Le risque de l’utilisation des pesticides dans les espaces publics
L’utilisation des produits pesticides en zones non agricoles (voiries, trottoirs, parcs publics, terrains de sports ou de loisirs, zones industrielles, aéroports…) représente en effet environ 5 % du tonnage de substances actives commercialisées chaque année en France. Les services techniques des collectivités locales en sont les premiers utilisateurs professionnels.
Chantal Jouanno a ainsi signé vendredi 3 septembre 2010 un accord cadre relatif à l’usage professionnel des pesticides en zones non agricoles, avec des représentants de collectivités territoriales, et les principaux acteurs de l’usage professionnel des pesticides.
Cet accord entre dans le cadre du plan Écophyto adopté en 2008, lors du Grenelle de l’environnement, qui prévoit une réduction de moitié « si possible » de l’usage des pesticides d’ici à 2018.
» La réduction de l’utilisation des produits pesticides en France est l’un des objectifs phares du Grenelle de l’environnement. C’est, à mes yeux, le principal objectif sanitaire « , a-t-elle précisé dans son discours avant d’ajouter :
» L’accord-cadre que nous allons signer aujourd’hui concerne très directement la vie quotidienne de millions de français. 9 Français sur 10 considèrent le vert comme essentiel pour leur équilibre quotidien. Pour un français sur deux le principal intérêt des jardins et des espaces verts réside dans leurs bienfaits pour l’environnement. Pour 40% des français la préservation de l’environnement passe par le fait d’accorder une plus grande place à la nature en ville. Conclusion : le lien entre espace vert et santé est ancré dans l’esprit de nos concitoyens « .
Il faut savoir que l’utilisation des pesticides en ville favorise un contact direct potentiellement dangereux pour la population et constitue une source de contamination des eaux. En effet, utilisés sur des surfaces imperméables ou peu perméables, ils entraînent une pollution des eaux liée au ruissellement.
» Vous le savez, les produits phytopharmaceutiques sont des produits actifs, pour lesquels des interrogations nombreuses subsistent concernant leur impact sur la santé et l’environnement.(…) Ne sommes-nous pas allés trop loin ? Ils sont aujourd’hui présents partout. Ils ont été mesurés dans 90 % des points de mesure des cours d’eau et dans 53 % des points de mesure des eaux souterraines, en France métropolitaine. Or, leur présence n’est pas anodine puisque le lien entre les cancers, les problèmes de fertilité, la maladie de Parkinson chez les professionnels se révèle jour après jour. Les utilisateurs professionnels doivent donc être sensibilisés à ces réalités, ceci d’autant plus que l’utilisation de pesticides, potentiellement dangereux, dans des espaces fréquentés par le grand public, ne peut manquer d’interpeller. Les risques d’exposition doivent être pris au sérieux par les utilisateurs, notamment quand il s’agit de protéger les populations les plus sensibles que peuvent être l’enfant ou la femme enceinte.(…)
La loi Grenelle 2 présente d’ailleurs des avancées substantielles sur ce point en permettant d’interdire ou encadrer l’utilisation de ces produits dans des zones particulières fréquentées par le grand public ou des groupes de personnes vulnérables, notamment les parcs, les jardins publics, les terrains de sport, les enceintes scolaires et les terrains de jeux, ainsi qu’à proximité d’infrastructures de santé publique.
Un loisir, apparemment sain et proche de la nature, ne doit pas devenir un risque pour les familles !
Nous avons une responsabilité face au français. Leur dire la vérité sur les risques liés à l’utilisation de pesticides, dans des espaces qui, à leurs yeux, les rapprochent de la nature « , a ainsi déclaré Chantal Jouanno dans son discours.
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Les signataires de cet accord-cadre s’engagent ainsi à :
– Améliorer la connaissance des utilisateurs par la formation, la recherche et la connaissance des organismes nuisibles ;
– Privilégier les aménagements urbains qui nécessitent un usage en pesticides aussi minimal que possible ;
– Améliorer les pratiques d’entretien, en n’utilisant les pesticides qu’en dernier ressort et en utilisant dans ce cas des produits à faible impact tout en réduisant les quantités apportées (traitements localisés…) ;
– Diffuser les bonnes pratiques et les retours d’expériences notamment par la création d’une plate-forme informatique d’échange entre professionnels.
« Les jardins et espaces verts sont des lieux de vie, et des lieux de rencontre quotidienne entre l’homme et la nature. La conception et l’entretien de ces espaces doivent participer à la protection de l’environnement. Par la signature de cet accord, sur la réduction de l’utilisation de pesticides, les collectivités locales et les professionnels du secteur apportent une contribution importante à l’atteinte des objectifs du Grenelle Environnement« a déclaré Chantal Jouanno.
Voici la liste des signataires de l’accord cadre :
– Le ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer ;
– Le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Pêche ;
– Aéroport de Paris ;
– L’Assemblée des Communautés de France ;
– L’Assemblée des Départements de France ;
– L’Association des Eco Maires de France ;
– L’Association des Maires de France ;
– L’Association des Maires de Grandes Villes de France ;
– L’Association des Applicateurs Professionnels de Produits Phytopharmaceutiques ;
– L’Association Française des Directeurs de Jardins & Espaces Verts Publics ;
– L’Association Professionnelle des Sociétés Françaises Concessionnaires ou Exploitantes d’Autoroutes ou d’Ouvrages Routiers ;
– La Chambre Syndicale Désinfection, Désinsectisation, Dératisation;
– Le gestionnaire du Réseau de Transport d’Electricité ;
– L’Union Nationale des Entreprises du Paysage ;
– L’Union des Entreprises pour la Protection des Jardins et des Espaces Publics ;
– Voies Navigables de France.
Espérons maintenant que ces engagements soient réellement suivis par l’ensemble des signataires…
Christina Vieira
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