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Pesticides : la liste des députés qui ont voté contre l’interdiction du glyphosate

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Par Bioaddict

Mais qui sont ces députés qui ont voté contre l'interdiction du glyphosate, molécule active des herbicides de type RoundUp, reconnue comme toxique pour l'environnement et la santé ? L'association Agir pour l'Environnement vient de publier la liste des 63 députés qui ont rejeté l'amendement. Parmi eux, beaucoup d'agriculteurs.

En catimini, à 2h00 du matin mardi 29 mai, une poignée de députés a rejeté l’interdiction du glyphosate, herbicide pourtant reconnu comme toxique pour l’environnement et classé comme « cancérigène probable » par l’Organisation Mondiale de la Santé.

Il faut noter que lors de ce vote, il n’y avait que 86 députés présents sur les 577 que compte l’Assemblée Nationale. On a donc 491 absents, pour 1 non votant, 2 blancs, 63 contre et 20 pour. (voir l’analyse du scrutin sur le site www2.assemblee-nationale.fr)

« Le peu de transparence entourant ce vote a permis à 63 députés de décider de ce qui est bon (et surtout mauvais !) pour 66 millions de Français » fustige Agir pour l’Environnement qui a publié la liste des parlementaires s’étant ouvertement opposés à l’interdiction du glyphosate.

« Avec le soutien du ministre de l’agriculture chimique (Stéphane Travert), quelques députés ont ainsi mis en minorité le président de la République qui s’était pourtant ouvertement prononcé pour que le glyphosate « soit interdit en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans 3 ans » explique l’association.

Quels députés ont voté contre l’interdiction du glyphosate ?

Pour dénoncer les sénateurs qui « ont préféré satisfaire les intérêts bien compris du lobby de l’agrochimie », Agir pour l’Environnement a décidé de publier la liste des 63 députés qui se sont opposés à l’interdiction du glyphosate. « N’hésitez pas à leur dire ce que vous en pensez (avec courtoise mais détermination…) ! Cette liste est dotée d’un outil web que nous avons développé vous permet d’interpeller chaque député par courriel ou via leur page facebook et leur espace twitter » précise l’association.

La liste est disponible sur le site trombi-glyphosate.agirpourlenvironnement.org qui a déjà touché plus d’un million de personnes. Un moteur de recherche permet de sélectionner votre département pour voir ce qu’ont voté vos sénateurs.

Pour Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement  » le très grand nombre de partages du site trombi-glyphosate.agirpourlenvironnement.org démontre tout à la fois la colère des citoyens à l’égard d’un vote incompréhensible et la nécessité d’une plus grande transparence des votes. « 

Dans cette liste, on trouve notamment les chefs de file des députés LREM, Richard Ferrand, des députés MoDem, Marc Fesneau et des députés LR, Christian Jacob.

A noter que les groupes « insoumis », socialiste et communiste n’étaient représentés que par un député chacun. S’ils avaient été au complet au moment du vote, l’interdiction du glyphosate, et donc de l’herbicide fétiche de Monsanto « Roundup », aurait théoriquement pu être votée.

Parmi les 63 députés qui ont refusé d’inscrire l’interdiction du glyphosate dans la loi, on trouve 36 LREM, 15 LR, 7 UDI / Constructifs, 4 MoDem et 1 communiste (Sébastien Jumel). Beaucoup d’entre eux sont agriculteurs, évidemment proches de la FNSEA, principal syndicat d’exploitants agricoles. Parmi eux également un médecin cardiologue ou encore un pharmacien.

Zoom sur quelques un de ces députés pro-glyphosate :

Laurence Maillart-Méhaignerie, député dans la deuxième circonscription d’Ille-et-Vilaine, membre de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire.

Nicolas Turquois, député MODEM de la 4ème circonscription de la Vienne, agriculteur, ingénieur agronome de formation.

Jean-Yves Bony, député LR de la 2ème circonscription du Cantal, Exploitant agricole.

Nicole Le Peih, députée LREM de la 3ème circonscription du Morbihan, Agriculteur-propriétaire exploitant, élue à la chambre d’agriculture 56.

Sébastien Jumel, député GDR de la 6ème circonscription de Seine-Maritime, Membre de la commission des affaires économiques.

Sophie Auconie, députée UAI de la 3ème circonscription de l’Indre-et-Loire, Membre de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, Vice-Présidente du Groupe d’études « Eau et biodiversité ».

