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Labels BIO : le guide ultime pour s’y retrouver en 2023

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Par Bioaddict

Santé, éthique, écologie…Quelles que soient leurs motivations, les consommateurs s’orientent de plus en plus vers les produits biologiques dans leurs achats du quotidien. La France se classe même à la 2ème position des pays européens les plus consommateurs de produits biologiques. Pour répondre à cette demande grandissante, les fabricants ont élargi leur offre, et les labels et certifications Bio fleurissent.

Labels bio : à quoi ça sert ?

Redéfinissons d’abord ce qu’est un label : un label représente une marque ou un logo utilisés pour identifier et communiquer qu’un produit répond à certaines normes ou critères spécifiques, selon un cahier des charges précis. Le label peut être public ou privé selon la nature de l’organisation qui a établi ces normes. Les labels publics, qualifiés d’officiels, seront donc émis par des organismes gouvernementaux, tandis que les labels privés seront délivrés par des organisations indépendantes voire même des entreprises.

Un produit certifié avec un label est donc le résultat d’un processus d’évaluation dudit produit. Par exemple, dans le cadre des labels bio publics (AB, Eurofeuille), une entreprise souhaitant labéliser ses produits devra souscrire auprès de l’Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique (Agence BIO), puis sera contrôlée par des tiers-parties agréées (ex: Ecocert, Certipaq, Qualité-France). Si elle remplit l’entièreté du cahier des charges, le label lui sera attribué. Dans le cadre de labels privés, il n’est pas rare que l’association elle-même joue le rôle d’évaluateur pour l’entreprise candidate.

C’est donc dans la connaissance du cahier des charges que réside toute la difficulté autour des labels bio : difficile pour les consommateurs de connaître l’exigence des normes imposées derrière le logo qu’ils voient sur un produit. Entrons alors dans le vif du sujet en détaillant les certifications les plus fiables du marché.

Les labels en un coup d’oeil

Dans le tableau ci-dessous, vous retrouverez tous les labels que nous avons sélectionné dans cet article, et leurs caractéristiques principales.

NomType de certificationAnnée de créationPublic / IndépendantChamp d’action
AB Agriculture BiologiqueAgriculture biologique1985Public• Produits agricoles
• Denrées alimentaires
EurofeuilleAgriculture biologique2010Public• Produits agricoles
• Denrées alimentaires
DemeterAgriculture biologique1920Indépendant• Produits agricoles
• Denrées alimentaires
• Boissons
• Cosmétiques & soins
• Textiles
Bio CohérenceAgriculture biologique2010Indépendant• Produits agricoles
• Denrées alimentaires
• Boissons
Nature & ProgrèsAgriculture biologique1964Indépendant• Produits agricoles
• Denrées alimentaires
• Boissons
• Cosmétiques & soins
• Produits d’entretien
Fair for LifeCommerce Équitable2006Indépendant• Tous produits
Max HavelaarCommerce Équitable1988Indépendant• Produits agricoles
• Denrées alimentaires
• Boissons
• Cosmétiques & soins
• Textiles
Bio-équitable en FranceAgriculture biologique &
Commerce Équitable
2020Indépendant• Produits agricoles
• Denrées alimentaires
• Boissons
• Cosmétiques & soins
BiopartenaireAgriculture biologique &
Commerce Équitable
2002Indépendant• Produits agricoles
• Denrées alimentaires
• Boissons
• Cosmétiques & soins
Symbole des paysans producteursCommerce Équitable2011Indépendant18 familles de produits agricoles : thé, café, bananes, cacao…etc

Les labels Bio publics

AB et “Eurofeuille”

En 1985, le ministère de l’Agriculture français créait le label “AB” (comme “Agriculture Biologique”) afin d’identifier plus facilement les produits agricoles et les denrées alimentaires issues d’une agriculture biologique. Puis, à partir du 1er janvier 2009, la norme européenne devient le mètre-étalon en termes de certification, et lance son propre label bio de l’Union Européenne, ou “Eurofeuille”, en juillet 2010. Celui-ci devient obligatoire sur les emballages des produits certifiés bio. Le label AB, dont la charte était initialement plus contraignante que les normes européennes, s’est aligné au fur et à mesure sur le label européen, et est aujourd’hui facultatif. Mais sa forte popularité auprès de consommateurs habitués à le trouver sur des produits issus de l’agriculture biologique, fait qu’il reste encore largement utilisé.

