Les algues : une matière première aux nombreux usages
Les algues dans l’industrie alimentaire
Au-delà des algues en tartare, en salade ou en makis, tendance forte venue du Japon, il existe bien d’autres manières d’utiliser les algues en alimentation…
Saviez-vous que les algues constituent 40% des gélifiants du marché, loin devant la gélatine d’origine animale (16%) ? Ces algues gélifiantes sont les carraghénanes, l’agar-agar et les alginates. On les retrouve par exemple dans les yaourts, certaines crèmes desserts, et même -plus original- sur les tranches de pommes sur les tartes industrielles (qui sont reconstituées pour qu’elles fassent toutes la même taille), les poivrons pour farcir les olives et bien d’autres préparations.
Les algues sont également de plus en plus consommées sous forme de compléments alimentaires pour leurs bienfaits pour le microbiote. Sans oublier les microalgues telles que la spiruline ou la chlorelle.
Et les algues sont de plus en plus utilisées en alimentation animale pour leur forte teneur en prébiotiques et leur richesse en fibres.
Les algues pour remplacer le plastique ?
Depuis une dizaine d’années, l’industrie s’intéresse aux produits pouvant se substituer au pétrole pour la production de matières plastiques. Par exemple, l’Algoblend, matériau composé à 50 % d’algues et 50 % de plastique et l’Algopack, composé à 100 % d’algues, sont proposés par la société bretonne Algopack. Si ces matériaux ne sont pas encore aussi élaborés ni performants que des plastiques (ce n’est qu’une question de temps), ils ont l’immense avantage d’être biodégradables en 12 semaines et de servir de fertilisant, car après tout c’est un des plus anciens usages des algues !
Les algues en cosmétique
L’industrie cosmétique est la deuxième utilisatrice d’algues aujourd’hui.
Riches en minéraux et en vitamines, les algues ont de nombreuses propriétés intéressantes pour notre épiderme… Ainsi, les algues vertes sont utilisées pour leurs propriétés hydratantes et leur richesse en magnésium, certaines algues rouges riches en vitamines A, B12 et en polysaccharides agissent sur la microcirculation et apportent un effet drainant et un meilleur teint, les algues bleues aident à lutter contre le vieillissement cutané, quant aux algues brunes, elles ont des vertus reminéralisantes, hydratantes, régénérantes et émollientes.
Si vous ouvrez votre placard de salle de bains, il y a fort à parier que vous trouviez des algues dans bon nombre de vos produits !
Les algues ? Je ne peux plus les voir en peinture…
Certaines algues vertes comme la laitue de mer produisent de l’acide acrylique, une molécule aux pouvoirs liants, utilisée pour la fabrication de plastiques, vernis, peintures et colles. Or cette molécule est aujourd’hui fabriquée à partir du pétrole ! Certaines entreprises ont ainsi commencé à utiliser les algues pour fabriquer de la peinture. Les peintures bretonnes Algo permettent ainsi de peindre tout en respectant l’environnement.
Toujours en peinture, certains résidus d’algues jouent également un rôle d’opacifiant, ce qui permet de remplacer les nanoparticules comme le dioxyde de titane.
C’est fou tout ce qu’on peut faire avec les algues…
On peut également utiliser des résidus de microalgues comme liant à mélanger au gravier et au sable pour fabriquer du bitume.
L’industrie pharmaceutique utilise les algues à la fois comme excipient, additif et principe actif. Les algues auraient de nombreuses vertus : éviter la décalcification, traiter certaines maladies de l’oesophage, et même lutter contre la dépression… Et la fucoxanthine, présente dans les algues brunes, pourrait limiter la croissance des cellules cancéreuses et la phycoérythrine des algues rouges serait susceptible de traiter des maladies dégénératives et d’améliorer le traitement de certains cancers.
Les algues ont ainsi beaucoup à offrir dans de nombreuses industries et sont une ressource d’avenir.
