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Marée noire en Italie : le désastre écologique

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Par Bioaddict

Le plus grand fleuve d'Italie, le Pô, a été victime mercredi 24 février 2010 d'une gigantesque marée noire suite à un sabotage dans une ancienne raffinerie près de Monza (Lombardie). Cette catastrophe écologique serait aujourd'hui sous contrôle.

Un désastre écologique

Le plus grand fleuve du pays s’est vue souillée par des milliers de tonnes de pétrole. La marée noire est descendue le long d’un de ses affluents, le Lambro, avant de le contaminer dans la province agricole de Parme. Ainsi, les efforts consentis depuis plusieurs années pour rétablir la qualité des eaux dans la région ont été réduit à néant.

Les pompiers, la protection civile et l’Agence régionale lombarde pour la protection de l’environnement (ARPA) ont mobilisés des centaines de camions-citernes pour absorber le plus de pétrole possible. Le but étant surtout que la nappe n’arrive pas au delta du Pô, classé par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité.

Le chef de la protection civile italienne, Guido Bertolaso, a précisé vendredi dernier qu’un échantillon d’eau prélevé dans le Pô montrait que la pollution était presque entièrement contenue. Moins de 10% d’hydrocarbures auraient réussi à passer la barrière mise en place par les autorités afin de contenir cette pollution.

La ministre italienne de l’environnement, Stefania Prestigiacomo, a dénoncé dans un communiqué un « très grave attentat à la santé publique » et a dit espérer que l’enquête « arrive rapidement à déterminer les responsables de cet acte ».

La région Lombardie demande l’état de « calamité »

« Nous allons demander l’état de calamité et la mise en place d’un plan pour limiter les dommages à l’environnement et faire face à une situation grave qui met en danger notre région tout entière et nos cours d’eau « , a déclaré le responsable pour l’environnement de la Région Lombardie, Davide Boni.

Le parquet de la ville de Monza a ouvert une enquête contre X pour désastre environnementale et empoisonnement des eaux.

« C’est un vrai acte de terrorisme environnemental »

« C’est un vrai acte de terrorisme environnemental »a déclaré le président de la province de Monza Dario Allevi, qualifiant de « gravissime » le comportement de la société dont le carburant a été déversé dans l’eau. D’autant plus que des employés du dépôt d’hydrocarbures auraient pendant des heures interdit aux techniciens de la protection civile d’y pénétrer pour tenter de stopper la fuite de pétrole.

« Nous devons faire le maximum pour prévenir et limiter les dommages à l’environnement, mais aussi les éventuelles retombées sur les activités économiques et touristiques dans le delta du Pô, sur la mer Adriatique, une zone unique pour sa beauté et ses délicats équilibres écologiques », a déclaré le responsable de la pêche en Vénétie, Isi Coppola.

Les autorités régionales ont interdit la pêche en raison d’ « un grave empoisonnement des eaux superficielles » tandis que l’organisation agricole Confagri s’est inquiétée de la pollution de la nappe phréatique et des canaux d’irrigation.

 » Un désastre écologique sans précédent « 

C’est ce qu’estiment les collectivités locales et les associations de défense de l’environnement.

Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a déclaré que « tout l’écosystème fluvial est en péril et qu’il faut se préoccuper du delta du Pô, une des zones marécageuses les plus importantes d’Italie et d’Europe pour la migration et l’hivernage des oiseaux aquatiques ».

Des dizaines d’oiseaux, notamment des canards, englués de pétrole, ont été repêchés morts le long du Lambro. Sans oublier les milliers de poissons eux aussi piégés par le pétrole.

Toute la chaîne alimentaire va subir les conséquences de cette marée noire sur plusieurs années selon les experts.

« En plus des éléments qui flottent et peuvent être prélevés, il y a des parties qui se solidifient et qui vont aller se déposer au fond de l’eau et se sédimenter« , précise Romano Pagnotta, directeur au Conseil national de la recherche.

Pour Legambiente, la principale association italienne de défense de l’environnement, cette catastrophe est un « désastre écologique sans précédent pour l’écosystème du Lambro, qui en payera les conséquences pendant longtemps ».

Dans un communiqué, elle déplore « la grave sous-évaluation de la catastrophe, les omissions des politiques et l’incroyable retard des interventions » sur le fleuve, considéré comme le plus pollué d’Italie.  » Les responsabilités de la catastrophe devront être connues et punies ».

Ainsi, même si la situation est aujourd’hui soit disant sous contrôle, les répercussions environnementales de cette marée noire seront très graves et s’étaleront sur plusieurs années.

Emilie Villeneuve

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