– Jean-Pierre Door, député LR de la 4ème circonscription du Loiret, Médecin cardiologue, rapporteur de la mission d’information parlementaire sur le Mediator et la pharmacovigilance, membre du Club de parlementaires Hippocrate – dont l’objectif était de débattre de questions de santé – financé par l’un des dix géants de l’industrie pharmaceutique mondiale, la multinationale britannique GlaxoSmithKlineIl. Il est apparu dans l’émission  » Cash Investigation  » d’Elise Lucet sur le thème  » Industrie agroalimentaire : business contre santé « .

– Jean-Claude Leclabart, député LREM de la 4ème circonscription de la Somme, Membre de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, issu d’une famille d’agriculteurs, il a géré l’exploitation céréalière familiale.

– Jean-Baptiste Moreau, député LREM de la 1ère circonscription de la Creuse, Agriculteur-propriétaire exploitant, co-président du Groupe d’études « Modernisation des activités agricoles et structuration des filières », président d’une coopérative agricole regroupant 900 agriculteurs.

– Perrine Goulet, députée LREM de la 1ère circonscription de la Nièvre, membre du Groupe d’études « Modernisation des activités agricoles et structuration des filières ». Membre de la Commission d’enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires, elle a demandé au ministre de l’Intérieur Gérard Collomb s’il ne fallait pas  » tirer  » en cas d’intrusion dans une centrale nucléaire, comme l’ont déjà fait des militants de l’ONG.

– Thierry Benoit, député UAI de la 6ème circonscription d’Ille-et-Vilaine, fils d’une mère agricultrice, auteur de plusieurs propositions de loi déposées au Bureau de l’Assemblée nationale, dont celle du 1er avril 2014  » visant à instaurer une information préalable des agriculteurs sur tous les contrôles « , co-rapporteur de la mission parlementaire sur l’avenir des filières d’élevage, co-rapporteur de la mission parlementaire sur l’avenir des filières d’élevage.

– Bertrand Bouyx, député LREM de la 5ème circonscription du Calvados, Pharmacien, Secrétaire de la « Commission d’enquête sur les maladies et pathologies professionnelles dans l’industrie (risques chimiques, psychosociaux ou physiques) et les moyens à déployer pour leur élimination », il a enseigneé la toxicologie industrielle à l’IUT de Vire.

– Antoine Herth, député UAI de la 5ème circonscription du Bas-Rhin, agriculteur, membre du Groupe d’études « L’industrie agro-alimentaire face aux enjeux de l’alimentation », nommé en 2005 secrétaire national chargé de l’agriculture au sein de l’UMP, rapporteur du projet de loi relatif aux OGM. Il a consacré son premier mandat de député à des travaux sur le commerce équitable, le développement durable et les biocarburants. En avril 2011, il a remis un rapport sur le biocontrôle au ministre de l’Agriculture formulant quinze propositions visant à la promotion d’une agriculture durable moins dépendante des produits chimiques, trouvant notamment écho dans le plan « Ecophyto 2018 ».

L’agriculture biologique, la preuve que les alternatives au glyphosate existent !

« Le glyphosate est un marqueur politique. Son interdiction éventuelle reflète l’ambition que la majorité est susceptible d’avoir en matière de transition écologique et solidaire. Alors même que le glyphosate est classé potentiellement cancérigène par l’Organisation Mondiale de la Santé, que des alternatives existent et sont mises en oeuvre par plusieurs dizaines de milliers de paysans ayant fait le choix de l’agriculture bio, le président de la République doit réaffirmer sa position au risque de se dédire. Le rejet de toute interdiction du glyphosate, si il était entériné à l’Assemblée nationale, serait de même nature que la formule malheureuse de Nicolas Sarkozy  » L’environnement, ça commence à bien faire «  » explique Agir pour l’environnement.

L’association invite tous les Français à se mobiliser en condamnant les députés qui ont voté contre l’amendement mais aussi ceux qui n’étaient pas présents lors du vote. Car c’est bien la mobilisation de la population qui peut encore faire basculer les choses.  » La vie démocratique de notre pays ne peut plus être réservé aux seuls insomniaques qui sabotent une loi tapis dans l’ombre confortable et rassurante d’un hémicycle déserté «  résume Agir pour l’Environnement.

Stella Giani

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