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Nanotechnologies : la mise sous contrôle commence enfin

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Par Bioaddict

Les risques potentiels des nanotechnologies pour la santé et l'environnement sont pointés du doigt par de nombreux chercheurs. Cosmétiques, textiles, peintures et vernis, aliments... Aujourd'hui plus de 1 300 produits incorporant des nanotechnologies sont pourtant déjà commercialisés. Face aux dangers de ces technologies de l'infiniment petit, le gouvernement vient enfin de décider d'encadrer les professionnels.

Les substances à l’état nanoparticulaires, substances de dimensions comprises entre 1 et 100 nanomètres (1 à 100 milliardièmes de mètre), sont de plus en plus utilisées dans les produits de consommation du fait de l’intérêt de leurs propriétés particulières. A ce jour, il semble que plus d’un millier de produits de notre vie courante contiennent des nanomatériaux : cosmétiques (crèmes solaires…), articles de sport, matériaux de construction et peintures, électronique… Pour autant, leurs usages ainsi que leurs profils de risques, du fait du caractère émergent de cette technologie, demeurent encore peu connus.

Lire : Nanotechnologies : pourquoi il est urgent de les encadrer

« Aussi, à compter du 1er janvier 2013, l’ensemble des fabricants, distributeurs ou importateurs devront déclarer les usages de substances à l’état nanoparticulaire ainsi que les quantités annuelles produites, importées et distribuées sur le territoire français », a annoncé le ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie dans un communiqué.

Cette première déclaration, relative à l’année 2012, sera réalisée par voie électronique sur un site Internet dédié et sécurisé : www.r-nano.fr.

« Cette déclaration permettra de mieux connaître les substances à l’état nanoparticulaire mises sur le marché et leurs usages, de disposer d’une traçabilité des filières d’utilisation et d’une meilleure connaissance du marché et des volumes commercialisés. Le dispositif permettra également de collecter des informations sur leurs propriétés toxicologiques et  écotoxicologiques, afin de guider les travaux de recherche et d’expertise sur les risques  éventuels et les mesures de prévention à adopter. De premières informations seront mises à la disposition du public d’ici la fin de l’année 2013« , précise le ministère.

Il faut savoir que l’ensemble des textes réglementaires (décret* et arrêté*) ont été élaborés en concertation avec des représentants de l’industrie, du monde de la recherche, des associations de protection de l’environnement, des associations de consommateurs et des syndicats de  salariés.

Cette initiative est une première en Europe, et devrait être suivie par plusieurs Etats Membres avec lesquels la France collabore très étroitement.

Aujourd’hui, la large diffusion des nanomatériaux manufacturés à travers une multitude de
produits de consommation courante conduit à s’interroger sur l’exposition des consommateurs
et de la population générale à ces nanomatériaux. Si cette initiative du gouvernement est un premier pas en terme de prévention, on peut considérer qu’elle est bien faible face aux risques encourus.

Il conviendrait plutôt aujourd’hui de mettre en place l’étiquetage des produits  » nano  » et ainsi d’informer les consommateurs pour qu’ils puissent choisir de consommer ou de ne pas consommer des produits contenant des nanomatériaux potentiellement toxiques pour leur santé.

Comme pour l’amiante, la dioxine, les pesticides, les farines animales, le bisphénol A et bien d’autres produits, le risque est grand, une fois encore, que les mesures de précaution ne soient prises qu’après observation des dégâts…

Stella Giani

*1-Décret n° 2012-232 du 17 février 2012 relatif à la déclaration annuelle des substances à l’état nanoparticulaire
pris en application de l’article L. 523-4 du code de l’environnement
*2-Arrêté du 6 août 2012 relatif au contenu et aux conditions de présentation de la déclaration annuelle des substances à l’état nanoparticulaire

Pour plus d’informations :

Lire l’évaluation des risques liés aux nanomatériaux pour la population générale et pour l’environnement

Lire Nanomatériaux : Quels risques ? Quelle prévention ?

Info+

Substances à l'état nanoparticulaire : La déclaration en quelques points

  • Elle est obligatoire lorsqu'au moins 100 grammes de substance à l'état nanoparticulaire ont été produits, distribués ou importés sur le territoire.
  • Réalisée par les fabricants, les distributeurs et les importateurs, elle doit être complétée annuellement avant le 1er mai et correspond aux données de l'année civile précédente.
  • L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) est chargée de la gestion des déclarations et des données qu'elles contiendront.
  • Les déclarations doivent être réalisées sur une interface informatique sécurisée : www.rnano.fr. A partir des données recueillies, une information du public sera assurée sur les types de substances et leurs usages.
  • Une liste de questions et réponses est en ligne sur le site Internet du ministère afin de  faciliter la bonne compréhension du dispositif, notamment par les entreprises concernées par la déclaration ou susceptibles de l'être : http://www.developpement-durable.gouv.fr/Risques-emergents-la-declaration.html

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