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Les aliments irradiés sont- ils dangereux pour la santé ?

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Par Bioaddict

L'irradiation des aliments provoquerait une perte d'éléments nutritionnels et serait un facteur de risque de mutagenèse et de cancer.

A quoi sert l’irradiation ?

L’irradiation des aliments, appelée officiellement ionisation, est également nommée  » pasteurisation à froid « . Elle consiste à exposer des denrées alimentaires à l’action de rayonnements ionisants électromagnétiques. Le but : assainir et/ou augmenter leur durée de conservation en réduisant ou éliminant les organismes pathogènes et d’altération (micro-organismes, insectes, rongeurs …). Elle est une alternative à la fumigation chimique dans le cas du cacao, du café , des herbes ou des épices. (source : INRA)

Il existe trois méthodes d’ionisation différentes : Le rayonnement gamma, émis par le cobalt-60 ou le césium-137 (forme d’énergie électromagnétique similaire aux ondes radio, aux micro-ondes ou à la lumière), les rayons X et le faisceau d’électrons.
Un rayonnement ionisant inférieur à 1 kGray (dose absorbée moyenne) élimine les insectes, inhibe la germination et ralentit la maturation (surtout des fruits). De 1 à 7 kGray, les micro-organismes pathogènes (Salmonelle, Staphylocoque, Listéria …) sont éliminés, mais pas les virus ni les spores. Au dessus de 10 kGray, l’ionisation rend les aliments totalement stériles. Les produits à base de viande peuvent alors se conserver plus longtemps d’un point de vue microbiologique.
(source : Pôle Technologique Agro-alimentaire asbl- Newsletter n°8-mai 2006 -Irradiation des aliments)

Les aliments traités par ionisation

La réglementation s’appuie sur la directive 1999/2/CE du 22 février 1999 et son décret de transposition en droit français, le décret n°2001-1097 du 16 novembre 2001 relatif au traitement par ionisation des denrées destinées à l’alimentation de l’homme et de l’animal. Un arrêté en date du 20 août 2002 fixe une liste des catégories de denrées pour lesquelles le traitement ionisant est autorisé.
En France, on trouve comme produits ionisés: les épices, les herbes aromatiques surgelées, les oignons, l’ail, les échalottes, les légumeset fruits secs, flocons et germes de céréales , farine de riz, gomme arabique, viande et abats de volaille, cuisses de grenouilles congelées, sang séché et plasma, blanc d’oeufs , crevettes surgelées ou congelées, décortiquées ou étêtées, caséïne, caséïnates, l’ovabulmine, ces trois derniers produits étant des additifs.

La mention  » traité par ionisation  » ou  » traité par rayonnements ionisants  » est obligatoire sur les emballages des produits ionisés au sein de l’Union Européenne (article 6 de la directive 1999/2/CE).
Néanmoins, les contrôles sont rares, la réglementation n’est pas forcément respectée et les consommateurs français ne peuvent pas vraiment savoir s’ils mangent des aliments irradiés ou pas.

En 2006, dix-huit États membres ont déclaré avoir effectué des contrôles sur des denrées alimentaires mises sur le marché. Trois États membres ont fait savoir à la Commission qu’ils n’avaient pas effectué de contrôles au cours de la période couverte par le présent rapport.
Au total, 6 386 échantillons de denrées alimentaires ont été analysés en 2006. Il est apparu que 3,3 % des produits mis sur le marché avaient été irradiés illégalement et/ou n’étaient pas étiquetés correctement.

En France, six unités sont agréées pour le traitement par ionisation de denrées alimentaires. Plus de 3000 tonnes d’aliments ont été irradiés en 2006. 216 échantillons ont été analysés; 32 échantillons se sont révélés irradiés et étaient incorrectement étiquetés.
(source : Rapport de la Commission sur le traitement des denrées alimentaires par ionisation pour l’année 2006; Journal officiel de l’Union européenne du 06.11.08)

La Commission Européenne attend donc  » des États membres qu’ils continuent à axer les contrôles sur ces produits et qu’ils prennent les mesures appropriées. « 

Quels effets sur la santé ?

