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Publicité et consommation de papiers : assez !

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Par Bioaddict

C'est le thème de l'exposition " d'Art en Arbres " à l'Espace Krajcberg au Musée du Montparnasse, qui mélange art et écologie pour dénoncer jusqu'au 10 octobre la consommation excessive de papier par la publicité. Les Français consomment environ 11 millions de tonnes de papiers et de cartons par an.

Donner à voir le gaspillage et le massacre des forêts

A l’occasion de la 6ème semaine internationale contre les monocultures d’arbres, les associations Résistance à l’agression publicitaire (R.A.P.) et les Amis de la Terre ont invité les artistes Barbara Hashimoto et Andrew Chartier à exposer à l’Espace Krajcberg au Musée du Montparnasse leurs oeuvres.

Barbara Hashimoto est connue pour ses oeuvres réalisées à partir de prospectus, mais aussi pour ses travaux en céramique. Depuis 15 ans elle brûle des livres avec de l’argile et retravaille le tout avec des desseins, de la peinture et des collages. En juin 2007, l’artiste a demandé à seize membres du personnel d’un cabinet d’architecture américain de mettre de côté tous leurs courriers publicitaires. A la fin des douze mois, plus de 85 m3 de matériaux ont été récoltés. Venez observer à l’espace Krajcberg une des ses oeuvres à l’aide d’imprimés publicitaires broyés.

Andrew Chartier, environnementaliste québécois, incite à travers ses oeuvres à réfléchir aux rapports entre la technologie, le corps et la nature. Il utilise dans son travail au moins 80 % de matériaux recyclés. Découvrez au Musée du Montparnasse sa machine distributrice d’arbres qui permet d’obtenir une pousse d’arbre en échange d’un morceau de papier. L’artiste souhaite, en plus de distribuer les arbres, élaborer un registre pour savoir où sont plantées les pousses.

Ces artistes, les Amis de la Terre Paris et R.A.P se sont unis dans un même but : protéger la biodiversité.

France : 4,5 millions de tonnes de papiers et de cartons produits par an et 6,5 importés

Les papiers et cartons importés sont fabriqués à partir de fibres de cellulose principalement extraites du bois ; la  » pâte à papier « . Une tonne de papier nécessite 10 arbres. Les 6,5 tonnes de papier et cartons recyclés proviennent de forêts primaires boréales ou tropicales, ainsi que d’immenses plantations d’arbres à croissance rapide qui remplacent des écosystèmes très riches. Les Amis de la Terre Brésil les comparent à des  » déserts verts « .

En Amérique Latine, des pays comme le Brésil, l’Argentine, le Chili, l’Equateur et l’Uruguay subissent les conséquences de ces  » déserts verts  » de pins et d’eucalyptus. La Colombie est quant à elle confrontée à l’expansion des plantations de palmiers à huile pour la fabrication d’agrocarburants, comme le Venezuela et les pays d’Amérique Centrale.

L’industrie papetière provoque des dégâts sociaux et environnementaux dramatiques à travers le monde. D’autant plus que la consommation mondiale de papier est croissante. En France, elle augmente de plus de 3 % par an.

13 et 14 millions d’hectares disparaissent dans le monde

350 millions de personnes sont menacées par la destruction de ces forêts sans parler de l’érosion de la biodiversité . Cette déforestation génère 20 % des gaz à effet de serre , soit autant que les émissions produites par les transports.

Les causes de la déforestation sont essentiellement la transformation de la forêt en cultures agricoles et la surexploitation du bois.

Diminuer la consommation et favoriser le papier recyclé

Le bois est une ressource renouvelable mais limité, même en France. Les forêts ne peuvent pas fournir plus de bois qu’elles n’en produisent naturellement. Les industriels papetiers doivent s’adapter en encourageant la diminution de la consommation de papier et en favorisant le papier 100 % recyclé, moins gourmand en eau et en énergie, d’après l’Ademe, Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.

Nos boîtes aux lettres avalent chaque année 18 milliards d’imprimés

Soit 830 000 tonnes de papiers publicitaires et 1,8 milliards de journaux gratuits !  » Si 5 % des gens faisaient le choix de ne plus recevoir d’imprimés publicitaires, ce seraient entre autres 400 000 arbres épargnés « , indique les Amis de la Terre.

Une pollution qui coûte cher

Pour un foyer, la publicité dans sa boîte aux lettres représente en moyenne 40 kg de papier par an, soit 17kg/habitant/an. Refuser la publicité, c’est protéger les ressources naturelles et éviter une pollution qui nécessite des produits toxiques pour la nature et une grande quantité d’énergie.

Pour fabriquer 40 kg de papiers, il faut selon le procédé : 20 à 40 kg de bois, 200 à 600 litres d’eau, 120 à 240 kWh d’électricité, de grosses quantités de chlore, d’encre et de métaux lourds, des adjuvants et des colorants.

Pour R.A.P, l’association de résistance de l’agression publicitaire, refuser le publicité, c’est aussi économiser des euros :  » Chacun de nous paie en moyenne, environ 500 euros par an pour rembourser les investissements publicitaires des entreprises, dont 62 euros pour les seuls prospectus ! « 

L’association souligne que pour le  » contribuable « , le coût de collecte et de traitement de ces déchets est inclus dans le montant des taxes locales. Les prospectus publicitaires, dits  » gratuits « , représentent en réalité une charge de l’ordre de 450 millions d’euros par an pour la collectivité. Pour une ville de 100 000 habitants, leur traitement représente une dépense de 250 000 euros par an.

 » Un autocollant Stopub pas assez efficace « 

Pour R.A.P :  » L’autocollant Stopub est plutôt mal distribué : la preuve en 2007, environ 40 % de la population ignorait encore son existence ! « .

L’association demande aux pouvoirs publics l’adoption d’une loi qui garantit le respect des autocollants antipublicitaires comme au Portugal, en Allemagne, à Bruxelles… Et la mise en place d’une taxe obligatoire pour les distributeurs, leur faisant supporter le coût intégral au traitement des déchets engendrés.

 » Un amendement à la loi Grenelle a été défendu. Une proposition de loi a été déposée en ce sens en mars 2009… Depuis aucune nouvelle. Il est temps de légiférer « .

Emilie Villeneuve

Info+

Les Amis de la Terre rappellent que les plantations d'arbres en monocultures ne sont pas des forêts. Définies comme des " forêts plantées ", elles n'ont rien en commun avec les vraies forêts. En effet, elles font fuir les habitants de la région ainsi que la faune, au lieu des les nourrir. Elles épuisent l'eau et polluent les sources au lieu de réguler le cycle hydrologique. Elles vident le sol et l'érode ; les forêts naturelles le protège et l'enrichit tout protégeant la diversité des êtres vivants.

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