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Obsolescence programmée : définition, conséquences et solutions

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Publié le

Par Bioaddict

L’obsolescence programmée des objets du quotidien est un véritable désastre écologique. On vous en dit plus sur les produits concernés, les conséquences environnementales, et les solutions pour lutter.

Chaque année en France, ce sont environ 40 millions de biens qui tombent en panne et ne seront jamais réparés. Les conséquences directes de ce constat sont une augmentation de nos déchets, notamment électriques ou électroniques, sources de pollution pour la planète et les êtres vivants.

La cause ? L’obsolescence programmée des appareils, mais aussi de nombreux produits du quotidien. Entre l’épuisement des ressources, le réchauffement climatique, ou les inégalités sociales qui se creusent encore, il est essentiel de s’informer afin de consommer de façon durable et raisonnée.

Qu’est-ce que l’obsolescence programmée ?

Le concept d’obsolescence programmée apparaît pour la toute première fois dans les années 1760, au moment de la révolution industrielle. Il s’agit de limiter la durée de vie des machines d’usine de façon volontaire et réfléchie, afin de pouvoir ensuite les remplacer par d’autres appareils de plus en plus performants et productifs. C’est donc une course perpétuelle au progrès technique qui s’engage dans le secteur de la production, avant de s’étendre au domaine de la consommation.

Aux États-Unis, à partir des années 1920, le rythme de production est tel que l’offre est désormais largement supérieure à la demande. Les entreprises commencent alors à mettre en place différentes stratégies pour vendre davantage et pouvoir continuer à produire en masse. Un des premiers exemples à illustrer ce phénomène d’obsolescence programmée fut la mise sur le marché de la Chevrolet. En appliquant des techniques innovantes de marketing qui fonctionnent encore très bien aujourd’hui, le constructeur automobile a réussi à susciter un fort désir de la part des consommateurs grâce à un renouvellement constant et une diversité des modèles proposés, créant ainsi un effet de mode.

Depuis cette époque, l’obsolescence programmée n’a cessé de se propager à l’ensemble des appareils et des produits de consommation. Elle se décline à présent sous quatre formes différentes :

L’obsolescence marketing ou psychologique

L’obsolescence psychologique fait référence à l’évolution rapide des designs et des fonctionnalités de nos appareils. Cela positionne le consommateur dans une situation de frustration face à l’arrivée incessante de produits présentés comme plus performants et à l’esthétique toujours améliorée. Et lorsqu’il s’agit de créer le désir, ces techniques publicitaires pourtant bien connues n’en sont pas pour autant moins efficaces !

Au sein de ce cercle vicieux, il apparaît même que certains aspects de nos appareils pourraient presque devenir honteux, alors que ces derniers fonctionnent encore très bien. Le smartphone en est certainement l’exemple le plus parlant et le plus concret.

L’obsolescence technique ou fonctionnelle

Lorsqu’un appareil tombe en panne et qu’il est impossible de le réparer car les pièces nécessaires n’existent plus, ou que la réparation aurait un coût plus élevé que le rachat d’un produit neuf, il s’agit d’obsolescence technique.

Il arrive également qu’un appareil fonctionne encore mais ne soit plus en mesure de s’adapter aux nouveaux usages induits par des avancées techniques ou des changements de réglementation. La modification des chargeurs universels pour les batteries d’enceintes ou de smartphones en est un bon exemple.

L’obsolescence logicielle

Il arrive que certains de nos appareils électroniques ne soient plus en mesure de réaliser les dernières mises à jour. Ce qui fait que le consommateur aura par exemple une utilisation limitée de son ordinateur ou de sa tablette. Dans cette situation, tout est fait pour que celui-ci finisse par procéder à l’achat d’un modèle plus récent. Dans le cas contraire, il serait alors dans l’impossibilité d’utiliser l’ensemble des fonctionnalités permises par l’appareil.

L’obsolescence des produits jetables

Il est vrai que nous pensons presque seulement aux appareils électriques et électroniques lorsqu’il s’agit d’obsolescence programmée. Néanmoins, cela concerne également beaucoup de produits du quotidien à usage unique et dont les consommateurs n’ont pas forcément conscience, notamment grâce à un discours marketing extrêmement bien construit.

La philosophe Jeanne Guien a longtemps étudié cette notion d’obsolescence et a écrit plusieurs ouvrages très intéressants sur le sujet comme Le consumérisme à travers ses objets ou Une histoire des produits menstruels.

Quelles sont les conséquences de l’obsolescence programmée ?

1. Une extraction intensive des matières premières

La surproduction d’appareils, notamment électroniques, engendre une extraction massive des matières premières qui conduit peu à peu à un épuisement des ressources naturelles de la Terre et de la destruction de ses écosystèmes. À titre d’exemple, la fabrication de batteries (de voitures, smartphones, ordinateurs portables, etc.) provoque la surexploitation de métaux rares, tels que le lithium ou le cobalt par exemple, et dont les effets sont néfastes pour l’être humain et la planète.

Afin de sensibiliser la population, l’ADEME a publié une infographie rendant compte de l’énorme impact dû à la production de matières premières et à la fabrication de composants. Le résultat est sans appel : pour une simple télévision de 30 à 40 pouces, ce sont presque 300 kg de CO2 qui sont rejetés dans l’atmosphère. Un bilan carbone énorme donc, qui prend seulement en compte la première étape du cycle de vie du produit, à laquelle il faudra ensuite ajouter le transport, la transformation et la fabrication, la distribution, l’utilisation du produit en question, puis sa fin de vie (recyclage ou déchet).

