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Projet Bio-T-Fuel : les agrocarburants seconde génération vers un futur scandale ?

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Par Bioaddict

L'Etat se lance dans l'expérimentation des agrocarburants de seconde génération avec le projet BioTFuel, d'un coût global de 112 millions d'euros. Ce projet a été approuvé par le Conseil d'Administration de l'Ademe, le 7 octobre dernier qui investit 33 millions d'euros. Difficile d'approuver ce projet vu le peu de recul que nous avons sur le bilan de la première génération de ces agrocarburants et de ses impacts sur l'environnement.

Projet Bio-T-Fuel : les agrocarburants seconde génération vers un futur scandale ?

Pour le projet BioTFuel, l’Etat est prêt à débourser 33 millions d’euros à plusieurs industriels dont 7 à Total. Dans un communiqué, le premier raffineur-marketeur européen affirme qu’il souhaite  » améliorer le bilan écologique de ce type de produit énergétique d’origine agricole et éviter de mobiliser une matière première alimentaire. « 

Ce type de carburants utiliserait en effet surtout des plantes pour éviter les cultures alimentaires. Total, qui participe déjà au projet Futurol (bioéthanol de deuxième génération),  » forme le voeu que ce projet puisse démarrer dans les meilleurs délais « .

Or le projet industriel de production d’agrocarburant de seconde génération survient alors que l’étude confiée à l’Ademe sur le bilan environnemental des biocarburants de première génération n’a pas été publiée.

Pour Arnaud Gossement, porte parole de FNE :  » Il n’est pas acceptable que l’Etat accorde des millions d’euros à une société ultra bénéficiaire qui a démontré son peu de respect pour l’environnement pour produire des agrocarburants. Il n’est pas acceptable de foncer tête baissée dans la production d’agrocarburants de 2ème génération sans évaluation environnementale complète et sans aucun débat public. Nous demandons au Gouvernement de revenir sur cette décision. Ne pas le faire serait un scandale « .

Mais aucun changement politique n’est envisagé par le ministère de l’Ecologie :  » Les résultats apportés par les démonstrateurs de recherche et les travaux d’évaluation permettront de faire progresser le débat sur les biocarburants et servir de base à d’éventuelles décisions ultérieures « .


Le projet BioTFuel

Selon le Ministère de l’Ecologie, l’intérêt des procédés de deuxième génération est de transformer la partie ligneuse de la plante (paille, bois, déchet) en énergie. Cela permettrait de valoriser la partie de la plante qui n’est pas destinée à l’alimentation. D’autre part, ces biocarburants de deuxième génération permettraient de mobiliser des surfaces qui ne sont pas destinées à l’usage alimentaire.

 » Afin de démontrer la faisabilité et l’efficacité environnementale, technique et économique de cette production de seconde génération, il est nécessaire de passer par une étape de recherche et notamment de démonstrateurs. Ainsi, dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt, deux projets ont été sélectionnés, dont le projet Bio-T-Fuel « , informe le ministère de l’Ecologie.

 » Cette expérimentation devrait permettre de disposer d’éléments d’évaluation nécessaires pour juger de l’opportunité d’un déploiement de cette filière « , assure le Ministère qui souligne qu’une analyse de cycle de vie  » du champ au réservoir  » sera conduite dans le cadre de ce projet. Le but étant d’analyser dans quelles conditions les biocarburants de cette filière peuvent contribuer à répondre aux défis environnementaux.

Une biomasse pas si bio que ça ?

Qu’il s’agisse de valoriser des  » déchets  » agricoles (pailles) ou d’implanter des cultures spécifiques (taillis à courte rotation), FNE (France Nature Environnement ) rappelle sa plus grande vigilance concernant la production de carburant à partir de biomasse.

Marie-Catherine Schulz, chargée de mission agriculture, explique :  » Utiliser des terres agricoles pour implanter des taillis à croissance rapide, collecter les pailles au lieu de les incorporer dans nos sols pour reconstituer leur fertilité, sont des pratiques qui remettent en cause la capacité de notre agriculture à nous nourrir. « 

Jean-Claude Bévillard, responsable des questions agricoles à FNE ajoute :  » La vocation première de l’agriculture est de nourrir sainement les hommes, pas d’alimenter les moteurs de nos voitures ! « 

Un rapport de l’Ademe sur les biocarburants première génération à compléter

Le Ministère de l’Ecologie souligne que l’Ademe met en ligne la synthèse du rapport intitulé  » Analyses de Cycle de Vie appliquées aux biocarburants de première génération consommés en France « , parmi ses travaux d’évaluation.

 » Seul un résumé très succinct de cette étude a été mis en ligne sur internet, s’indigne FNE. Que dit ce résumé ? Qu’il faut poursuivre les études, les incertitudes, notamment méthodologiques étant encore trop nombreuses. « 

Suite à ce rapport décrié, l’Ademe est chargée d’une seconde expertise qui se fait attendre.

Pour FNE, le Gouvernement ne peut donc justifier le projet de production d’agrocarburants de 2ème génération en parlant d’expérimentation dés l’instant où nous ne disposons pas du recul nécessaire sur les agrocarburants de 1ère génération.

Emilie Villeneuve

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