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Produits cultivés : l’intérêt de devenir consom’acteurs au sein d’une AMAP

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Par Bioaddict

Les Associations pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne (AMAP) ne cessent de se développer depuis 2001, surtout en milieu urbain. On en compte 1 200 à ce jour. La raison de se succès : sous forme de partenariat solidaire avec un producteur de sa région, le consommateur participe au maintien d'une agriculture locale de qualité.

Qu’est-ce qu’une AMAP ?

Une AMAP est une Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne composée de consommateurs qui deviennent partenaires d’une ferme. Ce partenariat de solidarité et de proximité entre les deux acteurs défend un modèle d’agriculture indépendante des circuits de distribution industriels.
L’objectif est de préserver l’existence et la continuité des fermes de proximité dans une logique d’agriculture durable , c’est-à-dire une agriculture paysanne, socialement équitable et écologiquement saine, de permettre à des consommateurs d’acheter à un prix juste des produits d’alimentation de qualité de leur choix, en étant informés de leur origine et de la façon dont ils ont été produits, et de participer activement à la sauvegarde et au développement de l’activité agricole locale dans le respect d’un développement durable.
Une association de consom’acteurs peut aussi bien avoir une activité AMAP légume avec un maraîcher, qu’une activité AMAP viande avec un éleveur.

Une charte comme garantie

La charte des AMAP a été adoptée à l’assemblée générale d’Alliance Provence de mai 2003 (voir + d’infos) tandis que le terme AMAP a été déposé par Alliance Provence à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI) à cette même période. La charte des AMAP préconise une culture sans produits de synthèse et respectueuse de l’environnement. Les paysans qui adhèrent à cette charte cultivent donc majoritairement des produits issus de l’agriculture biologique . Cependant attention, aucune labellisation n’est obligatoire, les paysans en AMAP ne sont pas obligatoirement certifiés AB.
Cette charte permet d’identifier les AMAP parmi les autres initiatives contribuant également à un développement durable de la société.

Comment ça fonctionne ?

Un groupe de consommateurs et un producteur établissent entre eux un contrat pour deux saisons de production : printemps / été et automne / hiver. Ils définissent ensemble la diversité et la quantité de fruits , de légumes , d’oeufs , de fromage, de viande… à produire pour la saison. Durant celle-ci, et ce de manière périodique, le producteur qui récolte le matin même les produits, les met à disposition des partenaires qui constituent leur panier. Ce dernier dépend des produits arrivés à maturité. Selon les préférences de chacun, les produits peuvent être échangés.

 » Contrairement à la grande distribution, les consommateurs en AMAP accordent moins d’importance à la standardisation des aliments ; tout ce qui est produit est consommé (alors que dans l’autre cas, ce peut être jusqu’à 60 % de la récolte qui reste au champ). Ce principe est, d’une part, très valorisant pour le producteur, et d’autre part il permet de diminuer le prix des denrées en reportant les coûts sur la totalité de la production « , indique le réseau national des AMAP.

Le groupe de consommateurs et l’agriculteur s’accordent également sur les méthodes agronomiques employées. L’agriculture s’inspire de la charte de l’agriculture paysanne et souvent du cahier des charges de l’agriculture biologique .
Derniers points de discussion préparatoire au lancement de l’AMAP : le prix du panier, le lieu et l’heure de la distribution périodique.

Le coût du panier

Il permet au producteur de couvrir ses frais de production et d’obtenir un revenu convenable, tout en étant abordable au consommateur. Le prix évite les intermédiaires entre le producteur et le consommateur ainsi que les emballages.

D’après les AMAP de Montferrand, le prix d’un panier AMAP, comme il est énoncé dans la charte des AMAP, est indépendant du cours des marchés. Il correspond à un partage de récolte avec le paysan partenaire : les consommateurs pré-achètent tout ou partie de la récolte d’un paysan. Le coût de ce partage est déterminé par les charges de l’exploitation (le salaire du paysan partenaire étant bien sûr compris, les semences, les provisions et autres amortissements…). Une fois ce partage de récolte reporté par un nombre de consommateurs et un nombre de distribution, on obtient le coût du panier hebdomadaire. Ainsi selon que le paysan est en cours d’installation, que sa situation financière soit difficile ou non, le coût du panier varie.

Ce coût de panier n’est pas censé (à part évènement exceptionnel débattu en Assemblée générale) changer en cours de saison. Il est fixé en début de saison dans la transparence avec le paysan partenaire.

 » Afin de permettre la participation de tous à l’AMAP, et notamment des consommateurs à faible revenu, différentes possibilités de règlement existent, par exemple la mensualisation des encaissements des chèques ou la réduction du prix du panier en échange d’une aide à la distribution. En achetant leur part de production à l’avance, les consommateurs garantissent un revenu au paysan. L’AMAP participe ainsi au maintien d’une agriculture de proximité et à la gestion de la pression foncière  » souligne le réseau national des AMAP.

L’association Adéquations, qui s’intéresse au développement humain durable, à la solidarité internationale et aux droits humains, a fait une simulation d’un panier d’hiver dans une AMAP parisienne.

Pour un panier de 15 euros : Produits bios : 1 kg de pommes, 500 gr. de poire, 1 kg de pommes de terre, 1 kg de carottes, 100 gr. de mâche, 1 choux vert, 500 gr. De betteraves rouges, 1 botte de poireaux. En option pour 2 euros : 6 oeufs.