Christophe Duhamel, co-fondateur de Marmiton et auteur du
livre « Rien n’est interdit » aux éditions playbac
Que garantit le label bio pour les algues ?
Si les algues peuvent évoluer dans différents milieux, c’est en milieu marin aquatique qu’elles sont récoltées et cultivées pour une utilisation alimentaire. De ce fait la qualité de l’eau dans laquelle elles se développent est primordiale pour garantir un produit parfaitement naturel et sain.
Cependant, garantir une bonne qualité d’eau n’est pas toujours évident, notamment pour la mer qui est un milieu très fragile et altérable par la présence de l’homme. Le dérèglement climatique, la pollution plastique et micro-plastique, le transport maritime, les marées noires ou la prolifération d’espèces invasives dues à l’activité humaine sont autant de menaces qui pèsent sur les océans et sur la qualité de l’eau dans laquelle se développent nos végétaux marins.
Comment des produits aux algues peuvent être bio ? Qu’est-ce qu’une algue bio ? Comment et pourquoi peut-on certifier des algues comme « bio » et d’autres non ?
La marque Bord à Bord (société Algue Service), spécialiste des algues, est basée à Roscoff en Bretagne sur un des plus grands champs d’algues d’Europe. Elle nous explique tout :
Que garantit le label bio pour les algues ?
Il n’y a pas de différence entre le label Bio français (AB) et européen (feuille) pour les algues. Les principaux critères retenus pour ces labels sont la qualité de l’eau, la gestion durable de la ressource et le procédé de transformation. Un label bio pour les algues reconnaît donc une zone de récolte de bon ou très bon état écologique et chimique.
Même si les algues ont toujours été considérées comme des produits d’origine agricole, c’est seulement depuis 2011 que leur certification biologique européenne est faisable. Les algues marines bio peuvent être soit récoltées soit cultivées. Les deux types d’approvisionnement comportent des exigences similaires pour prétendre au label bio.
Le label bio garantit la bonne pratique de la récolte, c’est à dire une pêche durable dans le respect de la ressource. Pour une activité qui dépasse les 20 tonnes par an, une évaluation environnementale est demandée. Elle concerne plus particulièrement la culture et a pour objectif d’évaluer l’incidence de l’exploitation sur l’environnement. L’algoculture est un type de culture avec un impact environnemental positif car elle permet de capter énormément de Co2, elle est également un excellent substitut à la récolte des variétés sauvages pour éviter toute surpêche mettant en danger le renouvellement naturel des algues.
Des consignes simples et efficaces permettent une récolte durable et responsable des variétés d’algues par les pêcheurs à pied en zone Bio (Voir le guide des bonnes pratiques pour la récolte d’algues).
Comment être sûr de la qualité de l’eau et de la production ?
À Roscoff nous avons la chance de travailler avec la Station Biologique du CNRS dont l’une des missions est d’étudier et surveiller la qualité de l’eau marine dans secteur de l’ile de Batz. À échelle régionale, c’est l’IFREMER qui contrôle la qualité des eaux bretonnes pour préserver au mieux l’environnement marin. Les algues sont une fabuleuse ressource naturelle et nous devons préserver de manière durable et responsable leur environnement. C’est tout l’objectif du label bio des algues !
En Bretagne, la Chambre Syndicale des Algues, en association avec le Parc Marin d’Iroise a fait réaliser un carroyage des côtes bretonnes permettant aux récoltants de localiser précisément leurs lieux de récolte.
Les zones de production doivent être de » Haute Qualité Écologique « , telle que définie par la Directive Cadre sur l’Eau (DCE). C’est-à-dire qu’elles doivent tenir compte de l’état chimique et écologique de l’eau : pas de contamination, conditions sanitaires garanties. Le label bio requiert également un traitement des algues à l’eau de mer et une conservation au sel non traité, sans additif.
Pour retrouver plus d’informations sur les algues bio, et découvrir des recettes pour les cuisiner, rendez-vous sur le site www.bord-a-bord.fr.