Réchauffement climatique : l’Académie des Sciences confirme l’origine humaine
Commandé par Valérie Pécresse, Ministre de la Recherche, suite à la vive polémique sur le climat soulevée par Claude Allègre, le rapport sur le réchauffement climatique rédigé par 120 scientifiques de différentes disciplines, français et étrangers, est clair sur trois points clés : la réalité du réchauffement climatique, son origine et ses conséquences.
Le rapport précise en effet que :
1) » Depuis la seconde moitié du 19ème siècle, plusieurs indicateurs indépendants montrent sans ambiguïté un réchauffement climatique modulé dans le temps de 1975 à 2003 » ;
2) que » Cette augmentation de température a pour cause principale la hausse de la concentration de CO2 dans l’atmosphère, elle-même due incontestablement à l’activité humaine. «
3) et que » cette concentration de C02 représente une menace pour le climat, et de surcroit pour les océans, en raison du processus d’acidification qu’elle provoque « .
Le rapport confirme ainsi, s’il en était besoin, les mêmes conclusions que le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’évolution du climat).
Et pour ceux qui pensaient que le soleil pouvait être la cause du réchauffement, le rapport précise : » que l’activité solaire, qui a légèrement décru depuis 1975, ne peut être dominante dans le réchauffement observé sur cette période « .
Les indicateurs de l’évolution climatique
Pour confirmer le réchauffement climatique les experts se sont appuyés sur plusieurs observations :
1. la température de surface sur la Terre qui augmente » de 0,8 ± 0,2 °C depuis 1870 « .
2. La température des océans qui augmente. » Mesurée depuis les années 1950 par les bateaux de commerce ou les navires océanographiques (jusque vers 700 m de profondeur), et plus récemment par le système de bouées profilantes Argo, elle montre une augmentation moyenne globale depuis quelques décennies « .
3. la surface des glaces océaniques arctiques qui se réduit. » La banquise, dont la fonte ne contribue pas à l’élévation du niveau des océans, est un autre indicateur fort de l’accélération de l’évolution du climat : de 8,5 millions de km2 stable dans la période 1950‐1975, la surface des glaces de mer a connu une décroissance très rapide jusqu’à 5,5 millions de km2 en 2010 « .
4. Les glaciers continentaux qui reculent. » Ce recul est observé de façon quasi généralisée depuis 3 à 4 décennies, avec une nette augmentation au cours des 20 dernières années « .
5. La masse des calottes polaires de l’Antarctique et du Groenland qui se réduit.
» Ces calottes ont un bilan total de masse négatif depuis une dizaine d’années. Si quelques régions élevées de l’intérieur des calottes, en particulier Antarctique, s’épaississent un peu par suite de précipitations neigeuses accrues, la perte de masse domine. Celle‐ci s’effectue dans les zones côtières du Groenland et de l’Antarctique de l’Ouest par écoulement très rapide de certains glaciers vers l’océan et décharge d’icebergs. le réchauffement des eaux océaniques dans ces régions est la cause majeure des instabilités dynamiques observées « .
6. Le niveau moyen des océans qui augmente. » Cette augmentation est un autre indicateur qui intègre les effets de plusieurs composantes du système climatique (océan, glaces continentales, eaux continentales). Depuis le début des années 1990, les contributions climatiques à cette élévation sont approximativement dues, pour un tiers à la dilatation de l’océan consécutive au réchauffement et, pour les deux autres tiers, aux glaces continentales ‐ à parts quasi égales, fonte des calottes polaires du Groenland et de l’Antarctique d’une part, et fonte des glaciers continentaux d’autre part ».
7. Enfin les indicateurs biologiques, tels que les déplacements de populations animales terrestres ou marines et l’évolution des dates d’activités agricoles saisonnières, » montrent aussi la survenue d’un réchauffement climatique « .
Les facteurs d’évolution du climat
Certains des facteurs sont susceptibles d’avoir un effet plus ou moins important sur l’équilibre du climat, précisent les experts du rapport.
– Le dioxyde de carbone (CO2) : » sa concentration augmente de façon continue depuis le milieu du XIXe siècle, en raison principalement des activités industrielles, passant de 280 ppm vers 1870 à 388 ppm en 2009. Le taux de croissance mesuré depuis 1970 est environ 500 fois plus élevé que celui observé en moyenne sur les 5 000 dernières années. Les études isotopiques montrent que l’origine de cette augmentation est due pour plus de la moitié à la combustion des combustibles fossiles, le reste aux déboisements massifs et pour une faible part à la production de ciment « .
– Le méthane (CH4) : » dû notamment aux fermentations diverses (zones humides, ruminants, déchets domestiques, biomasse, …), aux fuites de gaz naturels et à la fonte du pergélisol, il a vu sa concentration croitre de 140 % sur la même période. Elle semble cependant stabilisée depuis 2000 « .
– Le protoxyde d’azote (N2O) : » dû en grande partie aux activités agricoles (dont la biodégradation des nitrates agricoles dans les milieux souterrains anoxiques), il a vu sa concentration augmenter de 20 % sur la même période « .
– La radiation du Soleil : » le minimum solaire récent est le plus long depuis 40 ans. L’activité solaire sur cette période montre, pour plusieurs indicateurs, une diminution aussi bien des minimas que des maximas, le minimum actuel correspondant à une absence de taches solaires pendant 266 jours, situation inédite depuis plus de 40 ans. L’irradiance mesurée depuis l’espace a diminué de 0,02 % entre l’avant‐dernier et le dernier cycle solaire, tandis que les indicateurs climatiques ont montré un réchauffement sur cette période de 40 ans. L’activité du Soleil ne peut donc être le facteur dominant de ce réchauffement, même si des corrélations entre l’activité solaire et certaines variations à court terme de la température terrestre ont été mises en évidence qui pourraient être le signe d’un couplage « .
Passer à l’action
Bien entendu de nombreuses questions demeurent, tant le problème est complexe, concernant par exemple le cycle du C02, le rôle réel du soleil et des autres facteurs possibles, probables, dans l’évolution du réchauffement du climat, comme les nuages, les calottes polaires, les glaces marines…
Mais, en attendant, maintenant que nous savons que le C02 lié à l’activité humaine est l’une des causes essentielles du réchauffement récent, nos responsables politiques du monde entier doivent tout faire pour que baissent nos émissions de gaz à effet de serre, en prenant des mesures draconiennes pour réduire au maximum l’utilisation de combustibles fossiles, pétrole et charbon, au profit des énergies renouvelables, et en arrêtant la déforestation.
Mais il est peu probable que les considérations écologiques l’emportent sur l’économie.
Le réchauffement climatique n’est malheureusement pas près de s’arrêter.
José Vieira
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