2. Un impact direct sur l’environnement

L’obsolescence programmée ne se limite pas seulement aux appareils électroménagers, électroniques ou électriques. Cela s’étend à l’ensemble des secteurs industriels tels que le mobilier, la mode, les jouets, l’automobile, tous les produits jetables, etc. Si la situation écologique est alarmante, c’est en grande partie dû aux gaz à effet de serre émis durant l’intégralité du cycle de vie de chaque produit, de l’extraction des premières ressources nécessaires à la fabrication jusqu’au moment de les jeter.

L’empreinte carbone de l’ensemble de ces objets produits en masse est donc énorme et contribue directement au réchauffement de la planète et aux dérèglements climatiques. Une des solutions pourrait être d’allonger la durée de vie des appareils et de favoriser le recyclage et les articles de seconde main. Selon l’association HOP (Halte à l’Obsolescence Programmée), augmenter la durée de vie d’un produit de 50% pourrait par exemple permettre une réduction de 77 millions de tonnes de CO2 en France chaque année.

3. Une hausse des inégalités sociales

Au cœur d’un système qui encourage à la surconsommation, l’obsolescence programmée concerne aussi particulièrement les plus modestes. Les consommateurs faisant attention à leurs dépenses vont profiter d’appareils moins chers, mais souvent moins durables, qu’il faudra renouveler régulièrement ou qui tomberont plus facilement en panne. En ce sens, l’obsolescence des objets contribue à creuser les inégalités sociales.

De plus, pour produire davantage et à moindre coût, on assiste en parallèle à des phénomènes de délocalisation qui causent des pertes d’emplois, mais aussi d’exploitation de travailleurs dans des conditions parfois extrêmes. La hausse de la pollution de certains territoires a également des effets désastreux sur la biodiversité et la santé des populations alentour. Par exemple, en 2019, 385 000 tonnes de nos déchets plastiques ont été envoyées sur d’autres continents, dont 60 000 en Asie, polluant ainsi des milliers d’hectares pour traiter seulement une partie des déchets à bas prix.

Quelles solutions face à l’obsolescence programmée ?

1. Le délit d’obsolescence programmée

En France, une loi de 2015 vise pour la première fois à interdire l’obsolescence programmée qu’elle décrit comme « l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement ». Or, le problème principal de cette loi réside dans le fait qu’il est quasiment impossible pour le consommateur d’apporter une preuve tangible de ce délit.

Et bien qu’en 2021, la loi sur l’empreinte environnementale du numérique permet à son tour d’éclaircir le délit d’obsolescence programmée, rendant alors son application plus concrète, il reste encore très compliqué d’interpeller aujourd’hui la justice sur un phénomène faisant partie intégrante de notre modèle économique et social.

2. Les associations de consommateurs

Afin d’agir activement contre l’obsolescence programmée, plusieurs associations de consommateurs s’engagent depuis des années pour sensibiliser, informer, mais aussi lutter contre certaines pratiques frauduleuses ou destructrices pour la planète.

Ainsi, des associations telles que l’UFC Que Choisir, ou Halte à l’Obsolescence Programmée s’engagent pour agir et dénoncer certaines manipulations très lucratives de la part d’entreprises. L’organisation HOP a notamment porté plainte contre Apple en 2022 car les pratiques de la marque rendent parfois impossible le reconditionnement ou la réparation de certains appareils.

Mais la lutte contre l’obsolescence programmée passe aussi par les choix de consommation de chaque citoyen. Il est tout à fait possible d’agir à notre échelle pour réduire l’impact environnemental, en optant pour des produits durables et plus équitables, et en s’interrogeant sur notre façon de consommer. L’apparition de nouveaux outils tels que l’Eco-score ou le Planet-score vont d’ailleurs dans ce sens, en apportant davantage d’informations et de transparence sur l’impact écologique des produits.

3. La réparabilité des appareils et le recyclage

Grâce à la loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Economie Circulaire), certains appareils électriques ou électroniques possèdent à présent un indice de réparabilité. Il s’agit d’une note comprise entre 0 et 10 qui informe du degré de réparabilité du produit. Cette initiative mise en place par l’État devrait se développer en 2024 afin d’accompagner les consommateurs vers des produits durables et une réduction des déchets.

Pour rappel, l’ensemble de nos déchets électriques et électroniques doivent être recyclés dans des lieux dédiés. Si vous souhaitez trouver l’endroit le plus proche de chez vous ou si vous avez des doutes sur les produits à recycler, vous pouvez consulter le site Ecologic qui vous fournira toutes les informations nécessaires.

Enfin, sachez qu’un Bonus Réparation existe pour encourager les Français à faire réparer leurs appareils !

FAQ

Quelle est la sanction prévue en cas de délit d’obsolescence programmée ?

La peine encourue en cas de délit avéré d’obsolescence programmée peut être de deux ans d’emprisonnement et 300 000 euros d’amende. De plus, le montant de l’amende peut également s’élever à 5 % du chiffre d’affaires annuel moyen de l’entreprise en question.

Quels appareils sont concernés par l’obsolescence programmée ?

Aujourd’hui, la quasi-totalité des objets du quotidien sont concernés par l’obsolescence programmée. Cela ne concerne pas uniquement les appareils électriques ou électroniques, mais tous les objets du quotidien tels que certains meubles, vêtements, produits d’hygiène, jouets, véhicules, etc.

Quel est l’impact environnemental de l’obsolescence programmée ?

Entre 20 et 50 millions de tonnes de déchets seraient produits dans le monde à cause de l’obsolescence programmée. Provoquant ainsi des conséquences environnementales et sociales désastreuses. Elle représenterait également jusqu’à 20 kg de déchets par Français chaque année.

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