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Messieurs, le danger plane sur vos spermatozoïdes…

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Les poêles anti-adhésives de cuisson, mais aussi les cosmétiques et les emballages de pizza et de pop corn, contiennent du PFOA, un perturbateur endocrinien qui affecterait la qualité du sperme, à la limite de la fertilité. Avec l'Association Toxicologie Chimie, le Réseau Environnement Santé a lancé hier un cri d'alarme contre le PFOA.

Les spermatozoïdes seraient-ils en sursis ?

Le RES, qui rassemble des ONG, des professionnels de la santé et des scientifiques, s’inquiète des risques nocifs liés par le PFOA, l’acide perfluorooctanoïque que l’on retrouve dans la fabrication des revêtements anti-adhésifs des ustensiles de cuisson.

Des traces résiduelles de PFOA présentes dans les parois de ces ustensiles sont susceptibles de migrer dans les aliments lors de leur cuisson, selon l’Agence française de sécurité des aliments.

Le PFOA se retrouve aussi dans des produits anti-tâches et anti-salissures présents dans les textiles, les vêtements, les chaussures, les meubles et les moquettes, peintures, lubrifiants et cires pour sols et voitures.

Des spermatozoïdes affectés

Une étude réalisée au Danemark et publiée en juin 2009 dans Environmental health perspectives montre que le PFOA, avec un autre composé perfluoré le PFOSD, est rendu responsable de la baisse de la qualité du sperme.

Selon l’étude, la baisse du nombre de spermatozoïdes est proche du seuil d’infertilité chez les hommes les plus imprégnés (2,5 fois moins de spermatozoïdes).

 » L’Afssa n’a pas pris en compte cette étude pourtant publiée dans une revue scientifique de renom pour répondre publiquement fin juillet 2009 à la question posée par l’UFC Que Choisir sur la toxicité des poêles. Elle continue d’affirmer que le risque est négligeable pour l’homme « , souligne le RES.

Le RES demande donc que l’Afssa prenne en compte les données les plus récentes sur le PFOA pour réexaminer ses avis sur ce perturbateur endocrinien, au même titre qu’une révision du bisphénol A (BPA).

Le PFOA, nocif par inhalation et ingestion

Une pollution humaine

Le PFOA rentre dans la fabrication des composés perfluorés. Ces composés sont formés d’atomes de carbone et de fluor. Sous l’action de la chaleur, il peut s’en dégager.

 » Rappelons qu’au niveau européen, le PFOA est déjà classé comme cancérogène de classe 3 ( » possibilité d’effets irréversibles « ) et toxique pour la reproduction de classe 2 ( » risque pendant la grossesse d’effets néfastes pour l’enfant « ) « , souligne le RES.

Plus de 98 % des américains sont imprégnés aujourd’hui de ce PFOA, selon l’agence fédérale Centers for Disease Controls.

 » Un cancérogène et un toxique pour la reproduction qui imprègne la quasi-totalité de la population, et dont on voit aujourd’hui les conséquences sur la santé humaine, ne doit plus pouvoir contaminer la nourriture « , estime le RES.

Une pollution environnementale

La nourriture n’est pas seulement touchée par le PFOA ; la production et l’utilisation de cette substance, tout comme le relargage de résidus de PFOA contenus dans certains produits utilisés dans l’industrie (mousse anti-feu par exemple), sont à l’origine d’une contamination environnementale avérée selon l’Afssa.

 » Des concentrations élevées de PFOA ont ainsi été détectées à proximité de régions industrialisées et urbanisées, et dans des eaux de rivière ou des eaux côtières proches de ces sites, mais en concentrations beaucoup plus faibles « , note l’Afssa le 27 juillet dans son communiqué.

Un risque  » négligeable  » remis en question

L’Afssa a été saisie le 13 décembre 2007 par l’association  » UFC Que Choisir  » de Caen d’une demande relative aux risques potentiels pour la santé humaine, liés à la présence résiduelle d’acide perfluorooctanoïque (PFOA) dans les revêtements antiadhésifs des ustensiles de cuisson des aliments .

L’Afssa considère ce risque « négligeable »

C’est ce qu’il ressort dans l’avis rendu le 27 juillet dernier de l’Agence, suite à deux ans d’expertise.

Pour l’Agence française de sécurité des aliments, le PFOA et ses sels n’induisent pas de mutations des gènes :

 » L’effet cancérigène, très faible, observé chez les rongeurs ne peut être extrapolable à l’Homme. Ils indiquent par ailleurs que la contamination via les denrées alimentaires (le poisson ou l’eau de boisson, par exemple), du fait de la présence de traces de PFOA dans l’environnement, serait très faible, ayant été estimée par l’AESA (Autorité européenne de sécurité alimentaire) à 6 µg/kg de poids corporel /j. « 

Dans un avis rendu en mars dernier, l’Afssa estimait que l’exposition du consommateur, liée à la migration de PFOA à partir des matériaux, reste largement inférieure à la dose journalière tolérable estimée à 1,5 µg/kg de poids corporel/j par l’AESA (sur la base d’effets toxiques hépatiques).

Un rapport  » particulièrement prudent  » pour le RES

Le RES retrouve dans cet avis  » tous les ingrédients déjà présents dans l’avis de l’AFSSA sur le BPA . Parmi ces « ingrédients » :

– la non prise en compte des autres sources d’exposition que les poêles téflonées (eau, textile, cartons alimentaires, moquette, poussières domestiques…) ;

– la non prise en considération des effets de coexposition avec les autres composés perfluorés dont le plus important, le PFOS.

Pour le Réseau Environnement Santé :  » La conclusion de cet avis conduit à minimiser l’impact sanitaire de la contamination par le PFOA et les autres composés perfluorés « .

La bonne vieille poêle en fonte serait alors messieurs la solution pour sauver vos spermatozoïdes…

Emilie Villeneuve

Info+


Depuis octobre 2006, le PFOA est classé par l'Union Européenne.
R61 : Risque pendant la grossesse d'effets néfastes pour l'enfant
R20/22 : Nocif par inhalation et par ingestion
R36 : Irritant pour les yeux
R40 : Possibilité d'effets irréversibles
R48/22 : Nocif : risque d'effets graves pour la santé en cas d'exposition
Le RES rappelle que le Centre International de Recherche contre le Cancer (CIRC) l'a classé dans les substances prioritaires à évaluer en raison de cancers observés en plusieurs sites chez l'animal. L'US Environmental Protection Agency (EPA) est en cours d'un processus de classement.
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