Ce 29 septembre 2015, l’UFC Que Choisir a publié le résultat de l’enquête de l’association de protection des animaux L214 dans son numéro d’octobre. On y découvre qu’un oeuf provenant du même élevage tamponné 3 (mode d’élevage – ici élevage en cage) FR (pays producteur, ici France) KBG (identification de l’élevage) 01 (numéro du bâtiment de ponte) est vendu à Bourges sous la marque « Matines » à 0.30€ et est aussi vendu le même jour à Saint Raphaël mais en « 1er prix-Top Budget » à 0.18€. L’enquête montre également qu’un oeuf provenant d’un même élevage tamponné 3 FR TCD 01 est vendu 0.26€ sous la marque « Oeufs de nos villages-nos éleveurs ont du talent » à Nantes alors que la veille, il a été vendu à Brest mais dans une boîte 1er prix à 0.12€.
Ainsi, selon cette enquête, ce n’est pas la qualité mais la boîte qui fait le prix de l’oeuf.
« Notre enquête montre que des oeufs de batterie pondus dans un même élevage peuvent être vendus à des prix allant du simple au double. Les filières et distributeurs abusent d’astuces marketing pour berner les consommateurs et faire croire à des qualités différentes. Une seule certitude, l’élevage des poules en cages est incompatible avec la reconnaissance de la sensibilité des animaux et les exigences des consommateurs : ce mode d’élevage devrait être interdit » explique Brigitte Gothière, porte-parole de l’association L214.
L’association L214 appelle les consommateurs à la vigilance et précise : « En France, 32 millions de poules pondeuses vivent enfermées dans des cages au sol grillagé sans avoir la possibilité d’en sortir. Elles sont environ 16 par m². Des conditions de vie extrême et difficilement supportable pour ces animaux qui y restent enfermés durant plus d’un an. Les images sur certaines boîtes d’oeufs ne reflètent pas cette réalité mais tente de rassurer les consommateurs par des mentions qui détournent l’attention du mode d’élevage comme par exemple la personnification de marque avec le nom et le visage d’un éleveur. »
84% des français estiment que les oeufs de poules élevées en cage devraient disparaître des rayons (sondage OpinionWay sept. 2014). En France, trois groupes de la grande distribution se sont pour l’instant engagés : Schiever et Colryut ont arrêté de vendre des oeufs provenant de poules élevées en cage en novembre 2014 et Monoprix ne commercialise plus d’oeufs de batterie sous sa propre marque depuis avril 2013.
Plus d’infos sur l’élevage des poules pondeuses sur le site de L214
Comment reconnaître le mode d’élevage des poules en achetant ses oeufs ?
– vérifiez la boîte : la réglementation exige que le mode d’élevage soit mentionné sur l’emballage.
– vérifiez les oeufs : la réglementation exige que chaque oeuf soit identifié. L’oeuf de poule élevée en cage est tamponné 3, l’oeuf de poule élevée au sol dans un bâtiment clos est tamponné 2, l’oeuf de poule élevée en plein air est tamponné 1 et l’oeuf de poule élevée en plein air avec une alimentation bio est tamponné 0.
A noter : Le marquage est non obligatoire pour la vente d’oeufs à la ferme directement du producteur au consommateur.
A savoir : Les oeufs utilisés dans la fabrication de produits alimentaires proviennent le plus souvent de poules élevées en cage (sauf mention contraire sur l’emballage). Attention également aux oeufs en vrac ! Il arrive souvent que les oeufs vendus en vrac soient issus de poules élevées en batterie (code 3), n’oubliez pas de vérifier le code sur l’oeuf.
Le label bio est aujourd’hui le label qui garantit le plus la qualité des oeufs et le respect des animaux.
Que garantit le label bio pour les oeufs ?
Le label bio AB (Agriculture Biologique) garantit que les poules pondeuses sont nourries avec 90% d’aliments issus de l’agriculture biologique, dont 65% de céréales, et sans OGM .
L’alimentation est principalement produite sur la ferme ou provient d’exploitations biologiques de la même région.
Les poules pondeuses sont élevées dans des bâtiments, au sol et non en cage. Elles ne peuvent être plus de 3000 à l’intérieur (1m2 pour 6 bêtes). Elles ont la possibilité de se rendre à l’extérieur (4 m2 par animal). La lumière artificielle est autorisée pendant 16 heures au maximum et est coupée durant huit heures.
Les vitamines de synthèse identiques aux vitamines naturelles sont autorisées, mais pas les acides aminés. Les médicaments vétérinaires allopathiques chimiques de synthèse ou d’antibiotiques à des fins de traitement préventif sont interdits. L’homéopathie, les extraits de plante et les oligo-éléments sont en outre recommandés pour soigner les pondeuses. Les poules sont vaccinées et reçoivent des traitements antiparasitaires. Le coupage de bec est autorisé s’il vise à améliorer la santé, le bien-être ou l’hygiène des animaux.
Mathilde Emery