence BIO 2007).
Le lait bio est transformé en sept familles de produits laitiers : lait de consommation bio, yaourts bio, crèmes dessert bio, fromages frais bio (blanc), beurre bio, crème fraiche bio, fromages affinés bio.
Les fabrications ont été très dynamiques en 2008, surtout pour les laits conditionnés (+ 13,2 % / 2007, ils représentent le plus gros volume de lait bio transformé), les yaourts et laits fermentés (+ 28,3 %) et le beurre (+ 24,7 %).
Des propriétés supérieures au lait conventionnel
1. Le point de vue de l’Afssa, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments
Dans un rapport de 2003 intitulé » Evaluation nutritionnelle et sanitaire des aliments issus de l’agriculture biologique « , l’Afssa indique que la teneur en acides gras ( AG) mono-insaturés (de type oméga-9) inférieure dans les produits biologiques , est expliquée par une teneur inférieure en matière grasse des concentrés en alimentation animale.
La teneur supérieure en acides gras polyinsaturés (de type oméga-3 et oméga-6) est expliquée quant à elle par une activité microbienne supposée plus importante dans le rumen, le pré-estomac de la vache.
Enfin, dans certains élevages laitiers biologiques, une alimentation plus riche en graines de lin a pour conséquence une teneur supérieure en acide linolénique (n-3) dans le lait.
L’alimentation des vaches d’élevage biologique comprend aussi des compléments minéraux, des additifs tels que les oligo-éléments, de même nature chimique que les compléments distribués aux vaches d’élevage conventionnel.
Pour l’Afssa, l’alimentation a donc peu d’influence sur la composition minérale du lait, sauf pour quelques oligo-éléments comme l’iode et, dans une moindre mesure, le sélénium. Les minéraux majeurs comme calcium et le phosphore dépendent essentiellement du stade de lactation.
En conclusion, seuls les facteurs génétiques et l’alimentation pourraient entraîner des différences de composition entre un lait issu de l’élevage biologique et celui issu de l’élevage conventionnel selon l’Afssa.
2. Le point de vue de l’Inra, Institut national de la recherche agronomique
L’Inra s’est intéressée cette année à la composition de laits de grande collecte dépendant des pratiques alimentaires.
L’Institut a démontré que les laits provenant d’un pâturage naturel, que broutent les vaches d’un élevage bio, ont des teneurs plus élevées en acides gras insaturés notamment en acide oléique, en acide α-linolénique, en AG trans et en acide ruménique et plus faible en AG saturés que ceux produits à partir de rations à base d’ensilage d’herbe ou de maïs, supplémentées en concentrés.
Une bonne nouvelle lorsqu’on sait que dans le cadre de la prévention des maladies cardiovasculaires et du cancer, il est conseillé de limiter l’ingestion des acides gras (AG) trans et des AG saturés au profit de celle des AG insaturés !
3. Le point de vue d’une étude britannique
Plus d’antioxydants et d’acides gras essentiels que le lait conventionnel. C’est la conclusion de l’étude révèle une étude britannique de 2008, intitulée » Fatty acid and fat-soluble antioxidant concentrations in milk from high- and low-input conventional and organic systems: seasonal variation ».
Et cela ne concerne pas uniquement les fermes certifiées bio mais aussi celles qui appliquent les même moyens de production qu’elles car c’est l’herbe fraîche qui ferait la différence. Elle donnerait un lait de meilleure qualité.
Selon la période de pâturage, le lait biologique posséderait 60 % d’acide linoléique (oméga-6) et 39 % d’acide alpha-linolénique (oméga-3) en plus qu’un lait d’un élevage industriel.
Le rapport entre ces omégas est également plus élevé dans le lait biologique, ce qui favorise encore plus l’action immunitaire.
