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Le Bisphénol A, utilisé dans les bouteilles plastiques et biberons, est toxique pour l’intestin selon l’Inra

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Par Bioaddict

Pour la première fois, une équipe de chercheurs de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) de Toulouse vient de démontrer que l'exposition au bisphénol A (BPA), molécule que l'on retrouve notamment dans les biberons et autres récipients alimentaires en plastique, a des conséquences sur la fonction intestinale.

Le Bisphénol A, toxique pour l’intestin

Publiée dans l’édition en ligne de l’Académie des sciences américaine (PNAS) du 14-18 décembre 2009, l’étude démontre que l’appareil digestif du rat est très sensible aux doses de BPA, même faibles.

Quels effets donc ? L’intestin est moins imperméable, la douleur viscérale augmente et le BPA affecte la réponse immunitaire à l’inflammation digestive.

Or pour l’INRA,  » le BPA est un leurre hormonal, capable de mimer l’effet des oestrogènes, les hormones sexuelles féminines qui, au-delà de leur rôle dans la fonction de reproduction, sont essentielles au développement d’organes comme le cerveau ou le système cardio-vasculaire « .

Lire notre article  » « Biberons empoisonnés » : Une loi anti-bisphénol A déposée au Sénat « .

Les chercheurs dévoilent également comment l’exposition pré- et post-natale de ces animaux peut fragiliser la fonction de  » barrière intestinale  » à l’âge adulte. Pour eux,  » ces travaux ouvrent de nouvelles perspectives dans l’évaluation du risque d’exposition aux perturbateurs endocriniens. « 

Le BPA, également présent dans les boites de conserves et canettes !

Le Bisphénol A est utilisé dans la fabrication industrielle des récipients en plastique de types polycarbonate, tels certains biberons.

Lire notre article  » Le bisphenol A : un produit chimique toxique dans les biberons « 

Mais il est employé pour les résines des revêtements intérieurs de boîtes de conserve pour aliments ou canettes de boissons. Or, lorsque ces résines et plastiques sont chauffés, le BPA est capable de s’extraire de ces matériaux. Et même spontanément, à très faibles doses !

Ainsi le bisphénol A est détecté dans les urines, le sang et le liquide amniotique d’une grande majorité de la population européenne.

L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) ont donc défini une dose journalière acceptable ( » DJA « ) de 0,05 milligramme/kg de poids corporel.

Cette dose seuil a notamment été retenue car le BPA est capable, sur l’animal de laboratoire, de se lier aux récepteurs des oestrogènes, les hormones sexuelles féminines, et de mimer leur action dans l’organisme. A ce jour, toutes les études menées pour évaluer ses effets dans le corps humain ont principalement concerné la fonction de reproduction et le développement du cerveau.

Les chercheurs du laboratoire  » Neurogastroentérologie et nutrition  » de l’INRA de Toulouse se sont intéressés aux effets du BPA sur l’intestin car c’est le premier organe qui est au contact des contaminants ingérés.

Ils démontrent que le BPA agit sur l’intestin, dès une dose dix fois inférieure à la dose journalière admissible pourtant considérée comme très sécuritaire pour l’homme !

Il en résulte une diminution de la perméabilité de l’intestin pouvant favoriser la  » rétention d’eau  » dans le corps. Les chercheurs ont également observé que le BPA avait un impact sur la réponse inflammatoire dans le côlon et rendait l’intestin plus sensible à la douleur.

A partir d’analyses effectuées chez les rats nouveau-nés, les chercheurs ont émis l’hypothèse que l’exposition pré- et post-natale au BPA pourrait freiner le développement des défenses immunitaires intestinales, altérant ainsi leur capacité à reconnaître plus tard des substances potentiellement nocives pour l’organisme.

 » Ces travaux illustrent la très grande sensibilité de l’intestin au Bisphénol A et ouvrent de nouvelles voies de recherches sur la caractérisation et l’évaluation des effets des perturbateurs endocriniens d’origine alimentaire. Ils pourront contribuer à l’évaluation des risques et à la définition de nouveaux seuils acceptables d’exposition pour ces molécules « , conclut l’INRA.

 » Aux Etats-Unis, l’Agence de l’environnement devait remettre ses conclusions fin novembre, mais y a renoncé sans explication. Est-ce pour inclure dans ses réflexions une nouvelle étude publiée dans le numéro de décembre de la revue Environmental Health Perspective ? « , questionne Hervé Morin dans le Monde. Selon cette étude, des petites filles, dont la mère présentait du BPA dans les urines durant la grossesse, se montrent plus agressives et hyperactives à l’âge de 2 ans.

Emilie Villeneuve

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