» Le Sommet de la Terre ne sera sans doute pas « le grand soir », mais une étape nécessaire pour réduire la pauvreté dans le monde.
Que se passe-t-il dans le monde historique des défenseurs de l’environnement? Le défaitisme sur Rio+20 est partout dans les médias français.
C’est d’autant plus curieux que cette analyse – quand il ne s’agit pas d’une posture – est la plupart du temps émise par ceux qui n’ont pas contribué cette année, alors même que l’ONU a invité tout le monde à participer. Peut-être certains ne comprennent pas bien à quoi peut servir un Sommet des Nations Unies, pourquoi c’est important. Nous n’étions effectivement que peu de membres de la société civile à proposer des textes, des corrections pendant ces mois très denses.
Pourtant, l’étude récente portée par le Club France auprès d’un échantillon de Français démontre que eux ont envie d’y croire, qu’ils sont prêts, que eux croient à l’utilité des rencontres internationales.
L’enjeu de Rio+20 est de taille. Comment inventer le 21e siècle sur les bases du développement durable, comment vivre ensemble?
Comment protéger nos bien publics mondiaux à 7 milliards? Alors que nous serons bientôt 9 milliards. Comment accepter qu’un pays comme la France ne pèse 1% de la population de la planète alors qu’elle se rêve toujours à la tête du monde?
C’est cela que nos devons tous apprendre, l’humilité et l’écoute. Ne soyons pas des « marchands de colère ». Nos avons toutes les raisons d’être indignés, mais devons agir collectivement.
Rio+20 est ce que nous en faisons aujourd’hui et ce que nous en ferons demain. Nous ne sommes pas tous d’accord, écoutons d’abord au lieu de critiquer. Evidemment s’est installé un système mondial fondé sur la finance qui se moque majoritairement de l’environnement et des conditions de vie de l’humanité. Evidemment, les prédateurs sont nombreux.
Mais c’est par l’alliance que nous trouverons les solutions. Ce ne veut pas dire être passifs, mais exigeants avec nous-mêmes et les autres.
Des pays vont très vite, comme le Brésil, l’Inde, la Chine… Ils ne sont pas exemplaires, pas plus que nous, vieux pays de consommation compulsive. Ce sera probablement plus leur sommet que celui de l’Europe.
Je ne sais ce qui sortira de Rio+20, sûrement pas le « grand soir », heureusement, ce ne serait pas la bonne méthode. Il doit sortir une volonté collective, avec des points de rendez vous, avec une gouvernance multi-acteurs à tous les niveaux territoriaux. Ce sera compliqué. Cette première étape nécessaire n’est pas spectaculaire, mais sans cela, impossible d’obtenir de vraies avancées sur la faim, l’énergie, l’eau, la santé, la culture…
C’est maintenant l’heure de la collaboration pour le développement durable. Rio+20 est déjà un succès, ne serait ce que pour la société civile française. Le Club France Rio+20, le collectif des ONG et syndicats, les membres du pavillon de la France et bien d’autres porteurs d’initiatives ont démontré que l’on peut collaborer malgré des objectifs et des méthodes différentes. C’est aussi ce que démontre le Comité 21 depuis près de 20 ans.
Début juin, lorsque j’ai ouvert le Forum Rio+20 à La Villette, juste avant l’arrivée du Président de la République, j’ai eu une belle émotion. Mille participants enthousiastes! Une belle image, à laquelle je ne vais pas m’arrêter d’y croire! «
Gilles Berhault, président du Comité 21 et président du Comité d’orientation du Club France Rio+20
Plus d’infos sur le blog www.gillesberhault.com