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Réchauffement climatique : Nous sommes entrés dans le monde d’après

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Le temps n'est plus à se poser la question si le réchauffement climatique va avoir lieu ou non. De l'avis unanime des experts du GIEC, il est déjà en cours, et ses effets ont commencé à entrer en action. Et, quels que soient les efforts de réduction des gaz à effet de serre qui pourront être déployés, des changements profonds du climat sont désormais inéluctables. Le Ministère de l'Ecologie est donc chargé de préparer pour le printemps prochain un " Plan national d'adaptation aux changements climatiques ". Et il en appelle à une mobilisation nationale.

Nous sommes entrés dans le monde d’après

Eh ! bien voilà. Ce que nous craignions est arrivé. Le réchauffement climatique a bien commencé à s’installer sur la planète. Il n’y a plus aucun doute même s’il existe encore des incertitudes sur son ampleur. Et ce réchauffement est bien d’origine humaine : il est lié à l’émission de gaz à effet de serre générée par le développement de la consommation et de nos activités. C’est ce que confirme le rapport issu des Groupes de travail de la concertation nationale sur le  » Plan adaptation climat  » qui vient d’être présenté à Nathalie Kosciuko-Morizet.

Nous sommes entrés dans le monde d’après

C’est un véritable choc : notre planète est atteinte d’un cancer généralisé. Nous redoutions que ça finisse par arriver. Mais nous n’y croyions pas. L’impensable pourtant s’est installé.

Bien sûr nous pouvons nous rassurer en nous disant qu’il existe de très bons médecins (experts) et que nous disposons de traitements efficaces pour soigner notre terre (lois, réglementations, éthique, morale…). Mais il est probablement trop tard pour parler de guérison. Les séquelles seront irréversibles et inévitables. Et elles risquent d’être de très grande ampleur, car il existe de nombreux facteurs aggravants.

Tout d’abord il y a beaucoup trop de médecins (Etats) au chevet de la planète alors qu’il faudrait qu’une seule équipe pluridisciplinaire d’experts (scientifiques, économistes, sociologues…) et mondiale, soit chargée de la prise en charge de sa santé et de la mise en place de protocoles précis de traitement. Agir au niveau d’un organe (d’un état) quand tout le corps est malade, ça n’a pas de sens. Or c’est encore comme cela que ça fonctionne. Les différents pays de la planète agissent aujourd’hui chacun de leur côté et n’arrivent pas à se mettre d’accord sur une approche thérapeutique globale, alors que la santé de la planète se dégrade à vue d’oeil.

En outre, tous les experts ne font pas le même diagnostic. Certains continuent même à le nier en s’appuyant sur les affirmations d’une poignée de climato-sceptiques irresponsables.

Et tous ne sont donc pas d’accord sur le traitement à proposer.
Les uns pensent qu’un traitement homéopathique, ou à base de simples antalgiques, par le biais de quelques mesurettes administratives, sera suffisant..

D’autres ont bien compris qu’il faut mettre en place un traitement de choc à la hauteur de la gravité de la maladie qui progresse inexorablement, à bas bruit, détruisant les tissus sains de la planète (écosystèmes, ressources en eau, biodiversité…). Mais ils redoutent les effets secondaires du traitement à court terme (politiques, économiques, sociaux…). Alors ils préfèrent temporiser. Et la maladie continue à progresser. A tel point que, selon le rapport du Ministère de l’écologie, « des changements profonds du climat sont désormais inéluctables quels que soient les efforts de réduction des gaz à effet de serre qui pourront être déployés, du fait de l’inertie du système climatique ».  » Sans une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre on risque d’atteindre un seuil critique au-delà duquel l’adaptation pourrait devenir extrêmement difficile, voire impossible « .

Et le rapport souligne que  » même si les efforts d’atténuation de l’émission de gaz à effet de serre portent leurs fruits, le climat continuera à se modifier du fait de la durée de vie de ces gaz dans l’atmosphère (de 100 ans pour le C02 et des milliers d’années pour les gaz fluorés), et du fait de l’inertie de l’eau « .

Lire : Réchauffement climatique : vers la fin du Monde ?