En termes de normes, une certification bio européenne demande de respecter ces 3 critères principaux :

  • Contenir au moins 95% d’ingrédients issus d’une agriculture biologique
  • N’utiliser aucun produit chimique de synthèse (pesticides, désherbants…)
  • Ne pas contenir d’organismes génétiquement modifiés (OGM), ou du moins très peu : un présence “accidentelle” jusqu’à 0,9% est tolérée

À noter que depuis 2022, la charte s’est renforcée en ce qui concerne les importations. En effet, des accords d’équivalences existaient dans le passé et permettaient de labelliser des produits importés pourtant issus d’une charte moins contraignante que la norme européenne. Le nouveau règlement a pour but de supprimer ces accords sous 5 ans, avec une stricte application des normes européennes à l’import et un double contrôle au départ du pays exportateur, et à l’arrivée en Union Européenne.

Enfin, il est bon de souligner que ces labels ne s’appliquent qu’aux produits agricoles et denrées alimentaires transformées. Les produits non-alimentaires ne peuvent pas être éligibles à l’obtention de ces certifications.

Les labels Bio Indépendants

Demeter

Nommé après la déesse de l’agriculture et des moissons dans la Grèce antique, Demeter est un label privé des plus exigeants, et aussi le plus ancien de tous. En effet, sa création par une association d’agriculteurs date des années 1920, ce qui en fait donc un label centenaire !

L’autre particularité de la certification Demeter est son rayonnement international. En effet, c’est le seul label composé d’associations nationales dans de multiples pays, et son fonctionnement quant à la révision régulière de la charte est basé sur un système de vote démocratique, où chaque pays membre compte pour une voix.

Les conséquence de ces choix ? Non seulement Demeter est un label très exigeant dans son approche de l’agriculture biologique, mais il traite aussi de la responsabilité sociale et écologique des fabricants qui souhaitent être certifiés. Ce qui lui permet d’ailleurs d’appliquer son label à des produits transformés (ex: cosmétiques) utilisant des ingrédients issus de l’agriculture biologique.

On peut donc citer ces quelques grandes lignes de la charte Demeter, qui lui valent une très bonne réputation auprès des consommateurs en France comme dans d’autres pays du monde :

  • Fermes 100% biodynamiques
  • Aucun OGM
  • Travail suivant les rythmes saisonniers et cycles lunaires
  • Déforestation de forêt vierge interdite pour un usage agricole
  • Espace d’élevage : 2 vaches ou 20 moutons par hectare maximum
  • Alimentation des animaux provenant à au moins 70% de la ferme et au moins 75% en qualité Demeter.
  • Respect des critères de l’Organisation Internationale du Travail
  • Eco-conception des emballages

Bio-cohérence

Le label Bio Cohérence est une certification privée née de l’association Alternative Bio 2009 (qui deviendra Bio Cohérence un an plus tard), en réponse au passage charte du label AB vers la norme européenne, considérée plus laxiste. Parmi les fondateurs de ce label, on retrouve la chaîne de magasins spécialisée Biocoop ainsi que l’association Demeter du label précédemment cité, parmi d’autres grands acteurs de l’industrie du bio.

Au même titre que Demeter d’ailleurs, Bio Cohérence a pour vocation de compléter le label officiel avec des mesures plus strictes et un spectre d’action élargi aux dimensions éthiques, sociales et environnementales.

De ce fait, la charte de Bio Cohérence s’articule autour de 3 axes principaux : les objectifs écologiques, les objectifs sociaux et humanistes, et les objectifs économiques.

On y retrouve les grandes lignes suivantes :

  • Privilégier une agriculture globale (production végétale et animale) et saisonnière plutôt qu’une agriculture intensive et spécialisée. Par exemple, pas de cultures de contre-saison ni serres chauffées
  • Aucune coexistence entre le bio et le non-bio sur une même structure, ainsi que 100% d’ingrédients bio dans les produits transformés.
  • Aucun OGM
  • Limitation de la taille des élevages
  • Préservation de la biodiversité, agricole et sauvage. Ceci passe par des mesures d’adaptation des structures au paysage, par la sauvegarde des écosystèmes : 10% de la surface agricole globale doit être allouée au maintien de surfaces dites d’intérêt écologique.
  • Transparence et garanties sur les conditions de production ou de transformation

Enfin, Bio Cohérence se démarque par le caractère local de sa démarche. Par exemple, la certification nécessite une fabrication 100% française, et une origine 100% française des ingrédients d’un produit alimentaire.

