Une tournée européenne
Jusqu’au mardi 13 octobre, la tournée « SOS Grands fonds marins » de sensibilisation et de pression de Greenpeace sur la grande distribution et les politiques, fait escale en France dans 7 grandes villes, avant de gagner l’Espagne et le Portugal.
Le but étant que, dans chaque ville, Greenpeace demande aux directeurs de supermarchés d’arrêter la vente des poissons de grands fonds, et d’obtenir des engagements de leurs groupes.
Le groupe Auchan, qui a déjà retiré se ses rayons le thon rouge , a annoncé l’arrêt de la commercialisation de viande de requins dans ses magasins. Les français mangent effectivement de cette espèce menacée, vendue sous le nom de saumonette.
» Les grands groupes de distribution et les responsables politiques doivent en effet rapidement prendre des décisions sans équivoque face au danger que représente la pêche profonde pour les écosystèmes fragiles.
Dans ces écosystèmes, de nombreuses espèces ont une croissance lente, comme par exemple les coraux des eaux froides qui forment de splendides structures s’élevant jusqu’à 35 mètres de hauteur et vivant pendant des milliers d’années. Un poisson comme l’empereur peut lui vivre jusqu’à 150 ans, et n’atteint sa maturité reproductive qu’à partir de 20 ans « , explique Greenpeace.
8 espèces de grands fonds marins menacées
Nombreux sont les poissons au nom exotique que le consommateur achète sans connaître véritablement. Parmi eux :
Le Siki qui vit jusqu’à 3 700 mètres de fond, est vendu aussi sous le nom de saumonette mais vous ne le verrez jamais sous le nom de requin.
L’Empereur vit environ 150 ans. Sa croissance est très lente et selon les scientifiques, ces caractéristiques le rendent hautement vulnérable à la pression de la pêche .
Le Grenadier de Roche à une croissance très lente : il ne pèse que 120 grammes à 10 ans, et 1,6 kg à 30 ans ! Sa productivité est donc très faible.
Les Lingues Bleues sont la cible de chalutage de fond quand elles se rassemblent pour se reproduire.
Le Sabre Noir est un prédateur très rapide qui peut mesurer 1,5 mètres de long. Il vit sur et à proximité du fond marin. Sa croissance lente et les autres caractéristiques connues le rendent vulnérable à l’exploitation.
Comment protéger les grands fonds marins ?
Greenpeace demande aux décideurs politiques français, au gouvernement et au Président de la République de :
– Soutenir l’adoption d’une résolution de suivi très forte lors de l’Assemblée Générale des Nations Unies de novembre 2009, pour garantir la pleine et immédiate application de la résolution 61/105.
Cette résolution appelle les Etats et les organisations régionales de gestion des pêches à agir pour gérer durablement les stocks de poissons. Elle doit protéger les écosystèmes marins vulnérables de haute mer des techniques de pêche destructrices, et à garantir à long terme la durabilité des stocks de poissons de grands fonds.
» Plus de deux ans ont passé. Contrairement à leurs engagements, les pays concernés ont fait bien peu de choses pour appliquer convenablement les mesures prévues. Aucune vraie étude d’impact n’a été réalisée et aucune mesure significative n’a été entreprise pour éviter les impacts négatifs sur les écosystèmes vulnérables ou sur les espèces de grands fonds « , s’indigne Greenpeace.
– Se prononcer pour l’arrêt immédiat de la pêche profonde en haute mer si cette résolution de suivi forte n’est pas obtenue.
– Soutenir dans le cadre de la réforme de la Politique Commune des Pêches une reconversion rapide des pêcheries profondes opérant dans les eaux européennes vers des pêches durables.
» Ces demandes sont dans la continuité de la demande globale de Greenpeace, qui fait campagne pour un réseau mondial de réserves marines entièrement protégées et couvrant 40 % des océans. Ces réserves doivent être localisées en priorité en des endroits où la biodiversité est particulièrement fragile, comme par exemple les zones abritant des espèces et habitats vulnérables de grand fond « .
Emilie Villeneuve