Tempêtes, mégafeux, inondations, sécheresses, canicules… Le phénomène d’amplification des catastrophes naturelles ces dernières années engendre non seulement de l’anxiété, mais aussi tout un tas d’émotions, en particulier pour les jeunes générations.
Une étude publiée en décembre 2021 par la revue The Lancet montre que plus de la moitié des 10000 jeunes de 16-25 ans interrogés se sentiraient anxieux, tristes, en colère, coupables et impuissants face au réchauffement climatique, 75% jugeant même l’avenir « effrayant » avec 39% d’entre eux hésitant à vouloir fonder une famille.
Les consultations pour motif d’éco-anxiété seraient de plus en plus nombreuses avec un panel de symptômes liés aux troubles anxieux : insomnies, crises d’angoisse, pensées obsessionnelles, troubles alimentaires, mal-être diffus avec émotions envahissantes, sidération, paralysie face à l’action…
Mais il faut se garder de considérer l’éco-anxiété comme un trouble mental. Cette manifestation serait au contraire, selon certains psychologues, une réponse transitoire et adaptative liée à une conscience aigüe des préoccupations auxquelles nous sommes confrontés. Tout l’enjeu est alors de canaliser cette anxiété pour en faire un moteur.
La jeune activiste Greta Thunberg illustre bien cela en ayant décidé d’agir après une dépression à l’âge de 11 ans.
Attention tout de même à ne pas vouloir endosser seul(e) une trop grande responsabilité pour un problème planétaire qui ne peut se régler à la seule échelle individuelle… Cela pourrait engendrer de nouveau un sentiment d’impuissance.
On sait maintenant, grâce aux neurosciences, que le cerveau génère une réponse de stress face à une absence perçue de contrôle, d’où la nécessité de se sentir capable d’agir, à son échelle, par rapport à une situation menaçante. Ainsi mettre en lumière des initiatives qui fonctionnent sera toujours plus mobilisant que des informations alarmistes seules.
Avoir peur mais sentir en même temps qu’une aptitude à agir est toujours possible induit ce que les chercheurs appellent la sensation de « maîtrise du danger » à travers de possibles actions visant à l’atténuer. C’est l’inverse de la « maîtrise de la crainte elle-même » qui mènent au contraire à des attitudes de déni et d’inaction.
Faire de l’éco-anxiété un moteur
Alors comment transformer son angoisse en énergie positive ? La première étape est de prendre conscience que cette éco-anxiété est un signe de lucidité, et le début d’une prise de conscience qui va engendrer une capacité d’agir.
Que ce soit en se faisant accompagner par un thérapeute sensibilisé à l’éco-anxiété et/ou en rejoignant des initiatives collectives concrètes, l’important est de ne pas rester seul(e) avec son éco-anxiété ! Voici quelques pistes…
- Faire de son mieux au quotidien en faisant des choix permettant de se sentir le plus cohérent possible face au problème, sans non plus s’en vouloir de ne jamais en faire assez ! Par exemple, commencer par calculer son empreinte carbone aiderait certains à voir concrètement qu’il existe une marge de manoeuvre pour la réduire, et donc qu’il est possible d’améliorer les choses. Savoir qu’il existe des solutions est la première étape pour calmer l’angoisse. Et ensuite, place à l’action ! Manger moins de viande, privilégier les produits bio et locaux, réaliser des économies d’énergie, choisir des transports moins polluants, consommer moins mais mieux… Les leviers d’actions positives pour la planète sont nombreux.
- Continuer à s’informer pour comprendre et transmettre. Réfléchir aux origines du problème, à la façon dont on y contribue et à ce qu’on peut faire, renforce notre sensation de maîtrise.
Attention cependant à l’usage intensif des réseaux sociaux et vidéos catastrophistes qui ne font que stresser davantage les éco-anxieux ! Pour garder une énergie positive, il convient plutôt de privilégier les informations qui donnent des solutions et qui montrent que les bonnes actions se multiplient dans le monde. Savoir qu’on est pas le seul à agir pour résoudre le problème est la deuxième étape pour calmer l’angoisse.
- Enfin militer en rejoignant une association peut aider à catalyser l’éco-anxiété et redonner espoir. Rencontrer des gens qui partagent les mêmes valeurs environnementales est apaisant et constructif. En faisant attention de ne pas s’oublier pour autant car cela peut être épuisant d’être toujours dans la lutte !
En parallèle de son engagement et de ses actions, il est cependant important de savoir « décrocher » pour se ressourcer en pratiquant un sport ou une activité créative pour extérioriser ses émotions et ne pas rester trop focalisé sur le sujet.
Caroline Bouthors
Crédit photo @VaneNunes