Accepter l’inacceptable

Accepter l’inacceptable

Il va donc nous falloir  » accepter  » désormais la réalité du réchauffement climatique et ses multiples conséquences. Il va nous falloir vivre avec. En parler. L’intégrer dans notre vie quotidienne. Nous adapter. Oui, nous adapter…Nous n’avons plus le choix !

Le monde que connaitront nos enfants sera donc différent du nôtre. Et peut être totalement différent. Car il ne faut pas oublier qu’au cours de la dernière période glaciaire de notre planète, la température moyenne du globe n’était que de 5°C inférieure à la moyenne. Or, estime le GIEC,  » à l’horizon 2100 la terre pourrait s’être réchauffée en moyenne de 1,1 à 6,4°C « .
Quel choc. Et les images du film  » Soleil Vert « , nous reviennent en mémoire.
Oui, nous l’avons créé le réchauffement climatique. Oui, nous l’avons adoré le  » Veau d’or  » de la consommation qui nous a donné l’illusion du bonheur matériel. Oui, nous avons pollué la planète sans compter, et au profit de qui finalement? Et maintenant il est trop tard. Impossible de revenir en arrière.

Il va falloir expliquer à nos enfants que nous n’avons pensé aveuglément qu’à nous, sans nous soucier de ce que nous allions leur laisser. Il va falloir leur expliquer qu’ils vont hériter d’ une planète qui ne ressemblera plus à celle que nous avons connue. Une planète polluée, instable, avec la survenue de phénomènes météorologiques extrêmes : tempêtes, pluies diluviennes, périodes de canicules et de sécheresse… Il va falloir leur expliquer que des régions entières de la planète vont disparaitre à cause de la montée des eaux qui pourrait atteindre plus d’un mètre d’ici la fin du siècle ; que des populations entières, des millions d’individus vont être déplacés; que de nombreux lacs et rivières vont être asséchés; que les écosystèmes vont être bouleversés avec la disparition possible de 20 à 30% des espèces animales et végétale ; que des populations entières, des millions d’individus, vont devoir quitter les régions côtières ; que les risques sanitaires liés au bouleversement des éco-systèmes vont augmenter ; que la production des matières alimentaires agricoles va baisser, alors que la population humaine ne cesse d’augmenter, tout particulièrement dans les pays dits émergents, entrainant des famines et des mouvements sociaux de très grande ampleur.. Et l’on peut imaginer le pire.

Lire : Réchauffement climatique : vers la fin du Monde ?

Cela parait tellement énorme. Nous avons peine à y croire. D’ailleurs beaucoup encore n’y croient pas du tout et considèrent qu’il ne s’agit là que d’hypothèses très excessives. Que les symptômes que présente la planète ne sont qu’une poussée de fièvre. Et que l’on va bien trouver des solutions pour la calmer. Mais Jean Jouzel, éminent climatologue et membre du GIEC, lance un avertissement  » il faut renoncer à cette idée très dangereuse que le moment venu on trouvera une solution miracle. C’est maintenant qu’il faut passer à l’action ! « 

Les faits sont là

Les faits sont là

Car malheureusement les preuves du réchauffement climatique, indiscutables, sont là, rappelées dans le rapport du Ministère de l’Ecologie:  » accroissement des températures moyennes mondiales de l’atmosphère et des océans, fonte généralisée de la neige et de la glace, élévation du niveau moyen de la mer « .

Et ce qui ne laisse plus place au doute, c’est que ces phénomènes se sont récemment accélérés sous l’effet des activités humaines.  » Ainsi, précise le rapport, 14 des 15 dernières années figurent en tête du palmarès des années les plus chaudes depuis 1850. Quant au niveau de la mer qui ne s’est élevé que de 17 cm au cours de 20ème siècle, il a connu une élévation de 3,4 mm par an entre 1993 et 2008, ce qui représente le double de la moyenne enregistrée durant tout le siècle dernier « .
En France par exemple, le glacier d’Ossoue dans les Pyrénées a perdu 10,6 mètres d’épaisseur en 6 ans.

De nombreux secteurs vont donc être affectés : agriculture , tourisme, pêche, aménagement du territoire, bâtiments et infrastructures, protection des populations contre les risques naturels et sanitaires.
 » La question du changement climatique a donc cessé d’être une question strictement scientifique pour devenir un enjeu majeur de politique publique « , précise le rapport.