Nature & Progrès

Créée en 1964, l’association Nature & Progrès, dont les membres sont professionnels ou simples consommateurs, est l’instigatrice de nombreuses initiatives (salons, revue papier, certification) visant à populariser l’agro-écologie paysanne. Au sein de ce projet, le label N&P vise à promouvoir une agriculture biologique respectueuse des écosystèmes via un cahier des charges plus strict que la norme européenne, encore une fois jugée trop permissive.

Le projet Nature & Progrès ayant un champ d’action large, les produits concernés vont des produits agricoles bruts aux produits alimentaires transformés, et aussi aux cosmétiques. D’autres parts, les normes du cahier des charges visent l’entièreté des structures de production (fermes, entreprises), et non pas seulement les produits. Ceci assure un respect des valeurs de l’association tout au long de la chaîne de production, et donc un réel engagement de conviction de la part des adhérents.

Parmi les points importants de la charte N&P, on retrouve les points suivant, assez similaires à ceux des labels indépendant précédemment cités :

  • Interdiction de l’utilisation de pesticides chimiques de synthèse, d’engrais chimiques et d’organismes génétiquement modifiés.
  • Favoriser des pratiques telles que la rotation des cultures, le compostage et l’utilisation d’amendements organiques afin d’assurer la fertilité des sols
  • Interdiction de l’élevage intensif et de l’utilisation des hormones de croissance
  • Développement des polycultures voire des polycultures-élevage, afin de limiter l’épuisement des sols et le développement des maladies
  • Respect de l’intégrité et des besoins physiques des animaux : libre accès au plein air et pâturages, espace suffisant, encadrement des interventions sur l’animal…

Autres labels bio indépendants

En ce qui concerne les certifications relatives à l’agriculture biologique, on peut donc remarquer que les labels publics représentent une base de travail pour s’engager vers une agriculture plus durable, mais les labels indépendants semblent souvent aller plus loin dans la démarche, et présentent des critères plus exigeants vis-à-vis de leurs adhérents. Vous pouvez ainsi vous fier à la norme européenne pour l’achat un produit bio, mais si la valeur ajoutée du bio a une réelle importance pour vous, n’hésitez pas à rechercher parmi les autres noms présentés.

À noter néanmoins que ces derniers peuvent être plus difficiles à trouver dans la grande distribution. Auquel cas, nous vous conseillons de regarder du côté des magasins spécialisés, comme la coopérative Biocoop ou Naturalia.

Les labels Commerce Équitable

Le marché de l’agro-alimentaire durable aujourd’hui ne se limite plus à la seule agriculture biologique. De nombreuses entreprises choisissent de mettre en avant d’autres facettes éthiques de leur chaîne de valeur. Parmi elles, le commerce équitable (fair trade en anglais) est sûrement l’argument de vente le plus présent au sein des rayons de nos supermarchés. Ici aussi, chaque label applique sa propre charte, mais tous se regroupent autour de valeurs communes :

  • La juste rémunération des producteurs : protéger le travail des petits producteurs, en France comme à l’étranger, avec un prix d’achat supérieur au prix de marché.
  • Le contrôle des conditions de travail : s’assurer que tous les acteurs de la chaîne, du producteur au distributeur en passant par l’importateur ou le fabricant, respectent les normes internationales du travail et le droit des travailleurs.
  • La défense des territoires ruraux et des pratiques agricoles : encourager les mesures de sauvegarde des écosystèmes, et inciter à une agriculture diversifiée et plus respectueuse de l’environnement, se rapprochant au plus près de l’agriculture biologique..

Ici aussi, nous avons listé les principaux labels équitables, auxquels vous pouvez le plus souvent vous fier.

Fair For Life

Créé en 2006, ce label garantit un respect des valeurs du commerce équitable durant toute la chaîne d’approvisionnement (production, transformation, commercialisation). Évoluant sur un spectre très large, il permet de certifier tout type de produit, alimentaire ou non : cosmétique, textile,…etc.

Il appartient aujourd’hui au groupe Ecocert, spécialiste de la certification biologique et durable, et qui bénéficie d’une bonne réputation en temps que tierce partie. À noter d’ailleurs que Ecocert propose aussi ses propres labels, plus ciblés sur différents corps de métiers.

FairTrade / Max Havelaar

Si vous achetez des produits comme du chocolat ou du café, vous avez sûrement déjà vu ce logo quelque part. En effet, le label commerce équitable Max Havelaar lancé en 1988 aux Pays-Bas, est sans doute l’un des plus connus sur le marché.

