Bien que l’écart de prix entre les produits bio et les autres aliments soit désormais plus faible qu’il y a quelques années, cela ne semble pas aider la filière bio à séduire davantage les consommateurs.
Le désintérêt pour les produits bio peut notamment s’expliquer par la croissance de l’inflation mais également par l’intérêt des consommateurs pour les produits locaux.
Un écart de prix entre l’agriculture biologique et conventionnelle en baisse depuis 2022
D’après une étude réalisée par FranceAgriMer sur la consommation alimentaire des Français avec l’inflation, l’écart de prix entre les produits issus de l’agriculture biologique et ceux issus de l’agriculture conventionnelle est de moins en moins important depuis 2022. L’étude a notamment démontré que 56% des Français préfèrent se tourner vers des produits locaux et de bonne qualité plutôt que vers des produits bio, ce qui est expliqué par la provenance des aliments bio, qui n’est pas forcément locale. C’est pourquoi, environ 64% des consommateurs du bio prêtent une attention particulière à l’origine du produit avant de le choisir. Suite à un sondage auprès des consommateurs, une étude effectuée par Circana a révélé que 46% des consommateurs interrogés souhaitaient avoir plus de choix concernant les produits locaux, alors que seulement 30% de la population partageaient son souhait de bénéficier d’une plus grande variété de produits bio en magasin. La préférence pour les produits locaux depuis plusieurs années peut alors être l’une des raisons expliquant le recul important du marché de la bio en 2022.
Une baisse du pouvoir d’achat due à l’inflation
Avec l’inflation, les consommateurs ont davantage tendance à prendre en compte le prix des aliments lorsqu’ils font leurs courses. Avec des prix 20 à 30% plus élevés pour les produits bio que ceux du marché alimentaire global, les consommateurs freinent à se tourner vers l’agriculture biologique du fait des prix perçus comme “exorbitants” pour certains. En effet, dans les rayons bio, un paquet de pâtes peut coûter jusqu’à deux fois plus cher qu’un paquet de pâtes classique ou d’une marque nationale. Après la crise de la Covid-19, de nombreuses ouvertures de magasins bio ont également vu le jour, pour trop peu de consommateurs, ce qui a renforcé l’impact de l’inflation sur l’agriculture bio. La baisse de l’écart des prix entre l’agriculture conventionnelle et biologique donnerait alors l’espoir d’un impact positif de l’inflation sur la consommation de produits bio à long terme du fait d’une agriculture préservant à la fois la santé et l’environnement. Néanmoins, cela n’empêche pas le panier moyen des consommateurs bio d’avoir connu une augmentation s’élevant seulement à 5% en 2023.
Un intérêt développé pour les produits locaux
Bien que l’on puisse croire que les consommateurs seraient davantage attirés par d’autres labels que celui encadrant les produits bio, cela n’est pas forcément le cas. En effet, comme nous l’énumérions, les consommateurs semblent plutôt s’intéresser à la provenance des produits et s’assurent de choisir des produits locaux afin de limiter l’exportation et de savoir avec exactitude ce qu’ils mettent dans leur assiette. Même si en 2021, le désintérêt pour le bio semblait s’expliquer par la présence d’autres labels sur le marché, comme le “sans résidus de pesticides”, la forte concurrence n’aurait pourtant pas autant d’impact sur la baisse de l’attractivité pour les produits bio. Malgré la hausse des prix due à l’inflation, les produits bio, eux, ne devraient pourtant pas être impactés du fait que l’inflation touche principalement les produits conventionnels. En effet, ce sont les coûts des engrais et pesticides utilisés pour la production des produits conventionnels qui expliquent l’augmentation de leur prix. À long terme, l’agriculture bio devrait alors être plus sereine puisque les prix de ses produits resteront fixes quand ceux des produits issus de l’agriculture conventionnelle continueront de croître.