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Le poisson sauvage n’est pas bio !

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Par Bioaddict

Beaucoup de poissonniers et de restaurateurs entretiennent la confusion entre le poisson sauvage et le poisson bio. Le poisson bio n'est pas un poisson sauvage. Il est forcément un poisson d'élevage. Mais de grande qualité.

Le poisson sauvage n’est pas bio !

Le poisson  » sauvage  » bénéficie d’un a priori qualitatif qui paraît évident pour la plupart des consommateurs qui le considèrent comme un poisson  » naturel  » et sain.

Malheureusement, cet a priori est de moins en moins mérité.

Les poissons  » sauvages  » sont en effet souvent pollués par les produits chimiques rejetés dans les cours d’eau et la mer. Ainsi, en France, les poissons de certaines rivières viennent d’être interdits à la consommation. Et l’on découvre que les harengs, les sardines et saumons  » sauvages  » peuvent contenir des métaux lourds très toxiques…

Lire  » Pollution et PCB : après les poissons, c’est l’Homme qui trinque ! « 

Lire  » PCB : Un nouveau site pour connaître le niveau de pollution des cours d’eau et des poissons « 

Tous les poissons sauvages ne sont pas encore, fort heureusement, pollués. Mais en pratique comment savoir si ceux que nous achetons, ou consommons, sont sains ? Aujourd’hui il est quasiment impossible de le savoir. Les lieux de pêche ne sont que très rarement précisés sur les étals, et pratiquement jamais au restaurant. Et lorsque la provenance est précisée comment savoir si le lieu est pollué ou non ?

Le poisson sauvage n’est donc pas bio, ni forcément de qualité. Alors faut-il préférer le poisson d’élevage?

Il existe en fait deux catégories de poissons d’élevage qui n’ont strictement rien à voir l’une avec l’autre : les poissons d’élevage conventionnel, et les poissons d’élevage bio.

Poissons d’élevage conventionnel ou poissons d’élevage bio ?

Les poissons d’élevage conventionnel ( saumon, daurades, loup, bar, cabillaud, truite de mer, turbot, sole, anguille, flétan, esturgean,maigre,tilapia, pang ) sont produits dans des cages souvent surpeuplées, et dans des conditions d’hygiène qui ressemblent à celles de l’élevage en batterie des porcs et des poulets.

Leur alimentation est composée de mélanges de farines végétales, pouvant contenir des OGM ou des résidus d’OGM, et animales.

En outre pour les faire grossir plus vite et davantage, et pour traiter ou prévenir les maladies dont ils sont affectés, l’usage de produits chimiques se synthèse est largement répandu.

Enfin, les poissons d’élevage OGM pourraient ne pas tarder à arriver dans nos assiettes.

Selon le  » New-York Times « , les Etats Unis seraient sur le point d’autoriser un saumon transgénique dont la taille serait bien supérieure aux saumons normaux et qui serait plus résistant aux maladies.

Certains poissons d’élevage bénéficient du  » Label rouge  » et sont présentés comme étant de qualité supérieure. Mais ce sont surtout ses qualités gustatives qui sont privilégiées dans cette appellation.

En fait, aujourd’hui, ce sont les poissons d’élevage bio qui offrent les meilleures garanties sanitaires.

Le cahier des charges de l’aquaculture bio

Le cahier des charges de l’aquaculture bio ( www.agriculture.fr) a été établi en août 2000 par arrêté ministériel. Il est très strict et très contraignant. Il impose aux producteurs le respect du bien- être des poissons, le respect de l’environnement, et le respect des consommateurs.

Ainsi, en ce qui concerne l’alimentation des poissons d’élevage bio, elle doit être assurée au maximum par des produits de qualité supérieure, tous issus d’un mode de production biologique, et qui ne doivent pas compromettre la capacité de renouvellement des espèces, ni porter préjudice aux écosystèmes marins.
Les poissons bio bénéficient notamment d’aliments garantis sans aucun produit provenant d’animaux terrestres.