Mais attention : ce label se décline en plusieurs variantes, dont certaines font parfois débat sur leur niveau d’exigence. Le logo traditionnel concerne les mono-produits ou produits composés seulement s’ils sont issus à 100% du commerce équitable, et respecte donc un cahier des charges exigeant.

Néanmoins, ce même logo simplement accompagné d’une flèche signifie que le produit est composé d’ingrédients issus du commerce équitable. Mais la part des ingrédients nécessaires pour obtenir le label n’est que de 20%.

Plus ambigu encore, le label se décline dans une version blanche, proche du logo initial, qui porte le nom de Fairtrade Sourcing Program (FSP). Un programme où un produit peut être labellisé avec seulement 1 ingrédient issu du commerce équitable. Le label mentionne alors le nom de l’ingrédient (ex: cacao) mais aucune contrainte de proportion n’est demandée aux entreprises. En résumé, un produit utilisant 1% d’un ingrédient issu du FSP pourrait être labellisé Max Havelaar.

Ce dernier système, qui ouvre les donc les portes d’une certification à des multinationales potentiellement éloignées des standards et objectifs du commerce équitable, a récemment écorné l’image du label dans les médias.

Bio équitable en France

Récemment créé en Février 2020, Bio Equitable en France est un label hybride qui s’adresse à des producteurs déjà certifiés Agriculture Biologique. Né de la fusion de plusieurs groupements de producteurs, de la chaîne Biocoop ainsi que de la marque Ethiquable, le label nécessite une part minimale de 50% d’ingrédients remplissant les critères de la charte pour certifier le produit. Le reste des ingrédients doit, lui aussi, privilégier le commerce équitable : dès lors qu’un ingrédient équitable est disponible (certifié avec d’autres labels), son alternative non équitable ne pourra pas être utilisée. Une démarche exigeante donc, qui pousse les adhérents plus loins dans leur engagement.

Biopartenaire

Créée en 2002, l’association Biopartenaire regroupe parmi ses adhérents tous les types d’acteurs de la chaîne de valeur : producteurs, fabricants, importateurs, magasins et syndicats professionnels. Ce fut le premier label à additionner le cahier des charges de l’agriculture biologique à celui d’un commerce équitable.

Le label Biopartenaire, au même titre que le précédent, s’adresse donc aux entreprises déjà certifiées Agriculture Biologique. Son cahier des charges est aussi similaire puisqu’il garantit un minimum de 50% d’ingrédients équitables dans la composition du produit.

Symbole des Producteurs Paysans

Le label SPP (Symbole des producteurs paysans), créé en 2011 par un groupement de producteurs d’Amérique latine (la CLAC), est un label de commerce équitable qui défend principalement les familles de produits issues des exploitations agricoles d’Amérique du Sud et pays en voie de développement (café, cacao, banane, sucre…). Il défend notemment le droit des petits producteurs, les territoires ruraux et la diversification de la production agricole en remplacement des monocultures. Il est représenté en France par 6 entreprises, dont Biocoop, chaîne décidément très engagée dans les processus de certification des produits qu’elle commercialise.

Pour aller plus loin

Vous avez maintenant une idée des principaux labels Bio et équitables. Mais il existe encore une multitude d’autres certifications qui prônent des processus durables, et ce sur des corps de métiers très variés. Nous pourrions citer par exemple MSC pour la pêche, PEFC pour la filière bois ou encore GOTS pour l’industrie textile. Ce sont des exemples parmi tant d’autres que vous pourriez retrouver sur un emballage lors de vos courses. Soyez donc vigilants : tous les labels ne se valent pas, et le meilleur moyen d’éviter le Greenwashing, c’est de s’informer !

FAQ

À quoi servent les labels bio et comment sont-ils délivrés ?

Un label bio identifie un produit conforme à des normes spécifiques définies dans un cahier des charges. Il peut être public (gouvernement) ou privé (organisations indépendantes). Le produit est évalué et contrôlé pour obtenir le label.

Quels sont les labels bio publics les plus fiables en France ?

Les labels publics les plus fiables en France sont l’Agriculture Biologique (AB) et l’Eurofeuille. Ils garantissent au moins 95% d’ingrédients biologiques, pas de produits chimiques de synthèse et pas d’OGM.

Quels sont les labels bio indépendants les plus exigeants ?

Les labels indépendants les plus exigeants sont Demeter, Bio Cohérence et Nature & Progrès. Ils promeuvent une agriculture biologique durable, sans pesticides chimiques ni OGM, avec un respect de la biodiversité et des conditions de travail équitables.

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