Rester sous le seuil des 2°C

Alors reste-t-il un espoir, non pas d’arrêter le réchauffement climatique, car il est trop tard, mais de limiter ses consequences ?

Oui, si l’augmentation de la  » fièvre  » de la planète ne dépasse pas 2°C. Et pour atteindre cet objectif,  » il faut diminuer nos émissions de gaz à effet de serre par deux, voire par trois, d’ici 2050, puis poursuivre cet effort « , précise Jean Jouzel, climatologue et membre du GIEC. Y parviendrons-nous ?

Bien entendu, seule une action concertée mondiale peut nous aider à atteindre cet objectif. Mais Copenhague fut un fisco. Et Cancun, qui commence ce lundi 29 novembre, ne se présente pas du tout mieux.

Lire : Réchauffement climatique : après l’échec de Copenhague, l’échec de cancun ?

Nos dirigeants sont capables de débloquer des milliers de milliards de dollars et d’euros pour sauver le système financier. Mais pas pour sauver la planète. Ou plus exactement pour sauver la vie qu’elle porte en son sein. Car il s’agit bien de sauvegarde de l’espèce humaine. La planète, elle, ne mourra pas. Elle changera, simplement, sous la pression de nos erreurs. Elle s’adaptera. Elle sera différente. Et elle n’en aura rien à faire si des conflits apparaissent et si la vie humaine disparaît.
Sauver l’économie, pour nos dirigeants, est plus important aujourd’hui que sauver l’espèce humaine…Oui, cela revient exactement à ça.

Le Ministère de l’Ecologie appelle à une mobilisation nationale

Un plan national d’adaptation

Pour autant la France avance et continue à faire bonne figure et des efforts. A dérouler son Grenelle de l’Environnement. Et dans ce cadre, Nathalie Kosciusko-Morizet vient de présenter son projet de  » Plan national d’adaptation de notre territoire au changement climatique «  qui a fait l’objet d’une vaste concertation. Selon le rapport  » cette adaptation est devenue un enjeu majeur qui appelle une mobilisation nationale et doit être envisagée comme un complément désormais indispensable aux actions d’atténuation déjà engagées « .

Les actions d’atténuation doivent donc être poursuivies, amplifiées. Et le rapport a montré une forte implication pour la lutte contre le changement climatique de beaucoup de Français se disant inquiets pour leur mode de vie et leur santé, et prêts à faire des efforts pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Et plus l’atténuation sera efficace, moins l’adaptation sera difficile et coûteuse.
Mais le rapport insiste sur le fait que,  » quoi qu’il advienne, il faudra forcément s’adapter car le climat à déjà commencé à changer « .

Cette adaptation a pour but de tenir compte des impacts de santé publique, environnementaux et économiques.
En France, il va falloir faire face à un déficit potentiel de 2milliards de M3 d’eau à l’horizon 2050, à la baisse de la production d’énergie hydroélectrique ; à la submersion marine de nos territoires d’outre-mer, et, en métropole, de dizaines de milliers de logements, notamment en Languedoc- Roussillon ; à la baisse de la production agricole; aux feux de forêt; à la baisse de l’enneigement en montagne, aux dégâts liés au retrait-gonflement des argiles sur les bâtiments; à la survenue de dizaines de canicules comme celle de 2003…

Trois groupes nationaux ont proposé au Ministère de l’Ecologie un ensemble de 202 recommandations qui mobiliseront les collectivités locales des régions, départements et communes. Les arbitrages vont maintenant commencer. Et le plan National d’adaptation devrait être opérationnel en mai- juin 2011.

Le poids de la responsabilité qui repose sur les frêles épaules de notre Ministre de l’Ecologie est considérable. Nous pouvons compter sur elle pour défendre la cause environnementale. Mais jusqu’ou ?
Que va-t-elle peser face aux exigences économiques à très court terme qui vont dans le sens d’une augmentation constante de la consommation qui est la cause du réchauffement … ?
Et que vont peser nos efforts au niveau mondial ?

José Vieira

Info+

GIEC : Groupe d'experts international sur l'évolution du climat

Sources :


www.developpement-durable.gouv.fr
www.onerc.gouv.fr
GIEC (Groupe d'experts international sur l'évolution du climat) www.giec.org
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