Une enveloppe de 5 milliards d’euros pour le développement durable
Nicolas Sarkozy a annoncé la répartition du grand emprunt national fixé à 35 milliards d’euros. Avec les 5 milliards d’euros consacrés au développement durable, le Président de la République affiche clairement sa détermination de faire de la France un leader mondial des technologies vertes (véhicules du futur, énergies décarbonées, villes durables…).
Voici la répartition de l’enveloppe :
Energies renouvelables et décarbonnées : 2,5 milliards
Nucléaire de demain : 1 milliard
Transports et urbanismes durables : 1 milliard
Rénovation thermique des logements privés : 0,5 milliard
Ainsi, sur les 35 milliards mobilisés par le Président de la République pour l’emprunt national, ces 5 milliards d’euros sont prévus pour permettre à notre pays de relever les défis du développement durable. Mais les choix de Nicolas Sarkozy sont loin de satisfaire les Verts et les associations écologistes…
» Loin des sirènes de Copenhague et des grands discours, les mauvais réflexes en matière de politique nationale sont toujours là. L’emprunt national et les 35 milliards d’euros mobilisés par l’Etat passent à côté d’une véritable prise en compte des enjeux climatiques et énergétiques d’aujourd’hui et de demain. Pire, ils privilégient les mauvaises pistes (nucléaire, aéronautique,…) au détriment des vraies solutions « , indique dans un communiqué le Réseau Action Climat France qui regroupe les Amis de la Terre, le comité de liaison énergies renouvelables, Greenpeace, le Réseau sortir du nucléaire et le WWF.
Pour Eric Loiselet, tête de liste Europe Ecologie en Champagne Ardenne pour les régionales de 2010 et porte parole de Convergence-s : » Compte tenu du déficit abyssal du budget de l’état, ce grand emprunt aurait pu être un formidable levier pour la reconversion écologique du pays avec toutes les retombées économiques et sociales induites. Force est de constater qu’il n’en est rien. «
Le choix du nucléaire pour un monde plus vert ?!
» Le développement des énergies renouvelables et décarbonées est réaffirmé comme une des grandes causes nationales de la décennie : 2,5 milliards d’euros seront confiés à l’Ademe pour leur développement et la création d’instituts de recherche de niveau mondial « , indique le ministère de l’Ecologie. Une partie de l’emprunt (1 milliard) sera consacré aux réacteurs de quatrième génération.
» Au-delà de l’aspect indépendance énergétique, ces réacteurs produiront de plus faible quantité de déchets radioactifs à vie longue. Pour le président Nicolas Sarkozy, il s’agit là d’un » effort technologique majeur « . Au-delà, de très nombreux moyens seront dirigés vers les opérateurs de recherche intervenant dans les énergies renouvelables et décarbonées tel que le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), l’IFP, l’Ifremer, l’Inra… « , indique le groupe UMP.
Le Président de la République a annoncé également hier que le CEA deviendrait le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives.
Le choix du nucléaire est-il judicieux ?!
» Le président Sarkozy continue de tromper les Français en nous vendant le nucléaire comme une énergie d’avenir soit disant propre. Les réacteurs de 4ème génération relèvent des utopies technologiques et on ne peut, selon les experts, rien attendre avant 2040 ou 2050. Je doute que Nicolas Sarkozy ait bien compris les enjeux du changement climatique qui requièrent des réponses immédiates « , écrit Eric Loiselet, tête de liste Europe Ecologie pour les régionales 2010 en Champagne Ardenne, sur le Post.
Pour le réseau Sortir du Nucléaire qui regroupe 850 associations, c’est » un milliard gaspillé dans l’illusion nucléaire « , car » derrière une supposée ‘4ème génération’ qui n’est qu’une invention marketing, il s’agit d’une nouvelle tentative de mettre un surgénérateur, que l’industrie échoue depuis 50 ans à faire fonctionner « .
Un grand emprunt très éloigné des enjeux de Copenhague ?
« Ce grand emprunt est très éloigné des enjeux climatiques et énergétiques de Copenhague « , déclare le Réseau Action Climat France. » Nicolas Sarkozy a suivi, dans ses grandes lignes, les priorités fixées par le rapport de la Commission Rocard et Juppé. Le Président de la République n’a donc pas souhaité rectifier le tir et rate ainsi une occasion assez rare d’engager des investissements considérables vers un avenir réellement plus écologique. «
Pour les véhicules du futur, 1 milliard d’euros sera consacré à l’émergence des voitures électriques, mais aussi de navires et de trains moins consommateurs d’énergie. 2 milliards d’euros seront également notamment consacrés au développement d’avions moins polluants et d’un satellite mesurant les émissions de CO2.
Concernant le budget consacré à la ville (mobilité, bâtiments, gestion de l’eau et des déchets), la démarche des Eco-cités sera poursuivie : un fonds de 1 milliard d’euros soutiendra les démarches urbaines intégrées.
Enfin, pour la rénovation thermique des logements, 500 millions d’euros seront confiés à l’ANAH, l’agence national de l’habitat, pour favoriser, d’après le ministère de l’Ecologie, la rénovation des logements privés, » tandis que la Caisse des dépôts poursuivra et amplifiera son effort sur le parc social pour aboutir à la révolution thermique dans les bâtiments sociaux « .
» Véhicules du futur, énergies décarbonées, ville durable seront plus que jamais au coeur des travaux de nos universités, de nos chercheurs, de nos entreprises pour les décennies à venir. Les choix présentés aujourd’hui permettront ainsi à la France de prendre une avance déterminante dans les secteurs clef de la croissance durable de demain « , a souhaité rappeler Jean-Louis Borloo.
Mais pour le Réseau Action Climat France, la France, » loin d’être exemplaire dans ses choix stratégiques en matière de Climat et énergie, envoie un très mauvais signal à Copenhague à désormais quelques jours de la fin des négociations « .
Alors, que penser des choix de Nicolas Sarkozy quant au développement durable ? Insufisants à court terme mais judicieux à long terme ?
N’oublions pas également que ces 5 milliards d’euros viendront s’ajouter au 7 milliards d’investissements de l’Etat prévus chaque année jusqu’en 2020 dans le cadre du Grenelle de l’environnement.
Dans un contexte difficile de crise économique, il faut reconnaitre que Nicolas Sarkozy fait ainsi de réels efforts en matière de développement durable. Des engagements courageux que finalement bien peu d’autres responsables politiques ont pris…
Emilie Villeneuve