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La pollution numérique : un prochain enjeu écologique majeur

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Publié le

Par Bioaddict

73% des Français indiquent ne pas connaître l'" écologie digitale ". C'est pourtant un enjeu majeur du monde de demain puisque 16% de la consommation électrique mondiale est aujourd'hui engendrée par le digital et qu'elle aura augmentée de 50% en 2020.

Un enjeu méconnu

Le Cabinet d’études et conseil Occurrence vient de publier les résultats d’une enquête d’opinion pour la start-up Digital for the Planet visant à promouvoir « l’écologie digitale ». L’écologie digitale ? mais qu’est-ce que c’est ? Justement, 73% des Français indiquent ne pas connaître ce qu’elle implique.

Les principaux enseignements de cette étude sont les suivants :

Si 73% déclarent ne pas savoir ce qu’est l’écologie digitale et ils sont pourtant 90% à en avoir une bonne opinion lorsqu’ils en apprennent la définition :  » L’écologie digitale est la discipline qui étudie l’impact environnemental des différents écosystèmes reliant l’humain et le digital dans le but d’en limiter les effets nuisibles pour l’environnement. « 

Intuitivement, ils sont pourtant 76% à considérer que les activités digitales (Internet, téléphonie…) produisent aujourd’hui dans le monde autant ou plus de CO2 que le secteur aéronautique !

Seulement 1 Français sur 4 estime que les entreprises en France se sont déjà saisies du sujet alors qu’ils sont 80% à indiquer, en tant que consommateur, qu’ils seraient plus fidèles à une marque si celle-ci prenait des engagements forts pour lutter contre sa pollution digitale.

Et 2 Français sur 3 valide le credo de l’ONG Digital For The Planet selon lequel  » l’écologie digitale est un indicateur de bonne santé économique  » !

Enfin, les Français sont 77% à considérer que le gouvernement français devrait faire de l’écologie digitale une priorité stratégique pour que la France devienne en cinq ans le champion international de cette discipline !

Pour Inès Leonarduzzi, CEO de Digital For The Planet, l’effort de pédagogie à réaliser est énorme pour mettre en mouvement une véritable stratégie d’écologie digitale :  » Pour faire du digital, il faut d’abord faire de l’industrie. On a gagné en pouvoir d’achat ces vingt dernières années, mais perdu en savoir d’achat ; notamment en ce qui concerne le digital. Quand on interagit sur un réseau social ou qu’on achète de l’espace de stockage en cloud, on ne nous dit pas ce que ça coûte réellement à la planète.  » Et cette étude montre combien les Français, bien que pas encore aguerris au concept d’écologie digitale, y sont pourtant majoritairement attentifs.  » Les politiques et les entreprises doivent impérativement se saisir de l’écologie digitale s’ils ne veulent qu’elle les rattrape !  » commente Assaël Adary, président du Cabinet Occurrence.

Un enjeu majeur

Selon une étude réalisée par le WWF, un salarié au travail devant un ordinateur représente chaque jour la consommation électrique de 80 ampoules, et de 9km de circulation en voiture en termes d’émission de gaz à effet de serre*.

Mais comment réduire l’empreinte écologique du digital ? « Les impacts liés à la fabrication sont surtout concentrés dans la fabrication des équipements des utilisateurs et des objets connectés. La consommation d’énergie est surtout liée au fonctionnement 24 heures sur 24 et 365 jours par an du réseau et des centres de données » explique Frédéric Bordage sur GreenIT.fr.

Comment agir en tant qu’internaute pour réduire l’empreinte environnementale du web ?

– en allongeant la durée de vie des équipements. « Comme c’est la fabrication des équipements des internautes et des objets connectés qui concentre le plus d’impacts, le geste clé consiste à utiliser le plus longtemps possible les équipements existants. En luttant ainsi contre le phénomène d’obsolescence programmée on réduit les impacts associés à la fabrication de nouveaux équipements » explique-t-il.

– en éteignant sa box et le boîtier TV le soir. Allumés 24 heures sur 24, un box ADSL et le boîtier TV associé consomment de 150 à 300 kWh par an, soit la consommation électrique annuelle de 5 à 10 ordinateurs portables 15 pouces utilisés 8 h par jour ! En éteignant sa box le soir, on peut facilement économiser 65 à 130 kWh, soit 8 à 16 euros et 650 à 1 300 litres d’eau.

– en limitant l’usage du cloud au strict nécessaire. « Le stockage en ligne de ses e-mails, photos, vidéos, musiques, et autres documents impose des allers-retours incessants entre le terminal de l’utilisateur et les serveurs. Or, transporter une donnée sur l’internet consomme 2 fois plus d’énergie que de la stocker pendant 1 an. Il faut donc favoriser au maximum le stockage et l’usage local de ses données ».

– en arrêtant de regarder la télévision via l’internet. « La vidéo en ligne représente plus de 60 % du trafic internet. Regarder une émission en streaming HD via sa box ADSL émet autant de gaz à effet de serre que de fabriquer, transporter et lire un DVD ! »

– en alimentant son lieu de vie avec de l’énergie renouvelable (éolien, hydraulique, solaire, biomasse) proposée par des fournisseurs d’énergie comme Enercoop.

La nécessité de favoriser l’éco-conception des sites web

Si les internautes ont un rôle à jouer, les sociétés et développeurs de sites internet aussi peuvent agir. « Avec certains sites web consommant 700 fois plus de bande passante que d’autres pour délivrer le même service, on comprend mieux l’importance de concevoir des services numériques plus sobres. La démarche d’écoconception web consiste à mettre en place des bonnes pratiques afin de réduire l’impact environnemental et de réduire les coûts en faisant plus avec moins. » explique ainsi Philippe Oberlé dans un article de www.green-economy.fr. Pour y arriver, un guide pratique « Eco-conception web : les 115 bonnes pratiques » destiné aux concepteurs et aux développeurs de sites web a été réalisé.

En attendant que les bonnes pratiques se répandent sur la toile, l’outil Ecoindex.fr permet d’évaluer la performance environnementale des sites web que vous consultez.

 » Le digital grandit et représente une réelle opportunité de développement de solutions concrètes pour réduire l’empreinte écologique. Cependant, si les défis environnementaux liés à ce développement dont la fabrication et la gestion des outils ne sont pas pris en compte ou mal traités, nous nous exposons à une augmentation considérable de notre empreinte et leurs conséquences, parmi lesquelles la dégradation des écosystèmes, l’épuisement de nos ressources et l’augmentation du réchauffement climatique  » explique Aurélie Pontal, responsable partenariats WWF. L’ère de « l’écologie digitale » commence maintenant.

Mathilde Emery

* lire l’article « Secteur IT : Minimalisme et Low Tech pour réduire l’empreinte écologique » sur le site www.green-economy.fr

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