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Rapport Planète Vivante 2010 du WWF : Il nous faudra 2 planètes pour vivre en 2030 !

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Par Bioaddict

Comment va notre planète ? Mal ! Très mal même selon les conclusions du rapport Planète Vivante du WWF de 2010 (Living Planet Report – LPR).

Rapport Planète Vivante 2010 du WWF : Il nous faudra 2 planètes pour vivre en 2030 !

Dans ce rapport, deux problèmes principaux sont soulevés : le déclin de la biodiversité et l’empreinte écologique des pays riches.

L’humanité utilise désormais l’équivalent d’une planète et demie pour subvenir à ses besoins, principalement en raison de la « surconsommation » des pays les plus riches.

« Les implications sont claires. Les pays riches doivent trouver des manières de vivre sur Terre beaucoup plus légères, c’est-à-dire réduire fortement leur empreinte écologique« , alerte James P. Leape, directeur général du WWF International. « Les économies émergentes doivent également trouver un nouveau modèle de croissance qui leur permette de continuer à améliorer le bien-être de leurs citoyens tout en restant dans les limites de la planète« , ajoute-t-il.

Lire « Nous vivons à crédit sur la Terre depuis le 21 août« 

Le Living Planet Report annonce que 71 pays font actuellement face à une situation de stress hydrique sur les ressources en eau dite  » bleue ». On parle de stress hydrique quand la demande en eau dépasse les ressources disponibles ou lorsque sa mauvaise qualité en limite l’usage

 » En 2025, on estime qu’environ les deux-tiers de la population mondiale, soit 5,5 milliards de personnes, vivront dans des régions soumises à des stress hydriques modérés à sévères et par conséquent, sans cet accès indispensable à l’eau potable, la terre, la nourriture adéquate, l’énergie et les matériaux, les individus les plus vulnérables ne pourront sortir du piège de la pauvreté et prospérer.

Le Rapport Planète Vivante 2010 en 10 points

1. La biodiversité est toujours en déclin, en particulier dans les zones tropicales et les habitats d’eau douce.

L’index planète vivante montre une baisse de 30 % depuis 1970, dont les aires tropicales apparaissent comme les plus touchées avec une baisse de 60 % en moins de 40 ans. Les populations d’espèces d’eau douce tropicales ayant fait l’objet d’un suivi ont décliné de 70 %, une baisse nettement plus importante que celle observée sur terre ou dans les océans.

2. Les pays à haut revenus ont une Empreinte Ecologique environ trois fois plus importante que les pays à revenus moyens et à peu près cinq fois plus importante que les pays à faible revenus.

Les pays à plus forte empreinte écologique sont les Emirats Arabes Unis, le Qatar, le Danemark, la Belgique, les Etats-Unis, l’Estonie, le Canada, l’Australie, le Koweït et l’Irlande.

3. A revenus plus élevés, empreintes écologiques plus élevées, à revenus faibles, empreintes écologiques allégées.

Pourtant, selon l’Index Planète Vivante, le déclin de la biodiversité est plus élevé dans les pays à faibles revenus, démontrant à quel point les pays les plus pauvres et les plus vulnérables subventionnent les niveaux de vie élevés des pays du Nord.

4. Sur la base des données de 2007 analysées dans le rapport 2010, l’Empreinte Ecologique de la
Terre a dépassé sa biocapacité de 50 %.

Nous sommes en capacité de dépasser cette biocapacité uniquement dans la mesure où l’atmosphère fonctionne comme soupape de sécurité, ceci malheureusement sans éviter des conséquences climatiques. La surchauffe survient lorsque l’humanité utilise davantage de ressources que ne peut en régénérer la planète et davantage de pollution carbone que la planète ne peut absorber. De la même manière qu’il est plus aisé de retirer plus d’argent d’un compte en banque que de percevoir les intérêts que ce dernier génère, il est possible de récolter des ressources renouvelables infiniment plus rapidement que le rythme auquel elles sont produites.

5. Si nous continuons à vivre au delà des limites de la terre
, d’ici à 2030, l’humanité nécessitera une capacité de deux planètes afin de maintenir le rythme de consommation des ressources naturelles et d’absorber la pollution de CO2. D’ici à 2050, ces besoins entraîneront une demande correspondant à environ 2,8 planètes chaque année.

6. Notre découvert actuel est largement le fait d’émissions de carbones. Il surviendra sous peu une source de préoccupation majeure : la question de la disponibilité et de la répartition des terres.

7. Deux problèmes capitaux doivent être pris en compte
, le développement des pays à moyens et faibles revenus et l’accès équitable de l’intégralité de l’humanité à une énergie propre, à de la nourriture et des ressources terrestres.

8. L’impact de la dégradation environnementale s’abat sur les peuples les plus pauvres et les plus vulnérables. Sans accès à l’eau potable, la terre, la nourriture adéquate, l’énergie et les matériaux, les individus les plus vulnérables ne peuvent sortir du piège de la pauvreté et prospérer.

