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Sommet de l’ONU sur le climat : un succès mitigé

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A moins de 86 jours de Copenhague, plus de 100 chefs d'Etat et de gouvernement se sont rassemblés hier au siège des Nations Unies à New York pour un sommet sur les changements climatiques. Mais faute de décisions importantes de la part des principaux participants, rien n'est encore joué pour Copenhague.

Sommet de l’ONU sur le climat : un succès mitigé

 » Echouer à aboutir à un large accord à Copenhague serait moralement inexcusable « 

C’est ce qu’a déclaré hier à New-York le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon, à l’ouverture du sommet sur le changement climatique à New York.

Les Etats Membres devront achever à Copenhague au mois de décembre prochain, les négociations sur un nouveau traité fixant une réduction des émissions des gaz à effet de serre. Ce traité, destiné à remplacer le Protocole de Kyoto qui arrive à expiration en 2012, devra également trouver des mesures d’adaptation pour les pays en développement, y compris un transfert des technologies permettant de produire de l’énergie de façon  » propre « .

Le sommet a été ouvert par l’acteur Djimon Hounsou qui a récité un passage de  » Pâle point bleu « , un ouvrage du défunt astronome Carl Sagan, suivi d’un film écrit et raconté par des enfants du monde entier.

En clôture du sommet, Ban Ki-moon s’est félicité d’avoir entendu un consensus sur les mesures à suivre, notamment la réduction des émissions, un ensemble de mesures d’adaptation et un financement pour les pays les plus pauvres.  » Nous avons avancé « , a-t-il déclaré. Il a cependant noté que la journée avait donné l’occasion aux Etats de faire des propositions séparées, ce qui est différent d’un accord global.

Parmi les nombreux orateurs, le président des Etats-Unis Barack Obama, le président de la Chine Hu Jintao et le président français Nicolas Sarkozy, qui a été le plus applaudi à la tribune. Mouammar Khadafi, le chef de l’Etat libyen, et Mahmoud Ahmadinejad, le président iranien, étaient également présents pour ce sommet.

Le sommet de l’ONU sur le climat a pourtant déçu les attentes, faute d’annonces capitales des principaux participants.

Etats-Unis : une attente déçue

 » Après de trop nombreuses années d’inaction et de déni, nous assistons finalement à une large reconnaissance de l’urgence du défi. Nous savons que l’avenir de notre planète dépend d’un engagement mondial à réduire de façon permanente la pollution des gaz à effet de serre « , a dit Barack Obama , dont c’était la première visite à l’ONU.

Le président américain a surtout rappelé les engagements pris mais n’a pas mentionné d’efforts supplémentaires de la part de son pays.

Il a indiqué que les Etats-Unis avaient lancé un investissement très important dans les énergies renouvelables visant à doubler en trois ans les capacités en matière d’énergie éolienne et d’autres sources d’énergie renouvelables. Il a dit avoir aussi proposé le premier projet aux Etats-Unis pour accroître les économies de carburant et réduire la pollution de toutes les nouvelles voitures et camions. Pour la première fois les Etats-Unis commenceront de plus à mesurer la pollution des gaz à effet de serre dans tout le pays.

Al Gore, lauréat du prix Nobel de la paix 2007, ancien Vice-Président des États-Unis et Président de Generation Investment Management, s’est dit hier particulièrement encouragé par l’engagement pris, par le Président Obama de s’investir personnellement pour que le projet de loi sur les changements climatiques soit adopté par le Sénat avant le Sommet de Copenhague.

C’est sur ce point que les Européens critiquent le plus les Etats-Unis ; sur l’immobilisme du Sénat et sur sa lenteur à agir. La Cour suprême des États-Unis avait en effet statué que le CO2 était un polluant couvert par la loi de lutte contre la pollution de l’air ( » Clean Air Act « ). Une Cour fédérale a ensuite jugée que les émetteurs de CO2 pouvaient être poursuivis en vertu du droit américain. Barack Obama devra donc prouver la fin de cet immobilisme américain.

Chine : un pas en avant

Le président chinois Hu Jintao s’est engagé à réduire  » notablement  » les émissions de dioxyde de carbone (CO2) par point de croissance économique d’ici 2020 comparativement à leur niveau de 2005. Un effort pour la Chine qui s’oriente pour la première fois vers une lutte contre le réchauffement climatique . D’autant plus que la Chine est un des pays qui pollue le plus la planète.

Hu Jintao a aussi rappelé que le programme national sur le changement climatique de son pays prévoyait l’accroissement du couvert forestier et la proportion d’énergie renouvelable.

La Chine prévoit d’accroître les énergies non fossiles pour atteindre 15% de la consommation d’énergie d’ici à 2020, d’accroître les forêts de 40 millions d’hectares et le volume de forêt de 1,3 milliard de mètres cubes d’ici à 2020 par rapport à 2005.

Répondant à la question d’un journaliste sur l’intervention de la Chine hier à la séance plénière du Sommet sur les changements climatiques, M. Gore a salué les initiatives d’un pays qui est le leader mondial en matière d’énergie solaire et d’énergie éolienne et qui a planté 2,5 fois plus d’arbres que le reste du monde réuni. Pour la Chine, a-t-il insisté, le verre est plutôt à moitié plein qu’à moitié vide.

France : Nicolas Sarkozy appelle déjà à un autre sommet en novembre

 » Nous savons que le réchauffement climatique est déjà une réalité. Nous savons qu’il s’accélère. Nous savons que si nous ne sommes pas capables de le limiter à 2 degrés , nos enfants, nos petits-enfants seront confrontés à une catastrophe échappant à tout contrôle, a déclaré hier Nicolas Sarkozy . Dans 87 jours, nous saurons si nous avons réussi, ou si nous avons failli à nos devoirs de responsables politiques « .

D’après lui, le succès de la Conférence de Copenhague repose sur quatre principes, notamment une réduction de 50 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici à 2050 par rapport à 1990, et une réduction de 80 % pour les pays développés.

Le président français a estimé que d’une façon ou d’une autre il faudrait payer pour les plus pauvres : les pays d’Afrique et les petits Etats insulaires. Il a appelé à une taxe carbone universelle aux frontières pour les pays qui ne respecteraient pas les règles

Nicolas Sarkozy a de plus proposé que les chefs d’Etat, des grandes économies et principaux pollueurs, représentant 80 % des émissions, se réunissent en novembre pour préciser leurs engagements en matière de lutte contre le réchauffement climatique . Et de favoriser le succès de la réunion de Copenhague en décembre.

Emilie Villeneuve

Info+

Le Prince Albert II de Monaco a hier après-midi, en marge du Sommet sur les changements climatiques, exhorté la communauté internationale à se mobiliser en faveur de l'Arctique. Cet appel à la mobilisation pour une région menacée par les activités d'exploitation d'hydrocarbures et de pêche est d'autant plus urgent que " les changements climatiques ne sont plus aujourd'hui une menace mais une réalité ", a souligné le Prince Albert II." La glace est appelée à disparaître dans sa quasi totalité dans un avenir proche. Après cela, nous ne serons plus en mesure de contrôler quoi que ce soit ", a averti le Prince Albert II, citant la montée inexorable du niveau des mers et ses conséquences non seulement pour la région arctique mais " pour la planète entière ". Il a en particulier interpelé " les huit Gouvernements de l'Arctique à agir ensemble " en faveur de la préservation de la région. Les huit parties prenantes sont les États-Unis, le Canada, le Danemark, la Finlande, la Norvège, la Suède, la Fédération de Russie et l'Islande.

Sources :

Nations Unies

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