Ces aliments sont composés de farines et huiles de poissons dont la teneur en polluants chimiques de synthèse et métaux lourds (PCB, plomb,Cadmium,mercure) est strictement limitée par la réglementation et régulièrement contrôlée.Ces poissons proviennent de pêches gérées par quotas pour préserver les ressources naturelles.

L’alimentation est également composée de végétaux, tous issus de l’agriculture biologique et garantis sans OGM, de vitamines naturelles et de sels minéraux.

L’addition dans les aliments de stimulateurs de croissance, d’additifs médicamenteux, de colorants chimiques de synthèse, de stimulateurs d’appétit à effet hormonal, ou de toute hormone de synthèse est strictement interdite.

Quant aux eaux dans lesquelles les poissons bio sont élevés elles doivent être de grande qualité.

Les eaux d’estuaires, et /ou placées directement sous influence estuarienne, sont bien entendu exclues, ainsi que les eaux chauffées artificiellement en provenance de refroidissement des industries urbaines, thermiques ou nucléaires.

Seuls les sites se situant dans un milieu faiblement exposé aux risques de pollution inhérents aux activités urbaines, industrielles, piscicoles non biologiques et agricoles intensives peuvent donc accueillir un élevage biologique.

Si dans un espace aquatique ouvert (fjord, lac, mer, …), il y a présence simultanée d’élevages biologique et d’élevages conventionnels, toutes les mesures d’isolement et d’éloignement doivent être prises.

Concernant les élevages en rivière, ou en milieu terrestre les lieux de production biologique doivent être systématiquement situés en amont des élevages conventionnels.

Quant à la distance séparant les élevages biologiques des élevages conventionnels, elle doit tenir compte de la quantité de poissons d’élevage dans la zone, de la taille des élevages, de la qualité des eaux et de leur capacité épuratrice, de l’hydrologie de la zone, etc.

La prévention : priorité de l’élevage des poissons bio

Le recours à des vaccins est autorisé, mais ils ne doivent être utilisés que lorsqu’il est établi par le vétérinaire que les maladies visées sont présentes dans l’environnement.
En cas de constatation de la propagation de maladies bactériennes ou de virales, les poissons doivent être immédiatement soumis à un traitement ou éliminés.

Cependant le vétérinaire ne peut prescrire que des produits à base de substances végétales, animales ou minérales à dilution homéopathique, de plantes et de leurs extraits, ou des substances telles que oligo-éléments, métaux, immuno-stimulants naturels, ou probiotiques autorisés.

Si un traitement à base de produits de synthèse s’avère nécessaire, l’administration de ces substances doit faire l’objet d’un enregistrement sur le cahier d’élevage car le lot de poissons qui subit plus de 2 interventions thérapeutiques par an, pouvant être complétées par 2 traitements antiparasitaires de synthèse, perd son appellation bio.

Par ailleurs aucune intervention thérapeutique avec des produits chimiques de synthèse n’est autorisée, dans les 3 mois précédant l’abattage.

Le non-respect de l’exactitude des mentions portées sur le cahier d’élevage ou l’absence de son enregistrement provoque une sanction pouvant aller jusqu’à l’exclusion du circuit de l’agriculture biologique.

Une identification bio inviolable

Et en bout de chaine, l’identification des poissons bio est simple : les poissons entiers doivent porter une bague AB numérotée inviolable. Les poissons destinés à la préparation et les filets reçoivent également une identification collective inviolable. Et cette identification doit être effectuée avant la mise en caisse.

Un organisme certificateur indépendant,  » Qualité-France « , contrôle la stricte application du cahier des charges et du respect de la législation sur toute la filière.

Comme on peut le constater la qualité des poissons bio est tout particulièrement protégée, surveillée et garantie.

Mais ces poissons étant élevés dans les milieux marins ouverts, et exposés aux catastrophes écologiques, comme celle qui touche actuellement le Golfe du Mexique, il se pourrait bien que la situation ne dure pas et que l’on se trouve un jour, quel que soit leur mode d’élevage et quelle que soit leur provenance, à ne pouvoir manger que des poissons potentiellement pollués.

Stella Giani

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