Pesticides : certains fruits et légumes en contiennent plus que d’autres
Selon l’épaisseur de la peau, la texture de la chair, et les interractions des molécules entre-elles, les fruits et légumes sont différemment impactés par les pesticides. Généralement, les études révèlent que le céleri, le poivron ou encore les pêches figurent parmi les aliments les plus pollués.
Voici 2 listes issus de l’étude sur la contenance en résidus de pesticides de 47 fruits et légumes de l’Environmental Working Group (EWG), une ONG environnementale basée à Washington.
Les 12 fruits et légumes les PLUS POLLUES :
– les pêches
– les pommes
– les poivrons
– le céleri
– les nectarines
– les fraises
– les cerises
– le chou frisé
– la laitue
– les raisins
– les carottes
– les poires
Les 15 fruits et légumes les MOINS CONTAMINES :
– les oignons
-les avocats
– le maïs doux
– l’ananas
– les mangues
– les asperges
– les petits pois
– les kiwis
– les choux
– les aubergines
– les papayes
– la pastèque
– les brocolis
– les tomates
– les patates douces
Cette étude basée sur 87 000 tests a été réalisée entre 2000 et 2007. Les conclusions montrent qu’ une personne qui consomme quotidiennement les 12 fruits et légumes parmi les plus contaminés ingurgiteraient en moyenne 10 pesticides par jour ! Au contraire, manger les 15 fruits et légumes les moins contaminés expose une personne à moins de 2 pesticides par jour en moyenne. Ce qui est déjà difficilement acceptable.
Les pesticides pénètrent dans l’organisme
En mars 2011, l’Institut National de Veille Sanitaire (INVS) a publié une étude inquiétante sur la contamination chimique des Français, dont le sang, les urines et les cheveux regorgent. Concrètement, 90% de la population est contaminée par les pesticides de type organophosphorés. Les niveaux des pesticides organochlorés (comprenant par exemple le DDT ou le lindane) sont » globalement faibles « , la principale raison étant que leur utilisation est aujourd’hui très limitée.
Or, une grande variété de pesticides a été reconnue par la communauté scientifique comme ayant des effets toxiques sur l’homme, entraînant des perturbations du système nerveux, des effets cancérigènes, des effets sur le système hormonal ou encore des irritations de la peau, des yeux et des poumons. Toutefois, selon l’Observatoire des résidus de pesticides, mission gouvernementale dirigée par l’Afsset (agence nationale de sécurité sanitaire), le grand nombre de produits et les divers facteurs des pathologies suspectées d’être liées aux résidus de pesticides, comme certains cancers, compliquent l’établissement d’un lien entre les maladies évoquées et les pesticides.
Une étude de l’agence européenne pour la sécurité alimentaire (EFSA) publiée en 2010 a identifié des résidus de 365 pesticides différents dans les fruits et légumes consommés en Europe, et 76 dans les céréales.
Selon le rapport de l’EFSA, 3,5% des échantillons présentaient des traces de pesticides dépassant les limites maximales en résidus (LMR) autorisées. Il révèle également que la présence de pesticides est supérieure dans les produits importés de pays situés en dehors de l’Union européenne (7,6%) que dans les échantillons cultivés en UE (2,4%).
Cependant, l’EFSA juge bon de préciser que la présence de pesticides dans les aliments, voire le dépassement des limites autorisées, ne doit pas inquiéter outre mesure, évoquant un « risque potentiel » et de « rares cas » de contamination dangereuse pour la santé. Pour l’EFSA, seule une consommation en grande quantité des produits présentant les niveaux de pesticides les plus élevés peut présenter un danger.
Ces conseils restent très vagues et de nombreuses inconnues demeurent. Si une dose admissible journalière (DJA) est établie pour chaque pesticide, qu’en est-il de » l’effet cocktail » dénoncé par de nombreux scientifiques ? A ce jour on igore ce que produisent ensemble ces combinaisons sur nos tissus. Voici ce que le professeur De Jonc-kheere de l’université de Gand écrit dans une étude : » Les valeurs de DJA ne sont pas des données exactes, mais des estimations basées sur les données toxicologiques expérimentales d’un pesticide. Cette approche ne prend pas en compte la possibilité d’effets synergiques lorsque l’exposition se fait simultanément à deux ou davantage de pesticides. »
Lavage ou épluchage : comment réduire les risques pour la santé ?
Lavage ou épluchage : comment réduire les risques pour la santé ?
De nombreuses études montrent que les pesticides se concentrent dans ou sur la peau des fruits et légumes. Par conséquent, les recommandations habituelles qui sont faites pour se débarrasser des pesticides, on retrouve souvent le lavage ou le pelage des fruits et des légumes. Malheureusement le manque cruel d’études à ce sujet empêche les certitudes à ce sujet.
Voici ce que l’on peut lire sur le site de l’association environnementale Générations Futures : » Laver un fruit ou un légume qui contiendrait des pesticides ne peut garantir de l’élimination partielle ou totale de ces résidus, simplement parce que cela dépend des propriétés physico-chimiques des pesticides (telles que la solubilité dans l’eau par exemple) « . Si laver les végétaux permet probablement de réduire les pesticides hydrophiles situés à la surface de ces derniers, une étude a montré que le lavage à l’eau chaude avec un détergent est plus efficace qu’un lavage à eau froide.
L’alternative de l’épluchage permet d’ôter en partie les résidus de pesticides. » Cependant, se pose la question des pesticides systémiques qui parviennent à pénètrer au coeur de la plante. En effet dans ce cas, une étude a montré que le pelage de concombres traités avec du thiométon ne permettait pas d’éliminer la présence du pesticide (Sheikhorgan et al, 1994) » déclare l’association Générations Futures.
Enfin, les inconvénients liés à la perte d’apports en vitamines n’échappent pas au consommateur qui doit faire un choix cornélien entre les qualités nutrionnelles et le principe de précaution. En outre, certains fruits et légumes tels que les fraises, les cerises ou les poivrons ne se pèlent pas. Comment faire dans ces cas-là ?
Consommer des produits issus de l’agriculture biologique
Privilégier les produits locaux et issus de l’agriculture biologique semble, dès lors, une solution de bon sens. L’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments le reconnait elle-même dans l’un de ses rapport: » Le mode de production biologique en proscrivant le recours aux produits phytosanitaires de synthèse, élimine les risques associés à ces produits, pour la santé humaine. » En outre, la consommation de produits locaux et de saison évite les résidus de certains insecticides et fongicides répandus dans les lieux de stockage mais aussi les fongicides utilisés dans les traitements des produits cultivés sous serre.
Dépourvus, en principe, de résidus de pesticides, les aliments issus de l’agriculture biologique sont plus fiables pour le consommateur qui s’assure de la disparition de son organisme des pesticides les plus pernicieux. En effet, une étude conduite sur des dizaines de groupes d’enfants montre que le passage à une alimentation bio fait disparaitre les résidus d’insecticides organophosphorés de leur organisme.
Ainsi, rien ne sert de craindre les fruits et légumes dès lors qu’ils n’ont pas subi de traitements chimiques. En revanche, si tous les végétaux que vous achetez ne sont pas issus de d’agricultures biologique ou raisonnée, mieux vaut tenir compte des listes diffusées, et pratiquez le lavage et le re-lavage…
Alicia Muñoz