 » Grâce à la protection conférée par l’irradiation des aliments, le consommateur peut bénéficier d’une meilleure sécurité alimentaire . Il est attesté que les aliments irradiés sont sûrs et ne contiennent pas de traces de radioactivité », a affirmé Alan Randell, ancien secrétaire de la commission du Codex Alimentarius (instance crée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) qui a pour mission de protéger les consommateurs et de faciliter les échanges internationaux grâce aux normes)
(source : FAO)

Officiellement, et selon les experts des autorités sanitaires internationales (AFSSA – Agence Française de Sécurité des Aliments , OMS – Organisation Mondiale de la Santé, FAO- Food and Agriculture Organization, AIEA – Agence Internationale de l’Energie Atomique), l’ionisation ne comporte aucun risque pour la santé, et n’a pas d’effet négatif supérieur à celui d’autres techniques de conservation, qui produisent également une perte de certaines vitamines (A, B1, B6, B12, C, E, K, PP).

Cependant, si les faibles doses utilisées permettent d’éviter que les produits irradiés deviennent radioactifs , elles entraînent néanmoins une modification de la structure moléculaire des cellules de ces produits.

 » Dans la matière vivante, les radiations ionisantes provoquent la rupture de la chaîne d’acide désoxyribonucléique (ADN) ou du brin de l’acide ribonucléique (ARN), induisant la destruction des bactéries, levures, moisissures, champignons mais également celle des virus en empêchant leur multiplication.  » Traitement des denrées alimentaires par rayonnements ionisants  » par Michel Gominet, Directeur Recherche et Développement, IONISOS (prestataire de services pour le traitement par rayonnements ionisants) 2001

Cela se traduit à l’échelle cellulaire par des dysfonctionnements métaboliques plus ou moins graves, pouvant entraîner, soit la mort pure et simple de la cellule, soit la perte de sa capacité de réplication et donc sa mort différée, soit l’apparition de cellules mutantes selon les fonds documentaire de l’INIST/CNRS (Institut de l’information scientifique et technique/Centre national de la recherche scientifique).

L’ionisation modifie donc l’ADN des cellules de l’aliment entraînant leur destruction… L’organisme vivant irradié et proposé au consommateur devient alors un  » aliment mort  » sur le plan biologique.

L’irradiation des aliments transforme une partie des acides gras en alkylcyclobutanones, un composé qui n’existe pas dans la nature. Ces nouvelles molécules, les cyclobutanones, induisent des effets génotoxiques et cytotoxiques sur les animaux. En 2002, des chercheurs franco-allemands ont fait des analyses sur des rats, dont le génome ressemble à 99% à celui de l’homme. Ils ont montré que ces  » composés peuvent être considérés comme des promoteurs dans le processus de la cancérogenèse intestinale « . Une thèse que reprend le Criirad (Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité) pour qui l’ionisation provoquerait la formation de radicaux libres, dont certains pourraient avoir un effet nocif sur les chromosomes ou s’avérer cancérogènes.
Une association de consommateur américaine, Public citizen, cite d’autres effets négatifs : malformations, morts prématurées…

Pour la revue médicale  » Prescrire « ,  » des inconnues subsistent sur les effets à long terme d’une consommation à grande échelle d’aliments irradiés « .
 » L’irradiation des aliments. Deuxième partie : L’évaluation des bénéfices et des risques de l’irradiation des aliments.  » ; La Revue Prescrire Juillet-Août 2006, Tome 26, N°274.

Des produits bio irradiés ?

Le cahier des charges de l’agriculture biologique interdit toute irradiation des aliments ou des semences.  » Le traitement des denrées alimentaires ou des aliments pour animaux biologiques ou de matières premières utilisées dans les denrées alimentaires ou dans les aliments pour animaux biologiques par rayonnements ionisants est interdit. « 
Règlement européen 834/2007du 28 juin 2007 (article 10)

Emilie Villeneuve

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