9. Notre consommation d’énergie, notre façon de nous alimenter et de nous approvisionner en énergie est centrale dans l’allègement de notre empreinte et du maintien de la biodiversité afin d’assurer que la Terre puisse entretenir une population globale estimée dépasser les 9 milliards en 2050.

10. Mesurons ce que nous chérissons : nous devons parvenir à mesurer et évaluer la biodiversité, les écosystèmes et la santé, sachant que ceux-ci contribuent à notre biocapacité (= terre productive). Au final, notre prospérité repose sur une gestion soutenable et raisonnable de notre capital naturel.

Quel avenir pour la planète et pour l’Humanité ?

L’humanité consomme actuellement les ressources renouvelables plus rapidement que les écosystèmes ne peuvent les régénérer et émet plus de CO2 que les écosystèmes ne peuvent en absorber. Dans ces conditions, que nous réserve l’avenir ? Quelles actions pouvons-nous entreprendre pour mettre un terme à la surexploitation écologique et ainsi ne pas consommer plus que l’équivalent d’une seule planète ?

Pour faire face aux défis les plus urgents, le WWF demande à ce que les actions suivantes soient mises en oeuvre :

– Augmenter la proportion d’Aires Protégées à 15 % de l’ensemble des régions écologiques
– Aider à la gestion durable des forêts
– Arrêter la sur-consommation d’eau et la fragmentation des écosystèmes d’eau douce.
– Eliminer la sur-pêche et les pratiques de pêche destructives.
– Investir dans la biocapacité.
– Valoriser la biodiversité et les services rendus par les écosystèmes.
– Résoudre les dilemmes entre l’alimentation et l’énergie, créés notamment par les agrocarburants.
– Prêter attention aux problèmes soulevés par l’allocation des terres et la planification de l’usage de terres.
– Partager les ressources naturelles limitées.

Le défi de demain est ainsi le suivant : Comment adapter notre manière de vivre et notre mode de développement pour les rendre compatibles avec les impératifs de la préservation des ressources naturelles, sans dépasser leur capacité de régénération, et en appréciant à leur juste valeur les biens et services qu’elles nous prodiguent ?

« De nombreux défis nous attendent – satisfaire aux besoins de la population mondiale croissante n’est pas le moindre. Ils nous montrent à quel point il est important de faire en sorte que le développement n’induise pas une exploitation plus intensive des ressources naturelles. Nous devons à l’évidence trouver le moyen d’en faire autant, voire plus, avec moins. Continuer à utiliser les ressources de la planète plus vite qu’elles ne peuvent se régénérer revient à détruire les systèmes mêmes dont nous dépendons. Nous devons passer à un mode de gestion des ressources qui respecte les conditions et l’échelle dictées par la nature », précise James P. Leape, Directeur général de WWF International.

« La protection des écosystèmes et de la biodiversité doit être une priorité dans notre quête d’une économie mondiale plus forte, plus juste et plus propre. La récente crise financière et économique ne peut servir de prétexte pour reporter encore la mise en oeuvre d’actions, elle doit au contraire nous rappeler à quel point il est urgent de développer des économies plus vertes « , précise Angel Gurría, Secrétaire général de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques.

La réunion de l’ONU sur le climat, qui aura lieu à Cancun du 29 novembre au 10 décembre prochain, va faire suite au chaotique sommet de Copenhague, où les négociateurs n’avaient pu se mettre d’accord sur un texte contraignant pour lutter contre le changement climatique. Ce rapport du WWF rapelle encore une fois combien il est urgent d’agir avant qu’il ne soit vraiment trop tard…

Lire : Réchauffement climatique : après l’échec de Copenhague, l’échec de Cancun ?

Todd Stern, l’émissaire spécial américain sur les questions liées au climat, a cependant déclaré à la presse, à la sortie d’une réunion du Forum des principales économies mondiales qui a eu lieu à New York en septembre dernier, que « nul n’anticipe ou ne s’attend, d’une manière ou une autre, à ce qu’un traité juridique soit rédigé à Cancun cette année ».

Lire : Réchauffement climatique : vers la fin du monde ?

Un proverbe indien me servira de conclusion : « Lorsque l’Homme aura coupé le dernier arbre, pollué la dernière goutte d’eau, tué le dernier animal et pêché le dernier poisson, alors il se rendra compte que l’argent n’est pas comestible ».

Emilie Villeneuve

Info+

Selon Jim Leape, Directeur Général du WWF International : "Le rythme de perte de la biodiversité est le plus alarmant dans les pays à bas revenus et souvent situés en zone tropicale alors que les pays développés vivent dans un paradis factice, alimenté par une consommation excessive et des émissions de carbones élevées."

2010, année où 1,8 milliard de personnes surfent sur l'internet, mais où 1 milliard de personnes n'ont toujours pas accès à l'eau potable dans des conditions adéquates.

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