Comment choisir son lait bio
1. Le label AB : un nouveau cahier des charges depuis le 1er janvier 2009 (RCE n° 834/2007 et 889/2008)
Le logo AB garantit que l’alimentation est d’origine biologique et que 50 % de la ration annuelle est constituée d’aliments produits sur l’exploitation. Si cela n’est pas possible, ces aliments peuvent être produits en coopération avec d’autres fermes biologiques principalement situées dans la même région.
Les OGM , les antibiotiques, coccidiostatiques, substances médicamenteuses, stimulants de croissance ou toute autre substance destinée à stimuler la production sont bannis de l’alimentation.
La ration journalière est composée au minimum de 60 ou 70 % de fourrages grossiers (frais ensilés ou séchés), suivant les stades physiologiques.
L’utilisation d’acides lactique, formique, propionique et acétique n’est autorisée que si les conditions climatiques ne permettent pas une fermentation suffisante.
Des minéraux sont utilisés tels le sel de mer non raffiné, le sel gemme brut de mine, le chlorure de magnésium, le sulfate de sodium… ainsi que des oligo-éléments comme les carbonates, sulfates et oxydes. L’utilisation des vitamines de synthèse A, D et E est autorisée en cas de besoin.
Les vaches laitières disposent de 6 m2 à elles toutes seules à l’intérieur d’une ferme et de 4,5 m2 à l’extérieur (sauf pâturages) et à un accès à une aire d’exercice.
2. Le label » Nature et Progrès » plus exigeant
100% des aliments bio doivent être bio, la ration composée essentiellement de pâturages et de fourrages grossiers. 50% de la ration doit être produite sur l’exploitation.
Les bêtes broutent des fourrages conventionnels, cultivés sans herbicides. Ces derniers sont autorisés exceptionnellement lors de cas d’incendies, de grêles… jusqu’à 10% de la ration journalière.
La poudre de lait et les succédanés (substituts) sont bannis.
Les OGM et les vitamines de synthèse sont interdits comme l’ensilage.
Les vaches laitières disposent de 6 m2 à l’intérieur des locaux et de 5 m2 à l’extérieur (sauf pâturages) et à un accès à une aire d’exercice.
3. Le lait bio à la réputation d’être en moyenne 60 % plus cher que le lait conventionnel
Voici quelques indices de prix:
-Lait bio » Lactel » demi-écrémé 1 L. 1,24 euro le litre / Lait » Lactel » demi-écrémé 1L. 0,82 euro
-Lait bio » Bio Village » demi-écrémé marque Repère 1 L. 1,03 euro le litre / Lait » Délisse » demi-écrémé 1 L. 0,74 euro le litre
-Lait bio » Candia » demi-écrémé 1 L. 1,51 euro le litre / Lait » Candia » 1L. 0,94 le litre.
(prix généralement constatés dans les magasins Leclerc)
Les chiffres clés du lait biologique
Une production non suffisante
-En Europe
En 2007, l’Europe a produit 2,5 millions de tonnes de lait biologique, soit 1,7 % de ses livraisons. L’Allemagne, le Danemark (9 % du lait collecté) et l’Autriche (10 % du lait collecté) produisent chacun 400 millions de litres soit 1/6 de la production européenne. La France en collecte peu avec seulement 1 %.
La part de lait de consommation bio achetée par rapport au total de lait de consommation atteint 25% au Danemark, 10% en Autriche, 5% en France. La moyenne européenne est de 1,5%.
-En France
En 2007, la France comptait 2 087 producteurs de lait bio : 1484 en vaches laitières (soit 1,5% du cheptel national), 384 en brebis et 365 en chèvres. Cela représente 235 millions de litres de lait de vache. Elle compte 166 entreprises certifiées dans la préparation de produits bio (en progression de 7% par rapport à 2006), selon l’Agence Bio.
(Source : Agence bio – www.agence.bio.org ; CNIEL – IRI ; Office de l’Elevage SCEES)
Les livraisons de lait bio de vache sont réalisées essentiellement dans quatre régions : Franche Comté, Pays de la Loire, Bretagne et Basse-Normandie.
Emilie Villeneuve