Les critiques ont souvent affirmé que l’agriculture biologique nécessite beaucoup plus de terres que l’agriculture « chimique » conventionnelle pour produire la même quantité de nourriture. Faux, selon des chercheurs de l’Université de l’Etat de Washington. Ils ont examiné 40 ans d’études scientifiques comparant l’agriculture biologique et conventionnelle. Leurs travaux ont été publiés en Février dans le revue Nature plants. Leur conclusion : l’agriculture biologique a de bons rendements, parfois supérieurs à ceux de l’agriculture conventionnelle.
» En conditions de sécheresse sévère, qui sont amenées à se développer avec le changement climatique, ces cultures peuvent offrir de hauts rendements car les sols conduits en agriculture biologique ont une plus grande capacité à retenir l’eau « , explique notamment John Reganold, professeur en science des sols et agroécologie, co-auteur de l’étude.
De grandes qualités environnementales
Point positif : les producteurs bio s’en sortent mieux que les autres sur le plan économique car les consommateurs sont prêts à payer plus cher pour les services que rendent ces cultures aux écosystèmes, à l’environnement et pour les coûts externalisés évités. Et plus important encore, ils ne se mettent pas en danger en la pratiquant.
Les qualités environnementales de l’agriculture biologiques sont nombreuses, rappellent les chercheurs : elle stocke du carbone dans les sols, elle les garde productifs et elle évite leur érosion. Elle pollue pas ou peu la terre et l’eau, émet moins de gaz à effet de serre et elle est plus efficace sur le plan énergétique car elle ne dépend ni des engrais chimiques ni des pesticides. Elle favorise la biodiversité des plantes, animaux, insectes et microbes. Cette biodiversité augmente les services que rend la nature comme la pollinisation et grâce à elle, les systèmes de production sont plus adaptables.
Les deux auteurs du rapport, John Reganold et Jonathan Watcher, doctorant, recommandent de lever les freins au développement de cette agriculture, qui sont les coûts de la conversion, les difficultés d’accès au marché, le manque d’infrastructures, de stockage et de transport appropriés. Pour cela, les Etats doivent se doter d’outils légaux et financiers.
Anne-Françoise Roger
* Lire le Rapport du Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter