La résolution adoptée par l’ONU reconnaît le droit à un environnement propre, sain et durable en tant que » droit de l’homme » essentiel à la pleine jouissance de tous les droits de l’homme. Basée sur un texte similaire adopté l’année dernière par le Conseil des droits de l’homme, elle appelle les États, les organisations internationales et les entreprises à intensifier leurs efforts pour garantir un environnement sain pour tous.
Sur les 169 pays membres présents et participants à l’assise, 161 ont voté pour. Aucun n’a voté contre mais 8 se sont abstenus : la Chine, la Fédération de Russie, le Bélarus, le Cambodge, l’Éthiopie, l’Iran, le Kirghizistan et la Syrie.
Pourquoi cette résolution est historique ?
« Ce droit n’a pas été inclus dans la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948. Il s’agit donc d’une résolution historique qui va changer la nature même du droit international des droits de l’homme. Le droit à un environnement sain est l’un des outils les plus puissants dont nous disposons maintenant pour demander des comptes aux gouvernements« explique David Boyd, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme et l’environnement.
« L’action environnementale est maintenant fondée sur des obligations en matière de droits de l’homme, ce qui fournit « des garde-fous essentiels pour les politiques économiques et les modèles commerciaux » explique également la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet.
» La résolution contribuera à réduire les injustices environnementales, à combler les lacunes en matière de protection et à donner des moyens d’action aux personnes, en particulier celles se trouvant dans des situations vulnérables, notamment les défenseurs des droits de l’homme en matière d’environnement, les enfants, les jeunes, les femmes et les peuples autochtones « , commente Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres.
Une résolution historique… mais symbolique ?
Le texte, initialement présenté par le Costa Rica, les Maldives, le Maroc, la Slovénie et la Suisse en juin dernier, et coparrainé par plus de 100 pays, note que le droit à un environnement sain est maintenant lié au droit international existant et affirme que sa promotion passe par la mise en oeuvre intégrale des accords multilatéraux sur l’environnement.
Il reconnaît également que l’impact du changement climatique, la gestion et l’utilisation non durables des ressources naturelles, la pollution de l’air, de la terre et de l’eau, la mauvaise gestion des produits chimiques et des déchets, et la perte de biodiversité qui en résulte, interfèrent avec la jouissance de ce droit – et que les dommages environnementaux ont des implications négatives, directes et indirectes, sur la jouissance effective de tous les droits de l’homme.
Cependant, il faut savoir que les résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU ne sont pas contraignantes… et que donc les pays n’ont pas l’obligation légale de s’y conformer. Alors pourquoi se réjouir ?
David Boyd rassure : « Les pays n’ont pas d’obligation légale, mais ils ont une obligation morale. En 2010, l’Assemblée générale a adopté une résolution reconnaissant pour la première fois le droit de chacun à l’eau et à l’assainissement. Cette résolution n’était pas non plus juridiquement contraignante ou exécutoire, mais elle a été le catalyseur d’une cascade de changements positifs qui ont amélioré la vie de millions de personnes. »
Pour lui, ce droit nouvellement reconnu à un environnement propre, sain et durable sera crucial pour affronter la triple crise planétaire qui comprend les trois principales menaces environnementales interdépendantes auxquelles l’humanité est actuellement confrontée : le changement climatique, la pollution et la perte de biodiversité, toutes mentionnées dans le texte de la résolution.
« La vie de tant de personnes sur cette planète est affectée par la crise climatique et la dégradation de l’environnement. Les gens doivent comprendre que la biodiversité est vraiment le fondement de la vie sur cette planète. Sans les plantes et les arbres qui produisent de l’oxygène, nous ne pourrions pas respirer. Sans les écosystèmes qui filtrent l’eau, nous aurions de très gros problèmes. Et la réalité est que nous avons besoin d’un climat sûr et vivable pour nous épanouir en tant qu’êtres humains. C’est pourquoi ce droit est d’une importance capitale. Depuis des décennies, les gouvernements promettent de nettoyer l’environnement et de faire face à l’urgence climatique, mais le droit à un environnement sain change la perspective des gens : ils ne supplient plus les gouvernements d’agir, ils exigent« .
« Cette résolution envoie le message que personne ne peut nous enlever la nature, l’air et l’eau purs, ou un climat stable – du moins, pas sans se battre », précise Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).
Ainsi, le combat continue.
Tristan Clavière
Photo @Bakhrom