Les objectifs et engagements

Pour les Amap d’Ile-de-France, le partenariat solidaire entre une ferme et un groupe de consom’acteurs comporte trois objectifs : recréer du lien social entre citadins et paysans de la région, apporter une sécurité financière à des paysans s’engageant dans une démarche d’agriculture durable et favoriser l’accès et l’éducation à une alimentation de qualité.

Ces objectifs se reposent sur les engagements d’une vente directe (l’argent ne transite pas par la structure associative), de proximité (la ferme doit être assez proche des habitats), de convivialité (bulletins de liaisons, visites de fermes…).

Du côté des consom’acteurs

Vous prenez des responsabilités en adhérant à une AMAP : vous vous engagez dans le pré-financement de la production, la solidarité dans les aléas naturels et l’implication dans la gestion du groupe.

-Vous devez payer de six mois à un an à l’avance vos produits.
Dans l’idéal, le versement des chèques correspond aux sorties de trésorerie de l’agriculteur. Aucun remboursement ou report (notamment pendant les vacances) n’est effectué afin de garantir l’écoulement de la production (aux consom’acteurs de s’arranger entre eux).
-Vous ne choisissez pas le contenu de vos paniers. Vous n’avez que des produits de saison et locaux. Pas de fraises ni de tomates en hiver !
-Vous ne choisissez pas quand et où prendre votre panier. Les récoltes sont à récupérer chaque semaine dans un jour et créneau horaire fixe. Si vous êtes indisponible pour prendre votre panier, vous devez prévenir et convenir d’un arrangement selon les possibilités qui ont été définies au début de la saison.
-Si le paysan est absent où s’il obtient une mauvaise récolte, vous devez en prendre compte
-Vous devez assurer au moins une permanence-distribution et participer à au moins une sortie à la ferme.
-Vous êtes invité à communiquer en toute franchise et liberté vos remarques, vos questions ou vos insatisfactions directement auprès de son producteur et du coordinateur. Le but étant d’examiner ensemble si des explications ou des améliorations sont possibles.
-Partager vos idées et vos initiatives avec la ferme et les autres partenaires serviront à améliorer le fonctionnement du projet.

Du côté des producteurs

Ils ont aussi des engagements à tenir : la production doit être de qualité et diversifiée, et si possible de variétés/races locales ou anciennes. En plus d’être pédagogues, ils doivent afficher une transparence technique et économique (expliquer ses méthodes de travail et la manière dont le prix de la part de production a été fixé).

Leur production de légumes et autres éléments doit être variée le plus possible. La livraison des produits doit quant à elle se faire au jour et à l’heure dits, et si des problèmes se posent (problème climatique, maladies…), le producteur doit avertir ses partenaires. Dans le cas où il ne peut satisfaire une demande, il doit en expliquer les raisons. Le producteur ne doit pas hésiter à expliquer son travail à la ferme aux acheteurs et doit prendre en compte leurs remarques et les besoins de ses partenaires. Et tant qu’à faire donner quelques recettes ! Une évaluation est effectuée à la fin de chaque saison.

L’intérêt des AMAP

Pour les consom’acteurs

Les légumes et les fruits vendus en grande surface perdent fraicheur et qualité suite aux nombreux passages dans les endroits réfrigérés. Savourer des produits frais et de qualité en connaissant leur origine motive les consommateurs soucieux de leur santé… et de leur porte-monnaie.
L’engagement citoyen est important dans cette démarche avec le soutien à une agriculture raisonnée de proximité respectueuse de l’environnement, sans pesticides ni herbicides, le maintien des fermes en France, la solidarité avec des agriculteurs…

Pour les producteurs

L’intérêt est principalement économique car ils assurent la pérennité économique de leur ferme. L’agriculteur est sûr d’écouler sa récolte et ne perd pas de temps avec les contraintes d’une commercialisation. Sans oublier qu’en vendant directement sur des lieux de proximité, les produits d’emballage sont économisés au maximum.
Une sécurité financière leur est assurée également grâce à un renforcement du fond de roulement des agriculteurs, à travers l’avance de trésorerie effectuée en début de saison par les consommateurs. Et à la possibilité de minimiser le recours à l’emprunt.

Si vous désirez devenir un consom’acteurs en rejoignant une AMAP, remplissez le formulaire sur le site d’Alliance Provence , le réseau régional des AMAP. Pour voir l’AMAP la plus proche de chez vous, renseignez-vous sur le site national des AMAP . Pour plus d’éclaircissements, Claire Lamine, chercheuse à l’INRA a écrit le premier livre sur les AMAP  » Les AMAP : un nouveau pacte entre producteurs et consommateurs ? « , aux éditions Yves Michel, janvier 2008.

Emilie Villeneuve

Info+

Toutes les AMAP sont-elles bio?

L'Alliance des Paysans Ecologistes Consommateurs de l'Isère nous répond : "Non. Chacun sait que nous manquons de producteurs bios en France et que la plus grande partie de ce que nous consommons est importée. Il est difficile de produire bio car il y a moins de techniciens pour aider cette filière que dans bien d'autres. Dans cette optique, l'Alliance a soutenu la démarche de CORABIO d'aide de la région pour financer un poste supplémentaire de technicien conseil au maraîchage bio. C'est aussi pourquoi, à notre dernière Assemblée Générale, nous avons précisé nos demandes à nos partenaires producteurs : faire un diagnostic de conversion et se convertir en bio dans les 3 ans du partenariat AMAP (si exception, elle doit être justifiée). Nos AMAP sont des Associations pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne et les valeurs de l'agriculture paysanne sont pour nous aussi importantes que les garanties attachées par le label AB.

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